La famille Ayissi (nom d’emprunt) est en lambeaux. Après le décès de Pélagie il y a trois mois, les visages cachés de certains membres de la famille ont enfin été découverts. Au centre des hostilités, des terrains laissés par la défunte. Les assises organisées par M. Ayissi, le chef de cette famille, pour résoudre ce problème ont été un échec. Il revient désormais au tribunal de départager les parties. Cette affaire, qui a été appelée pour la deuxième fois devant le juge du Tribunal de premier degré (TPD) de Yaoundé le 20 octobre 2021, est loin de connaitre une issue.
C’est M. Ayissi, un vieillard de 85 ans environ, qui a du mal à se tenir sur ses deux pieds, qui a saisi le tribunal. Il veut obtenir le jugement d’hérédité de Pélagie sa fille, décédée en août dernier, des suites d’un cancer. Elle a laissé un grand patrimoine, qui aiguise les appétits des uns et des autres. La défunte a eu trois enfants, selon son père. Deux de sexe masculin et une fille qui réside à l’étranger. À l’issu un conseil de famille, ils ont tous été désignés cohéritiers de leur défunte mère. Nina, la fille de la fratrie, a quant à elle, été nommée administratrice des biens successoraux. Tous les membres de la famille et les témoins sont d’accord avec ces résolutions, sauf Albert, l’oncle des enfants. Il s’oppose à ce que ses neveux héritent de sa sœur. Il a, au cours des débats, dénoncé le caractère illégal des actes de naissance de ces derniers, qui pour lui, ne sont pas les descends de Pélagie. «Il y a un problème de faux, de méchanceté et de conspiration dans ce dossier. Je n’ai pas assisté au conseil de famille, et mon avis n’a pas été pris en compte», a-t-il déclaré dès sa première prise de parole.
Complot.
Par le canal de son avocat, Albert a introduit devant la même juridiction deux requêtes. La première est une intervention volontaire, dans laquelle il indique que sa défunte sœur, n’a pas laissé d’enfant comme veut le faire croire son père. Il soutient que les enfants garçons qu’on veut attribuer à Pélagie, sont en réalité les descendants de Monique, une de ses autres sœurs décédées plus tôt. L’administratrice désignée n’est autre que sa petite sœur, qui a été reconnue par M. Ayissi en 2013.
La deuxième requête est une intervention forcée. L’homme en robe noire a demandé au tribunal de faire comparaitre un certain André, qui serait le père biologique de l’un des cohéritiers désignés. Il doit, se présenter devant le tribunal pour dire qui était la mère de son fils. Pour ce qui est des actes de naissance des petits fils de M. Ayissi qui ont été versés au dossier de la procédure, Albert déclare qu’ils sont faux. Il indique en outre que ses neveux se sont fait fabriquer ces documents pour des raisons de la cause, en introduisant le nom de Pélagie à la place de Monique, leur mère. Pour finir, Albert dit ne pas connaitre les personnes qui ont été présentées au tribunal comme témoins. Selon lui, ils ne sont pas de sa famille et cette procédure n’est qu’un complot contre lui.
«Mon client est un rassembleur, un homme intègre. C’est lui qui s’est occupé de la défunte lorsque la famille l’a abandonnée. La partie adverse avait kidnappé cette femme et dressé son acte de décès alors qu’elle était encore vivante. C’est mon client qui l’avait sauvée de ses bourreaux», a confié l’avocat.
Fils prodige
En réaction à ces accusations, Hilary, le grand frère d’Albert a éclairé le tribunal sur les différends qui opposent son frère aux autres membres de la famille. Il a relaté qu’Albert est le fils prodige de la famille. Il a été envoyé en Europe et est rentré bredouille. Père de trois enfants, leur papa lui a donné la gestion de ses maisons en location. Seulement, ce dernier n’a jamais rendu compte de sa gestion à M. Ayissi, qui, lorsqu’il a demandé l’argent des loyers, a reçu des menaces et injures de la part de son fils. Aux dernières nouvelles, ce dernier a déjà vendu les maisons querellées et dilapidé d’autres biens. «Il a convaincu notre père de lui signer une procuration. Alors que papa croyait que c’était un simple document, il avait plutôt signé un document qui le désignait unique héritiers de tous ses biens», a-t-il déclaré. Après la découverte de la supercherie, Albert a été déféré au Sed. Hilary déclare en outre que son cadet a porté main sur lui, ce qui lui a valu une punition. «Les sages ont décidé qu’il ne doit assister à aucun conseil de famille s’il ne verse pas une amende à moi et à notre père. Il pleure parce qu’il n’a plus de pouvoir.» Ce sont ces malentendus qui, selon Hilary, justifient la position d’Albert dans cette procédure.
Pour ce qui est des actes de naissance de leurs neveux, Hilary a déclaré au tribunal que ces documents comportaient une erreur, qui a été corrigée devant le tribunal et au cours d’un procès. Albert, qui les renie aujourd’hui avait comparu en qualité de témoin. Il soutient enfin que les héritiers désignés sont les enfants de Pélagie et non ceux de Monique. «Il y a seulement trois mois que notre sœur est décédée. Mon petit frère a voulu arracher le corps à notre père. Il traumatise ses enfants et les menace tout le temps. Ils sont inconsolables», a-t-il conclu. L’affaire a été renvoyée au 17 novembre 2021 pour la suite des débats.