A deux mois presque jour pour jour de l’Assemblée générale ordinaire élective de l’ordre des avocats inscrits au barreau du Cameroun convoquée pour le 18 juin 2022 à Yaoundé, c’est le branle-bas total dans l’annonce des candidatures aux différents postes à pourvoir. Depuis la convocation, le 21 mars dernier de ce rendez-vous électif, la plupart des avocats sont désormais lancés corps et âme dans la campagne électorale au point où il devient difficile de trouver, dans les palais de justice du pays, un groupuscule de plus de deux avocats qui ne débat pas soit des enjeux des scrutins annoncés, soit des candidatures qu’ils soutiennent ou qu’ils combattent.
Pour la première fois de l’histoire de l’ordre des avocats du barreau du Cameroun, on dénombre de très nombreuses candidatures pour le poste de bâtonnier, la fonction la plus prestigieuse, donc la plus convoitée pour les membres de ce corps d’élite. Au milieu de la semaine écoulée, Kalara a appris de sources concordantes que pas moins de 8 avocats avaient déjà annoncé leur ambition pour cette fonction. Parmi ces candidatures annoncées, on dénombre trois femmes, dont Me Atangana Bikouna Claire, l’actuelle titulaire du poste, qui avait accédé à la fonction suite au décès en poste en octobre 2020 de Me Charles Tchakounte Patie, le bâtonnier désigné lors de la dernière AG élective en novembre 2018 à Douala. Après près presque 18 mois d’un intérim inattendu, Me Atangana Bikouna espère bénéficier d’un mandat autonome obtenu directement de ses pairs.
Si rien ne change d’ici deux mois, l’actuel bâtonnier par intérim aura pour challenger Me Tam Bateky, jusqu’à date membre du conseil de l’ordre et représentante du bâtonnier dans le Littoral, mais aussi Me Ngoula Fotso, prédécesseur de Me Tam Bateky à Douala, également ancienne candidate au pote de bâtonnier, qui semble avoir réchauffé ses ambitions après près de 4 années en dehors du conseil de l’ordre. Sur les starting-blocks de l’élection du bâtonnier, figurent également trois anglophones : Me Mba Eric Mba, membre du conseil de l’ordre qui se présente comme le dauphin du défunt bâtonnier, mais aussi Me Titandji Duga et Me Ernest Mbaka.
Deux autres candidats «francophones» bouclent le tableau pour l’instant, selon les informations de Kalara. Il s’agit de Me Serges Bakoa, qui a fait une grande partie de sa carrière à Paris où il fut même élu membre du conseil de l’ordre, et de Me Philippe Memong, l’actuel secrétaire du conseil de l’ordre, donc de fait le N°2 de l’ordre, qui est le dernier à avoir présenté sa candidature. C’est l’un des rescapés de l’équipe de Jackson Ngnie Kamga, le bâtonnier sorti en 2018. Ce cocktail promet (Kalara y reviendra). La multitude des candidatures exprimées depuis la convocation de l’AG élective semble se justifier par le décès en poste de Me Tchakounté Patie. A un mois de la fin de son mandat, en octobre 2020, ce dernier semblait bénéficier du consensus de ses pairs pour briguer avec succès un second mandat. Une perspective qui inhibait sans doute plusieurs autres ambitions. Lesquelles s’expriment au grand jour depuis quelques semaines.
Il n’est pas sûr qu’au matin du 18 juin 2022, toutes les candidatures exprimées à ce jour persistent. Dans les rangs des avocats, plusieurs rappellent qu’en principe, le tour est venu pour qu’un anglophone reconquiert le poste de bâtonnier, après presque huit ans du règne des francophones. En 2014, Me Jackson Ngnie Kamga avait succédé à Me Francis Sama, de regrettée mémoire, le dernier anglophone à avoir accédé au poste. Au nom d’une règle non-écrite, une alternance anglophone-francophone a souvent prévalu dans la vie du corps. On saura dans la matinée du 18 juin si cette tradition est encore de mise, avec l’élection du président de l’AG. Du fait d’une autre règle non-écrite, les avocats se sont toujours organisé que le bâtonnier soit de culture linguistique différente de celle du président de l’AG. Et pour l’instant, seul un francophone s’est déjà déclaré pour devenir président de l’AG. Il s’agit de Me Ngann Superman.