M. Tamba Augustin, le président national des communes et villes unies du Cameroun (Cvuc) et par ailleurs maire de la commune d’arrondissement de Yaoundé 7 vient d’essuyer un revers devant le Tribunal de Yaoundé de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif. La magistrate en charge du dossier opposant l’homme politique à son collaborateur à Yves Louis François Mara, a donné raison à ce dernier poursuivi pour un supposé vol de de 5 millions de francs dans les bureaux du président national des communes et villes unies du Cameroun situés au quartier Bastos à Yaoundé. Le tribunal a été convaincu par la pertinence des arguments de défense avancés par le mis en cause et l’a acquitté pour défaut de preuve, après avoir passé huit mois de détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé Kondengui. Le 8 avril 2022, la juridiction a rendu son verdict en l’absence de la présumée victime et plaignant, M. Tamba Augustin, qui n’a jamais comparu.
En effet, il ressort des débats qu’en août 2021, M. Tamba Augustin a déploré la perte de la somme de 5 millions de francs dans son bureau au quartier Bastos à Yaoundé abritant le siège de l’association des communes et villes unies du Cameroun, dont il est le président national. Les soupçons de ce forfait avaient été portés sur Yves Louis François Mara et de nombreuses autres personnes non identifiées. L’accusation soupçonnait le mis en cause d’avoir soustrait ce pactole pour engager les travaux de construction de sa maison dont le démarrage aurait coïncidé avec le prétendu coup de vol.
20 mille francs
Le 8 avril 2022, Yves Louis François Mara qui a toujours nié les faits depuis l’enquête préliminaire, a donné sa version des faits. Il a expliqué au tribunal qu’il était un collaborateur politique de M. le maire d’arrondissement de Yaoundé 7 qu’il a quitté, tout en gardant avec ce dernier, de bonnes relations, pour se lancer dans les activités agricoles. C’est ainsi que le 9 août 2021, il a appelé M. Tamba, pour solliciter une aide financière. Ce dernier lui a donné rendez-vous dans son bureau à Bastos. « Quand je suis arrivé vers 9 h, le plaignant n’était pas encore dans son bureau. Je me suis assis sur une chaise au rez de chaussée pour l’attendre. C’est à 12h qu’il est finalement arrivé et nous sommes montés dans son bureau. Y étant, il a essayé de me convaincre de revenir travailler avec lui. Après un bref échange de moins de 30 minutes, M. Tamba a sorti de sa poche, trois billets de 10 mille et ne m’a remis que 20 mille francs. Pendant qu’il répondait à un appel téléphonique qu’il venait recevoir j’en ai profité pour me retirer de son bureau», a déclaré M. Mara.
Une demi-heure après son départ, relate M. Mara, le plaignant l’a rappelé pour lui demander de revenir dans son bureau. «Il m’a pris aux escaliers et nous sommes allez dans une salle où m’attendait déjà d’autres hommes politique. M. Tamba m’a ensuite dit que c’est avec ses personnes que je devais travailler sur le terrain. Je lui ai répondu que c’est à eux de me chercher. Après 15 minutes d’échanges avec ces individus, je suis allé dire aurevoir au plaignant, qui m’a ensuite raccompagné».
Accusation fantaisiste
Poursuivant son récit, Yves Louis François Mara raconte que c’est en fin d’après-midi aux environs de 16 h que M. Tamba l’a informé qu’il a été victime d’un coup de vol dans son bureau. «Le maire m’a demandé de l’accompagner chez un marabout, je me suis opposé. Il m’a ensuite dit que le voleur sera rattrapé grâce aux images de la caméra de surveillance. Trois jours après, il m’a appelé pour demander si j’avais déjà été auditionné par les éléments de la brigade de gendarmerie de Nlongkak», a déclaré le mis en cause. Et il a ajouté avoir été arrêté trois semaines plus tard « Depuis que j’ai été appréhendé, on ne m’avait donné l’occasion de m’expliquer sur cette affaire. Les images des caméras de surveillance dont faisait allusion M. Tamba ne m’ont jamais été présentés. Etant en prison, il m’envoyait des messages en me disant que si je ne me soumets pas à lui, je ne vais pas sortir de prison».
S’agissant des travaux de construction de sa maison sur la base de laquelle, le plaignant a fondé ses soupçons, le mis en cause a déclaré qu’il avait reçu à cette époque la somme de 400 mille francs d’une tontine après son arrestation. C’est cet argent, dit-il, qui lui a permis de continuer les travaux de construction de son immeuble qu’il avait commencé depuis 2013.
Lors de ses réquisitions, la représentante du ministère public a dit avoir été convaincue par le témoignage de l’accusé, qui est resté constant dans son récit. «Les faits qui sont reprochés à ce prévenu ne sont que des soupçons. Il n’y a aucune preuve et à défaut de preuve, nous requérons la relaxe du mis en cause, au bénéfice du doute», a déclaré la magistrate du parquet. L’avocat de François Mara soutient pour sa part, que son client est innocent et doit être déclaré non coupable des faits mis à sa charge. «Les faits ne sont pas constitués. Il s’agit en réalité d’une accusation fantaisiste qui a porté atteinte à la liberté de mon client. De plus, la présumée victime ne s’est jamais présentée devant les officiers de police judiciaire, ni devant le juge d’instruction encore moins devant votre tribunal»
Au terme des débats, le juge du TPI a pris une décision séance tenante (sur le siège) en déclarant M. Mara Yves Louis Joseph non coupable des faits de vol qui lui étaient reprochés avant d’ordonner son acquittement pur et simple.