Elle divorce pour se protéger contre les MST

Par Odette Melingui – odettemelingui2@gmail.com C’est avec beaucoup de peine que Miranda a quitté la salle d’audience du Tribunal de premier degré (TPD) de Yaoundé la semaine dernière, déçue par la tournure qu’a pris les débats dans la procédure de divorce qu’elle a initié contre Hillary, son époux. Licenciée de son poste de secrétaire dans une société de la place, elle souhaitait au moins remporter une première bataille devant le tribunal avant même que les débats ne soient ouverts. En effet, Hillary n’a reçu aucune convocation pour comparaître devant cette juridiction. Le juge chargé d’examiner l’affaire a renvoyé le dossier au mois de décembre pour la comparution de Hillary et, éventuellement, l’ouverture des débats. Malgré ce renvoi, la quadragénaire a tenu à partager ses déboires familiaux avec le tribunal. Mariée depuis plus de 12 ans à Hillary, Miranda a mis au monde trois enfants âgés respectivement de 10, 8 et 5 ans. Le couple vit encore sous le même toit. Hillary dort seul sur leur lit conjugal et la dame quant à elle occupe une pièce secondaire de la maison depuis deux ans. Dans son costume rouge vif, Miranda semble nager dans le bonheur. Pourtant, derrière ces apparences, se cache une femme meurtrie par les bastonnades que lui inflige son époux. Elle déclare qu’elle va mal à l’intérieur comme à l’extérieur de son corps. « Si je me déshabille, vous allez voir les marques des sévices corporels que je subis chaque jour », affirme-t-elle. Mis en garde Miranda raconte que son quotidien est rythmé par des «corrections sévères» depuis plus de deux ans déjà. Hillary en serait l’auteur. « J’ai supporté cette situation depuis trop longtemps, il faut que ça cesse. Si vous ne m’accordez pas cette séparation de corps, je suis quasi certaine qu’à la prochaine audience, c’est mon acte de décès qu’on va vous présenter devant la barre », a-t-elle confié avant d’ajouter : « Je ne suis plus en sécurité aux cotés de cet homme. Mes enfants sont traumatisés. Je suis fatiguée de ce mariage, je n’en peux plus ». Une mise en garde, qui n’a pas du tout ému le tribunal. L’autre motif qui pousse Miranda à demander le divorce d’avec son époux est l’infidélité de ce dernier. Elle accuse d’ailleurs Hillary de lui avoir transmis quelques infections sexuellement transmissibles (IST) qu’elle a listées sans gêne devant la barre. Tenant à sa santé, elle voit en la procédure judiciaire par elle engagée la seule issue pour sa survie. « Il m’a souvent ramené des IST que j’ai toujours soignées. Je ne veux pas gâcher ma vie à cause du mariage. Je risque d’avoir le pire à cette allure. » Renforçant son argumentaire, Miranda soutient que son mari a pris l’habitude de faire venir ses maitresses dans leur domicile et de partager des moments intimes avec elles sur leur lit conjugal, parfois en sa présence. La dame a profité du temps de parole que lui a accordé le tribunal pour davantage accabler le père de ses enfants. Elle se souvient d’ailleurs qu’il y a 8 ans, alors qu’elle s’était rendue au village de son époux pour accoucher de leur deuxième enfant, elle a attendu en vain que ce dernier vienne la rechercher comme le veut la tradition. C’est ainsi qu’elle a décidé de regagner son foyer, à l’insu de Hillary. Elle dit avoir découvert que son homme vivait déjà avec une autre femme. Cette dernière a pris la poudre d’escampette à son arrivée. « Il fallait au moins l’informé de votre retour à la maison, cela vous aurait évité cet incident. Quel homme n’a pas de maitresse? » a ironisé le juge. « Il veut me tuer pour rester jouir avec ses multiples conquêtes des biens que nous avons eus ensemble. Nous avons deux maisons et possédons plusieurs autres biens », a-t-elle déclaré. La version des faits de Hillary est attendue le mois prochain.

Elle divorce pour se protéger contre les MST

RUPTURE. Une femme accuse son époux de violences conjugales, mais surtout, de lui avoir transmis des maladies sexuellement transmissibles du fait de son infidélité. Le chef de famille, pas encore informé de la procédure, est attendu devant la barre.

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