«Je veux qu’elle réponde de ses actes. Qu’elle soit punie conformément à la loi. Elle mérite une correction». Ces déclarations sont de Romuald, un militaire, qui a saisi le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé-Centre administratif d’une citation directe dirigée contre Anastasie, son épouse. Cette dernière aurait abandonné le domicile conjugal après deux ans de mariage. Romuald n’a pas demandé le divorce. C’est du moins le constat fait par la représentante du parquet, au cours de l’audience. L’homme en tenue reproche à Anastasie des faits d’abandon de foyer conjugal et d’adultère. Il a donné sa version des faits le 2 septembre 2021 en l’absence de la mise en cause, qui n’a jamais comparu malgré les multiples convocations qui lui ont été adressées.
D’un air triste au début de son témoignage, Romuald n’a pas réussi à contenir la colère qui était enfouie en lui. Il a relaté au tribunal qu’il a fait la connaissance d’Anastasie en 2016 lorsqu’elle était encore une étudiante et lui venait de terminer sa formation. Les deux tourtereaux ont décidé de s’engager dans un mariage en 2018. Unique garçon à ses parents décédés, le militaire dit avoir bénéficié de l’aide de ses sœurs ainées pour payer la dot qui lui avait été exigée par sa belle-famille.«J’ai versé la dot de ma femme avec seize porcs, des sacs de riz, des régimes de plantain, des pièces de pagnes et des marmites pour les parents de ma fiancée. C’est en décembre 2018 que nous avons officialisé notre union sous le régime de la monogamie et la communauté des biens» a-t-il relaté.
Sorcier
Après la cérémonie de mariage, Romuald raconte qu’il était l’homme le plus heureux, surtout avec l’arrivée de leur enfant en 2019. Il reconnait néanmoins que ses nombreux déplacements hors de la ville pour des raisons professionnelles n’ont jamais été appréciés par sa femme, qui le voulait près d’elle. Il déclare qu’à la veille de sa dernière mission avant le départ d’Anastasie du domicile conjugal, ils se sont violemment disputés au point où son épouse l’a traité de sorcier. Une injure qu’il dit n’avoir pas tolérée et a prévu en discuter avec la mère de son fils à son retour. Après trois mois d’absence, Romuald a constaté à son retour que la maison est vide. Les effets personnels de son épouse et de leur enfant ne sont plus à leur place. «J’ai cru au départ que ma femme est allée dans sa famille avec notre bébé. C’est après renseignement auprès de ma belle-famille que j’ai été informé qu’elle habite dans un autre quartier et qu’elle est tenancière d’un restaurant et d’un débit de boisson. Le bar en question appartiendrait à un certain Joseph, son nouvel amant avec qui elle vit actuellement en compagnie de notre fils.»
Les multiples tentatives de conciliation pour faire revenir Anastasie dans son foyer sont restées vaines jusqu’aujourd’hui. Le plaignant déclare en outre que ses grandes sœurs et plusieurs membres de sa famille sont allés supplier son épouse de revenir à de meilleurs sentiments, mais cette dernière ne veut rien entendre.Toujours dans son élan de reconquérir son épouse, Romuald indique qu’au cours d’une discussion avec son beau-père, ce dernier lui a avoué que c’est le même scénario qu’il a vécu avec sa belle-mère, avant de lui conseiller de prendre son mal en patience parce que son épouse va retrouver le chemin de la raison toute seule. Seulement, depuis 2019, Romuald, qui est impatient de retrouver sa famille dit n’avoir aucune nouvelle de son épouse et de leur garçon.
Un amant
«Une femme qui a déjà fait deux ans hors de son foyer, qui va encore la reprendre ? Je veux qu’elle me ramène mon enfant et qu’elle soit correctement punie. Que sonchâtiment serve d’exemple aux femmes qui abandonnent leur foyer pour vivre avec leurs amants», a clamé l’homme en tenue.
À la question du juge de savoir si le plaignant verse à son épouse une pension alimentaire pour leur enfant, ce dernier a déclaré qu’il ne sait pas par quel canal il peut envoyer del’argent, son épouse étant injoignable. «Je ne veux pas que ma femme touche un franc de mon argent. Comme elle me taxe de sorcier, il ne faut pas qu’elle soit envoutée par mon argent.» Lors de ses plaidoiries, l’avocat du plaignant a basé son argumentaire sur les dépenses engagées par son client dans ce mariage qui selon lui n’existe plus et les deux années qu’a duré cette union. Il a demandé que Anastasie soit déclarée coupable de toutes les infractions qui lui sont reprochées.
Des affirmations que la magistrate du parquet a balayées d’un revers de la main au cours de ses réquisitions intermédiaires. Elle a estimé que l’infraction d’adultère n’est pas caractérisée et que l’accusée doit se défendre uniquement sur les faits d’abandon du foyer conjugal. Absente à l’audience, la magistrate a demandé au tribunal de déclarer Anastasie coupable de cette infraction.La décision est attendue le 16 septembre 2021.