Par Odette Melingui – odettemelingui2@gmail.com
Elle est mère de trois enfants et désormais seule pour les élever. Gertrude a perdu le père de ses fils il y a six mois. Aujourd’hui, elle souhaite ouvrir la succession du père de ses enfants. Le lundi 10 mai dernier, la veuve s’est présentée devant le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif, siégeant en matière de droit local. Sa requête vise l’obtention d’un jugement d’hérédité devant cette juridiction.
Jérôme, le défunt, était un centrafricain en service dans une antenne d’une organisation mondiale au Cameroun. Il y travaillait en qualité d’expatrié avant de rendre l’âme. C’est également au Cameroun qu’il a rencontré Gertrude devenue plus tard son épouse et la mère de ses enfants. Le fils aîné du couple est aujourd’hui âgé de 27 ans et le cadet de 20 ans.
Confusion
Devant le juge, la veuve était accompagnée de ses trois garçons ainsi que deux autres personnes, ses sœurs, qu’elle considère comme les témoins de la procédure. Une situation qui soulevé au moins trois problèmes de l’avis de la présidente du tribunal: peut-on ouvrir la succession d’un étranger devant ce tribunal (tribunal de premier degré)? Pour l’ouverture de la succession, ne faut-il pas se rendre dans le pays d’origine du défunt? La qualité et la quantité des témoins sont-ils respectés?
À ces questions, la dame qui n’a pas pris d’avocat, n’a donné aucune réponse. Un autre avocat présent dans la sale, sur autorisation du juge, a suggéré au tribunal que la décision soit rendue, quitte à ce qu’elle ait du mal à la faire exécuter, notamment pour touche l’héritage de son mari. «Je ne pense pas que cette femme aura les moyens pour se rendre en Centrafrique pour solliciter un jugement d’hérédité. Et même si elle le faisait, devant qu’elle juridiction irait-elle, étant donné que son mari vivait et est décédé au Cameroun?» Un autre avocat a plutôt demandé au tribunal de se dessaisir du dossier pour défaut de compétence et de renvoyer Gertrude au Tribunal de grande instance (TGI), juridiction compétente pour juger les affaires des étrangers. Au milieu de de la confusion, la présidente du tribunal a préféré s’en remettre au ministère public qui doit faire ses réquisitions à la prochaine audience.