«Je ne veux pas d’elle comme coadministratrice des biens. Je préfère ma belle-sœur, la fille ainée. Avec elle, on s’entend mieux». Cette déclaration est celle de Josiane, une veuve de trente ans à peine. Blondelle, sa belle-mère souhaite avoir un droit de regard dans la gestion des biens de son époux décédé en 2016. Cette maman a saisi le Tribunal de premier degré de Yaoundé pour obtenir le changement d’administrateur de la succession. Elle souhaite devenir coadministratrice des biens de son fils avec sa belle-fille. Après plusieurs années de bras de fer entre les deux dames, c’est désormais à la justice que revient la responsabilité de trancher. Les parties au procès ont été confrontées au cours des débats ouverts le 17 novembre 2021.
Si la belle-mère s’est montrée très posée dans son exposé des faits, sa belle-fille n’est pas arrivée à contenir ses émotions. De fait, il est reproché à Josiane de percevoir la pension de son défunt mari et de refuser de prendre en charge leurs enfants. Blondelle explique que Josiane ne paie plus la scolarité des enfants et qu’elle préfère plutôt donner l’argent à son amant, un étudiant, qu’elle héberge dans l’appartement qu’elle avait construit pour ses petits-fils. Blondelle estime que ses petits-enfants sont mal entretenus. Elle dit avoir été obligée de les amener chez sa fille ainée, pour leur meilleure prise en charge.
Josiane et Gilbert se sont mariés en 2010 sous le régime de la monogamie et la communauté des biens. Mariage qui intervenait juste après la fin de formation militaire de Gilbert. Le jeune couple venait de braver les oppositions de Blondelle et certains oncles qui estimaient que Josiane n’est pas de la même tribu et de la même religion que leur fils Gilbert. Josiane souligne que l’union a été consacrée en l’absence de Blondelle qui était à l’étranger. Les nouveaux mariés ont abandonné le village pour s’installer à Yaoundé. Pendant leur vie commune, les jeunes tourtereaux ont eu la joie de voir naître deux garçons, Charles et Rodrigue, dans leur foyer. Ils formaient alors une famille parfaite.
Appartement
En 2015, suite à un accident de la circulation, Gilbert a été paralysé. Josiane indique avoir fait appel à sa belle-mère pour rester au chevet de son époux pendant qu’elle finalise sa formation dans une ville voisine. Elle raconte qu’après sa formation elle est rentrée pour assister Gilbert jusqu’à son dernier souffle en 2016.
La jeune veuve avait été désignée administratrice des biens de la succession de son mari. Elle affirme alors que la pension qu’elle perçoit est partagée équitablement et mensuellement entre elle et ses deux enfants. Josiane dit avoir utilisé une partie de cet argent pour construire un appartement sur le terrain que le couple avait acheté.
«Elle ment. Cette fille est une menteuse, madame le juge. C’est moi qui lui ai construit cette maison». Par ces mots, Blondelle venait d’arracher la parole à Josiane. La juge a dû l’interpeller pour qu’elle attende son tour pour reprendre la parole. Chose qui n’a pas tardé. Elle a saisi l’occasion pour demander une descente du tribunal sur les lieux. Elle refuse d’écouter son conseil qui trouve que cette demande n’est pas nécessaire. Le tribunal a accédé à sa demande «insistante» et compte effectuer ladite descente la semaine. L’affaire revient le 15 décembre 2021 pour suite des débats.