Un homme veut divorcer pour cause de violences conjugales

Par Odette Melingui –odettemelingui2@gmail.com Il n’y a pas que les femmes qui sont victimes de violences conjugales. Les hommes aussi subissent en silence les abus physiques de leurs épouses ou de leurs proches. C’est le cas de Kevin, un jeune homme de 33 ans, qui a eu le malheur d’épouser une femme qui le fait bastonner. Vêtu d’un pantalon jeans bleu assorti d’un tee-shirt jaune or, les sandales aux pieds, Kevin dit être prisonnier par les coups de la vie, et ne veut plus faire partie du syndicat des hommes mariés. Cet instituteur a exprimé son désir de dissoudre son idylle avec Lucia, la mère de ses deux enfants. C’était devant le Tribunal de premier degré (TPD) de Yaoundé. « Je n’en peux plus. Je suis fatigué de me faire bastonner par les membres de ma belle-famille, avec la complicité de mon épouse », a-t-il déclaré dès sa première prise de parole devant la barre. Il reproche à son épouse les faits de violences conjugales, de manque de respect et de considération et, surtout, le fait pour elle d’être une femme dépensière. Présente à l’audience, Lucia, qui s’oppose au divorce, dit aimer encore son mari comme au premier jour. L’affaire est loin de connaitre un dénouement. A l’appel du dossier, les deux tourtereaux ont jailli chacun de son côté de la salle d’audience et se sont présentés devant le juge. Dans leur regard, se dégage un sentiment d’orgueil et de mépris. Premier à prendre la parole, Kevin n’a laissé passer aucun détail de leur vie conjugale. Marié en 2019 à Yaoundé, il a déclaré au tribunal que son épouse lui a caché l’existence de son premier fils aujourd’hui âgé de 9 ans. Par amour pour sa Lucia, il a néanmoins reconnu cet enfant. Un an après leur mariage civil, le jeune couple a donné naissance à une fille. Kevin raconte que sa vie conjugale était stable et sans histoire. Belle-mère envahisseuse Les choses ont changé lorsque Lucia a décidé de ne plus aller à l’école. C’est ainsi qu’elle a commencé à recevoir des visites inopinées de ses amies, puis des membres de sa famille. Une situation peu appréciée par le chef de famille. Pour préserver l’équilibre matrimonial, l’instituteur dit avoir essayé de convaincre son épouse de reprendre le chemin de l’école. En vain. « Je lui ai suggéré de prendre une femme de ménage, elle a préféré embaucher sa mère. C’est à ce moment que tout a basculé », dit-il. Une fois installée dans le domicile du couple, relate Kevin, sa belle-mère s’est imposée dans le foyer et c’est à elle que revenait toutes les décisions importantes. «À la moindre dispute avec mon épouse, ma belle-mère faisait venir ses grands garçons à la maison. J’étais très souvent obligé de me cacher sous mon lit pour ne pas être violenté. Pendant ce temps, ma femme restait tranquille, sans mot dire» . Poursuivant son témoignage, le chef de famille ajoute que son épouse est peu économe. Chaque fois qu’il lui remettait de l’argent pour le loyer ou la scolarité de leurs enfants, cette dernière détournait les fonds à des fins personnelles. Il accuse également sa femme de pratiques de sorcellerie. « Une nuit, elle s’est réveillée en sursaut et a commencé à crier dans toute la maison en disant qu’on réclame les enfants en sacrifice », a-t-il déclaré. Amour à vie victime de violences physiques et morales, menacé et mis en minorité sous son propre toit, Kevin a maintes fois essayé de divorcer. Mais sa belle-famille l’aurait prévenu qu’il allait devoir lui verser d’importantes sommes d’argent en guise de dédommagement de sa fille. Il se serait alors résolu à saisir la justice lorsqu’une nuit, de retour à la maison après le travail, son épouse a refusé de lui ouvrir la porte. Il dit avoir passé la nuit chez un ami. Le lendemain, l’instituteur a déménagé et s’est installé dans un appartement qu’il occupe actuellement. Pour ce qui est de la garde de ses enfants encore en bas âge, Kevin préfère les laisser avec leur mère et s’engage à leur allouer une pension alimentaire mensuelle. En prenant la parole, Lucia a déclaré qu’avant leur union, elle avait pris la peine d’informer son prétendant qu’elle était déjà mère d’un enfant. De peur que la famille de Kevin ne s’oppose au mariage, ce dernier aurait décidé de dissimuler l’existence de cet enfant. Lucia accuse son époux d’être méprisant, orgueilleux et jaloux. « Il m’a séquestré dans la maison. Il ne veut pas que je sorte et m’interdit les visites. Il n’aime pas que les membres de ma famille viennent chez nous », a-t-elle déclaré. La dame soutient en outre que son époux est irresponsable. Contrairement à ce que ce dernier a déclaré concernant la scolarité de leurs enfants, Lucia affirme que c’est le père de son premier fils qui en assume la responsabilité. Elle reproche aussi à son époux les faits d’infidélité. A ce sujet, La dame explique que Kevin entretient les relations amoureuses avec ses élèves et que ce dernier a déserté le domicile conjugal pour s’installer chez l’une de ses maitresses. Malgré tous ses manquements, la femme au foyer dit qu’elle aime encore son homme et espère ne pas se séparer de lui. «Je ne veux pas divorcer. D’ailleurs, j’aime encore mon mari. Il est l’homme de ma vie, et seule la mort pourra nous séparer », a-t-elle conclu son propos. La suite du procès est programmée à une prochaine audience.

Un homme veut divorcer pour cause de violences conjugales

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