Cintré dans son costume trois pièces, Gaston était présent dans la salle d’audience du Tribunal de premier degré de Yaoundé dès le petit matin du 23 mars 2021. Il est venu accompagner les membres de sa belle-famille, qui souhaitent obtenir le jugement d’hérédité de leur parent décédé. Il s’agit en réalité d’une procédure aux fins de l’ouverture de la succession de M. Nguelé, le père de cette grande famille, disparu en 2020. Dès l’appel du dossier, une foule nombreuse s’est présentée devant le juge. Gaston, mieux habillé que les autres, est le seul témoin dans cette affaire. Toute chose qui a éveillé la curiosité du tribunal. «Qui êtes-vous et qu’elle est le lien que vous aviez avec le défunt ?», lui a aussitôt demandé le tribunal. Et à Gaston de répondre : «Je suis le nouveau chef de cette famille. Le défunt était mon beau père. Je suis le copain de sa fille ainée. Nous sommes mariés traditionnellement et notre union civil est programmé pour bientôt.»
Pour comprendre pourquoi la famille Nguelé a porté son choix sur son beau-fils en le désignant comme nouveau chef de famille, le tribunal a consulté le procès-verbal de conseil de famille qui a été annexé au dossier de la procédure. En effet, il ressort de ce document que le défunt avait deux femmes. La première l’a précéder au pays des morts et lui a donné six enfants. Le premier enfant du couple est lui aussi décédé il y des années et a laissé un enfant, qui a été aligné dans la succession de son grand père en représentation de son père. La deuxième épouse, quant à elle, n’a pas eu d’enfants avec le défunt. Jules Nguelé, le seul fils survivant de la fratrie, a été désigné unique administrateur des biens successoraux.
Concubin éconduit
Au cours des débats, le tribunal a remarqué que dans le procès-verbal de conseil de famille, les droits de la veuves survivante et le sort des enfants de papa Nguelé n’ont pas été pris en compte. Pis, il n’est mentionné nulle part le nom d’un autre témoin que celui de Gaston. Ce dernier a essayé de convaincre le tribunal par ses arguments jugés sans fondement par le juge. «Le défunt avait des frères et sœurs qui sont tous décédés avant lui. Il n’avait pas de cousins ni cousine. Sa famille était lui, ses femmes et ses enfants. Nous n’avons pas d’autres témoins à faire comparaitre», a-t-il confié.
Pour ce qui est de sa désignation comme chef dans sa belle-famille, Gaston soutien qu’il est mieux placé pour diriger cette famille. «Depuis que je suis dans cette famille, nous vivons en harmonie. Il n’y a jamais eu de problème. Je suis comme un grand frère pour mes beau frères et belle-sœur, et un fils pour ma belle-mère. C’est moi qui gère les biens de cette famille depuis le décès de mon beau père et tout se passe bien … », a-t-il ajouté.
Le juge en charge du dossier n’a pas attendu la fin de son propos avant de renvoyer l’affaire au 20 avril 2022 pour que la famille Nguelé établisse un nouveau procès-verbal de conseil de famille, qui prend en compte les intérêts des uns et des autres, qu’il soit désigné un nouveau chef de famille, et comparution des témoins qui seront les membres directs de la famille du disparu.