«Votre affaire est très complexe. Vous ne pouvez pas reconnaitre un enfant sans la présence de sa mère. C’est à elle de nous dire si vous êtes effectivement son géniteur ou pas» Cette remarque a été faite par le juge du Tribunal de premier degré (TPD) de Yaoundé le 6 octobre 2021 au cours d’une audience de droit local. Valentin, un retraité de 80 ans environ, a saisi cette juridiction pour deux raisons. Il sollicite d’une part la reconnaissance de Virginie, sa fille de 40 ans et mère de trois enfants, et d’autre part, le jugement supplétif de l’acte de naissance de cette dernière. Accompagné par ses témoins, le Villard, qui a pris place au dernier banc de la salle d’audience, croyait que son affaire allait passer comme une lettre à la poste. Seulement, au cours de sa déposition, il a été étonné par la tournure qu’ont prise les débats. En effet, le tribunal a décelé deux problèmes. Le premier concerne l’absence d’Yvette, la mère de Virginie à l’audience, et le second est relatif à l’authenticité de l’acte de naissance de l’enfant dont le jugement supplétif est sollicité.
Valentin a déclaré au tribunal qu’il a fait la connaissance d’Yvette alors que cette dernière était déjà mère d’un enfant. Ils ont vécu en concubinage pendant des années, et se sont promis le mariage. De leur relation est née Virginie, femme mariée de 40 ans. Après la naissance de l’enfant du couple, la famille de virginie a réclamé une dot à Valentin afin qu’il puisse reconnaitre sa fille. Ce qui a été à l’origine de la rupture entre les deux tourtereaux, puisque Valentin s’y est opposé à cette exigence. Lorsque Virginie a atteint l’âge scolaire, son père lui a fait établir un acte de naissance en catimini. C’est ce document qui fait problème aujourd’hui. «C’est quand ma fille s’est rendue à la communauté urbaine de Yaoundé qu’elle a appris que mon nom ne figure pas sur la souche de son acte de naissance qu’elle utilise depuis des années. Je ne comprends pas comment cela peut être possible. Le personnel de la communauté urbaine nous a remis la nom exigence de souche et nous a conseillé de saisir le tribunal », a déclaré valentin.
Père rebelle
L’acte de naissance de Virginie ayant été déclaré apocryphe, valentin, son père, qui veut à tout prix voir son nom inscrit dans ce document, a introduit une requête additive devant le tribunal. Il souhaite reconnaitre sa fille unique légalement. Seulement, il se pose encore un autre problème. Yvette, la mère de Virginie, est décédée il y a un an. «Pour une reconnaissance judicaire, il faut automatiquement que la mère de l’enfant soit présente. Elle est la seule à dire au juge qui est le père de son enfant et qui ne l’est pas», a confié le juge.
Face à cette difficulté à poursuivre les débats dans cette affaire, Valentin, qui est déterminé à obtenir gain de cause, a fait comparaitre la grand-mère maternelle de Virginie à cette procédure. Cette dernière a corroboré sa version des faits et a dit avoir été témoins de la présence de Valentin au côté de sa fille décédée avant et après la naissance de sa petite fille. «Cette fille est née chez moi, et porte d’ailleurs le nom d’un membre de la famille de son père. C’est mon oncle qui s’était opposé à ce qu’il reconnaissance sa fille à la naissance. Devant la coutume béti, cette enfant n’est pas reconnue. Mais, son père, très rebelle à l’époque, l’a reconnu devant l’officier d’état civil sans nous informer».
Un autre témoin, qui se présente comme étant le frère aîné de Virginie, est venu lui aussi ajouter de l’eau au moulin. Ce dernier, qui dit avoir vécu avec sa maman dans le domicile de Valentin soutient qu’il est le père biologique de Virginie. Tous ces témoignages n’ont pas réussi à persuader le juge qui, très attaché à la loi, reste sceptique sur le fait que la mère de l’enfant reste le témoin important dans une procédure de reconnaissance d’enfant. «Seule la mère connait qui est le véritable père de son enfant. Qu’est ce qui prouve que vous êtes son père biologique? Qui était là ce jour quand cette enfant est entrée?» A interrogé le juge avant d’ordonner un transport judiciaire à la communauté urbaine de Yaoundé pour avoir une idée précise sur l’authenticité au nom de l’acte de naissance de Virginie. L’affaire, qui revient le 3 novembre prochain, a été soumise à l’appréciation du ministère public pour enquête et réquisitions.