Après dix ans passés hors des frontières camerounaises, dans un pays européen, Hervé est de retour dans son village natal depuis 2019. Issu d’une autre relation, il est le deuxième fils de Henri, le défunt et père de sept autres enfants légitimes. Depuis son retour au bercail, le Mbenguiste n’a pas encore trouvé un endroit pour élire domicile avec sa petite famille. «Pourtant il ne manque pas d’espace. Ma famille dispose de 12 hectares de terres que mon père nous a léguées avant de mourir. Je veux ma part de parcelle pour m’y installer avec ma petite famille. C’est tout ce que je demande », a déclaré Hervé devant le Tribunal de premier degré de Yaoundé. Il est l’auteur d’une requête de sortie d’indivision introduite devant cette juridiction il y a près de deux mois. En effet, Hervé veut obtenir le morcellement d’un titre foncier laissé par Henri, leur défunt père. Seulement, il ne s’attendait pas à une farouche résistance Romuald, le fils aîné de la famille par ailleurs coadministrateur des biens de la succession.
À l’audience du 2 février 2022, les deux frères ont croisé leurs arguments dans cette affaire en présence de clémente leur sœur, qui est restée bouche bée durant le laps de temps qu’avait duré l’audience. Avant de renvoyer l’affaire au mois de mars prochain afin de communiquer le dossier au ministère public pour enquêtes et réquisitions, le juge, très conciliant, avait conseillé aux frères d’avoir une assise familiale avant le retour du dossier sur la table du Tribunal.
Enquête
Des débats ouverts ce jour-là, il ressort qu’en septembre 2018, de son retour de l’étranger, Hervé avait fait savoir à ses frères qu’il aimerait s’installer définitivement au Cameroun avec sa femme Marguerite et ses deux enfants. A sa demande, un lot de terrain lui avait été attribué. Sauf que cette parcelle est litigieuse. Non satisfait de ce site, le Mbenguiste avait alors manifesté son mécontentement en s’emparant du lot voisin qui appartenait à sa sœur cadette Nathalie, pour y lancer un chantier de construction d’une maison d’habitation. Le plaignant souligne que sa sœur lui avait donné son accord contre une importante somme d’argent. D’où la procédure qu’il a lancée pour que le terrain de sa sœur soit reconnu comme sien à l’issue de cette sortie d’indivision. «Avant que la fondation ne sorte de terre, mon frère m’avait déjà menacé à plusieurs reprises. Il disait que je n’étais pas leur frère et qu’en temps normal, je ne devrais pas avoir de parcelle et que c’est par générosité de cœur qu’il m’a attribué le lot litigieux qui a été vendu à une tierce personne. Or j’ai été reconnu du vivant de notre père et par conséquent, je suis son héritier au même titre que les autres».
On comprendra le nœud du problème quand Romuald prendra la parole pour donner sa version des faits au tribunal. Il a relaté qu’avant de quitter la terre pour l’au-delà, Henri avait laissé un titre foncier dans lequel figuraient les noms de tous ses enfants comme héritiers de ses biens. Tout en indiquant qu’Hervé est issu d’une relation extra conjugale de leur père, Romuald a dit avoir mis à la disposition de son frère, le seul lot disponible qui restait à la famille. Il a ensuite précisé au tribunal que le partage avait déjà été effectué pendant que Hervé était à l’étranger. Les autres ayants-droits de la succession avaient alors bénéficié des terrains qui ont pour certain déjà été vendus.
Pourtant, les 12 hectares déjà partagés entre les sept enfants légitimes, sont dans un même titre foncier qui a été établi du vivant de leurs grands-parents. «Il permet de maintenir unis les membres de cette famille. Mon père voulait une famille soudée et non divisée. C’est pourquoi à chaque tentative de segmentation ou de vente d’un terrain, nous nous opposons car ce n’est pas la volonté de notre père», a-t-il déclaré avant d’ajouter : «Il s’est accaparé du terrain de notre petite sœur pour ériger une fondation d’un bâtiment de 20 chambres de passe. Nous ne sommes pas d’accord avec son projet.» L’affaire a été renvoyée au 9 mars 2022 pour enquête et réquisitions du ministère public.