Le 8 avril 2022, le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif a ouvert les débats dans l’affaire qui oppose le plaignant Emmanuel Matiafa Tantoh, responsable d’un centre d’encadrement des jeunes gens à Viviane Manyi Esigmo. La mise en cause, qui est en détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé Kondengui depuis 2020, est accusée des faits d’escroquerie et détention sans droit de la chose d’autrui. Il lui est reproché d’avoir déterminé le plaignant à lui remettre la somme de 24, 5 millions de francs et 15 passeports à charge pour elle d’obtenir des visas pour le Canada. La dame plaide non coupable et rejette la faute sur un certain Joseph Mbatchu, son facilitateur, déclaré en fuite. Le 8 avril 2022, Viviane Manyi Esigmo a donné sa version des faits en l’absence de M. Matiafa Emmanuel Tantoh. Mais les débats ne sont pas allés à leur terme. Le tribunal qui a constaté à plusieurs reprises, les incohérences et contractions dans les déclarations de la mise en cause, a renvoyé l’affaire à une date ultérieure pour la suite des débats.
Il ressort du dossier de procédure qu’en septembre 2019, au quartier Simbock à Yaoundé, M. Matiafa Emmanuel, responsable d’une structure pour jeunes, a remis la somme de 24,5 millions de francs et 15 passeports à Viviane Manyi Esigmo contre décharge et en présence d’autres personnes, en vue de l’obtention des visas pour la Canada. Après avoir obtenu cette somme d’argent et les documents personnels des jeunes, la mise en cause avait pris la poudre d’escampette, et ne sera rattrapée dans sa course folle qu’en 2020. Ces faits ont été qualifiés d’escroquerie et détention sans droit de la chose d’autrui.
Incohérence
Depuis l’enquête préliminaire jusqu’à la phase de jugement, Vivian Manyi Esigmo a toujours clamé son innocence. Originaire de la région de Nord-Ouest, la dame, qui s’exprime très bien en langue française, a déclaré au tribunal qu’elle a fait la connaissance de M. Matiafa par l’intermédiaire d’une sœur en christ, qui, ayant été mise au courant qu’elle voulait faire voyager ses deux enfants pour le canada par le canal de Joseph Mbatchu , en a informé le plaignant. Les deux parties se sont donné rendez-vous au bureau de M. Matiafa sis au carrefour Emia, et se sont entendus sur les formalités à remplir. «Il m’a dit qu’il dirige une structure pour jeune, et qu’il a tenté en vain de faire voyager les jeunes concernés. Il m’a également dit avoir été escroqué par le passé et que certains dossiers sont encore en cours de traitement», a déclaré l’accusée.
Vivian Manyi Esigmo souligne avoir demandé à M. Matiafa Emmanuel Tantoh d’attendre que les dossiers de ses enfants en cours de traitement par le facilitateur aboutissent avant d’engager le processus d’obtention de visa de ces jeunes. Mais, elle explique que ce dernier ne l’a pas écouté. «Il m’a dit que comme mon facilitateur est en voyage à l’étranger, il aimerait en profiter pour que ce dernier accélère le processus d’obtention des visas de ses joueurs. C’est ainsi que je l’ai mis en contact avec M. Mbatchu ». La dame dit avoir mandaté Alain Wandji, l’un de ses fils, à récupérer les passeports et les numéraires auprès du plaignant pour qu’elle les envoie à Joseph Mbatchu. Elle soutient, en outre, que qu’autres dossiers et les sommes d’argent étaient directement envoyés à son facilitateur.
A la question du tribunal de savoir où est passé Joseph Mbatchu, la mise en cause a déclaré avoir porté plainte contre ce dernier et qu’il serait recherché. D’autres questions qui ont été posées à Vivian Manyi Esigmo sont restées, pour certaines, sans réponse alors que d’autres étaient touffues d’hésitations et d’incohérences. C’est la raison pour laquelle, le tribunal a renvoyé l’affaire le 13 mai 2022 pour la suite des débats.