Elle découvre sa «coépouse» lors des obsèques de son époux

Par Odette Melingui- odettemelingui2@gmail.com La bataille pour la succession de Timothée s’est poursuivie la semaine dernière devant le Tribunal de premier degré (TPD) de Yaoundé. Après avoir obtenu le jugement d’hérédité de ce dernier il y a près de six ans, Anne Marie, celle qui se fait passer pour l’unique veuve, a fait face à une farouche résistance de Viviane, sa coépouse, la première femme du défunt. La scène s’est déroulée devant une salle d’audience pleine à craquer. À 68 ans, Viviane s’oppose à une décision de justice qui a ordonné, à son insu, l’ouverture de la succession de Timothée, son défunt mari et père de ses enfants. Les débats ont été ouverts dans cette procédure au cours des audiences précédentes en présence d’Anne Marie, une jeune dame de 42 ans environ. Viviane déclare avoir été mariée à Timothée sous le régime de la monogamie et la communauté des biens. Il était le géniteur de ses six enfants, aujourd’hui majeurs. Son époux a occupé plusieurs postes de responsabilité au sein de l’administration camerounaise et à l’étranger, ce qui lui a permis d’accumuler plusieurs biens, composés entre autres des immeubles bâtis, des terrains nus, des cacaoyères et des palmerais, ainsi que d’autres biens à l’extérieur du pays. Tout allait bien dans son ménage, jusqu’à ce qu’elle décide d’aller s’installer en Europe chez l’un de ses enfants pour les raisons de santé. Y étant, les rumeurs lui parvenaient que son époux vivait en concubinage avec plusieurs femmes. «Elles venaient et repartaient après un moment», a-t-elle précisé. Envoûtement De retour au pays, Viviane relate qu’elle a découvert que son époux avait vendu la majorité de leurs biens avec la complicité d’Anne Marie, juriste de profession et sa maîtresse à cette époque-là. Pendant les sept dernières années qu’elle dit avoir passées aux côtés de Timothée, bien que ne vivant plus sous le même toit, ce dernier lui avait montré un autre vissage. «Je ne sais pas ce que cette femme avait donné à mon mari. Il était envouté. Il ne mangeait pas mes repas, et ne faisait que ce que lui demandait sa maitresse. Il a vendu tout ce que nous avons construit ensemble, et préférait s’occuper des enfants de cette dernières plutôt que des nôtres». Après le décès de Timothée en 2017, les masques sont tombés. Pendant les obsèques du chef de famille, Viviane déclare avoir remarqué que Anne Marie, toute de blanc vêtue, se faisait passer pour la veuve et avait pris sa place à côté de la dépouille de son mari. Par respect pour celui qu’elle a jadis aimé, elle a décidé de ne pas faire d’histoire en public. Apres l’enterrement, la dame déclare que ses maux ont repris et elle a été conduite en Europe. Elle y est restée paralysée pendant cinq ans. Profitant de son absence, Anne Marie a saisi le tribunal et obtenu un jugement d’hérédité qui la reconnait comme étant la seule veuve du défunt. En cette qualité, elle a été désignée usufruitière et administratrice des biens de la succession. Ses enfants, issus d’une précédente relation, ont été reconnus comme les héritiers de Timothée. «Le jour du deuil, elle n’a même pas pleuré. Elle calculait mes biens, la sueur de mon front. Pour n’avoir pas aligné mes enfants comme héritiers de leur défunt père, ce jugement doit être rétracté», a-t-elle martelé. Faux mariage ? Immobilisée sur son lit d’hôpital en Europe, Viviane déclare qu’elle a appris par l’intermédiaire d’un tiers qu’Anne Marie s’est accaparée du reste de ses biens. Elle les a dilapidés avec la complicité de ses multiples amants et de ses enfants issus d’une précédente relation. Elle dit à qui veut l’entendre qu’elle est l’unique veuve de Timothée, et qu’elle est une veuve joyeuse. Pis, Viviane dit avoir découvert que son mariage avec Timothée avait été dissout à son insu. La dame soutient n’avoir jamais été notifiée, ni mise au courant d’une procédure allant dans ce sens. «Elle croyait que je devais rester clouée sur le lit d’hôpital jusqu’à ma mort et continué à occuper paisiblement ma place. Je suis là maintenant. Elle a pris la pension de mon mari pendant des années sur la base d’un faux acte mariage. Je n’ai jamais divorcé de mon mari. Tous les documents qu’elle vous a présentés sont faux», a-t-elle dénoncé. De son côté, Anne Marie, une femme d’expression anglaise, a relaté au tribunal qu’elle a épousé Timothée après son divorce avec Viviane, sa première épouse, qui l’avait abandonnée pour aller s’installer en Europe. Elle soutient que l’ex-épouse avait d’ailleurs fait appel de cette décision, mais, la Cour avait confirmé le jugement de divorce rendu par le TPI de Yaoundé à l’époque. Elle a ensuite précisé qu’elle s’est occupée de son mari, jusqu’à ce que la mort l’emporte. Elle dit également n’avoir pas aligné les enfants de Viviane dans le jugement d’hérédité de leur père parce qu’ils étaient déjà tous majeurs, le dernier étant âgé de plus de 40 ans selon ses propos. Pour soutenir ses allégations, Anne Marie a produit au dossier de procédure, les jugements de divorce rendus par le TPI de Yaoundé et de Cour d’appel du Centre, son acte de mariage avec le défunt, ainsi que d’autres documents utiles à la compréhension des faits. L’affaire a été renvoyée pour les observations de Viviane sur cette abondante documentation.

Elle découvre sa «coépouse» lors des obsèques de son époux

OPPOSITION. Partie en Europe pour des raisons de santé, une femme découvre à son retour que son époux a vendu certains de leurs biens avec la complicité de sa maitresse, qui se fait passer aujourd’hui pour l’unique veuve du défunt.

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