Par Odette Melingui – odettemelingui2@gmal.com
L’affaire qui oppose le ministère public à Halirou Adamou alias Alirou, ancien cadre de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) à la retraite et Rene Blaise Tekendo Nanyou, tire à sa fin. Le 13 décembre 2023, les accusés seront fixés sur leur culpabilité ou non au sujet des infractions qui leur sont reprochés. Ils ont été renvoyés en jugement devant le Tribunal de grande instance (TGI) du Mfoundi pour répondre des faits qualifiés de faux et usage de faux en écriture publique et authentique. Halirou Adamou alias Alirou, qui est en détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé Kondengui, est également poursuivi pour usurpation de titre. Les débats avaient déjà été ouverts dans cette affaire lors des audiences précédentes, et les deux accusés avaient chacun donné sa version des faits. L’audience du 8 novembre 2023 était consacrée aux réquisitions du ministère public et aux plaidoiries des avocats.
Il ressort de la procédure qu’en mai 2023, Rene Blaise Tekendo Nanyou, qui était sous le coup d’une ordonnance signée du président du Tribunal Criminel Spécial (TCS) lui interdisant de sortir du territoire, a voulu faire annuler cette décision. C’est ainsi qu’il s’est rendu dans les locaux de la juridiction et a fait la rencontre de Halirou Adamou alias Alirou. Ce dernier s’est présenté à lui comme étant magistrat hors hiérarchie et 2eme vice-président en service au TCS et lui a proposé ses services. Rene Blaise Tekendo Nanyou, qui ne se doutait de rien, a remis ses documents à son coaccusé ainsi qu’une somme de 200 mille francs représentant la rémunération du service sollicité. Quelques jours plus tard, Halirou Adamou alias Alirou a remis l’ordonnance de main levé de l’ordonnance du président à Rene Blaise Tekendo Nanyou. Muni de ce document, il s’est rendu à l’aéroport de Yaoundé Nsimalen où il a été interpelé puis conduit à la police des foncières. C’est à ce moment que Rene Blaise Tekendo Nanyou s’est rendu compte que l’ordonnance reçues de M. Halirou Adamou alias Alirou n’était pas authentique.
La relaxe
Pour le confronter, les éléments de la police des frontières ont mis l’accusé Halirou Adamou sur écoute. Au cours d’une conversation téléphonique avec son coaccusé, il a reconnu avoir fabriqué l’ordonnance querellée. C’est ainsi qu’il a été interpelé à son tour en possession de l’argent qu’il avait reçu de Rene Blaise Tekendo Nanyou. Au cours de l’enquête et devant le tribunal, Halirou Adamou alias Alirou a reconnu les faits d’usurpation de titre mais nié avoir contrefait l’ordonnance de levée de l’interdiction de sortir du territoire. Rene Blaise Tekendo Nanyou a, pour sa part, plaidé non coupable pour l’infraction de faux et usage de faux en écriture publique et authentique retenue à son encontre.
Lors de ses réquisitions finales, la représentante du ministère public a demandé au tribunal d’accepter le plaidé coupable de Halirou Adamou alias Alirou pour ce qui est de l’infraction d’usurpation de titre et de le déclarer coupable pour faux et usage de faux en écriture publique et authentique. Pour ce qui est de l’accusé Rene Blaise Tekendo Nanyou, la représentante du ministère public a requis sa relaxe. Elle a soutenu que ce dernier ne pouvait pas imaginer le caractère faux du document reçu de son coaccusé. D’autant plus que ce dernier l’a mis en confiance en se présentant à lui comme étant un magistrat hors hiérarchie. «Il était un usager comme tous les autres et espérait obtenir un service. Il a cru que son coaccusé était un magistrat. On ne saurait lui imputer lesdits faits», a déclaré le parquet.
L’avocat de Rene Blaise Tekendo Nanyou a également plaidé la libération de son client. Il a déclaré au tribunal qu’il y a un défaut d’intention quant au caractère délibéré de ce dernier à commettre l’infraction qui lui est reprochée. Il ajoute que M. Tekendo Nanyou était confiant et rassuré que son coprévenu lui a délivré un document authentique. Et c’est la raison pour laquelle, sans se douter de rien, il s’est rendu à l’aéroport pour prendre son vol. L’avocat a également soutenu que Halirou Adamou alias Alirou n’était pas à son premier forfait. Il aurait avoué, en mai 2023, avoir usurpé plusieurs fois la qualité de magistrat pour spolier plusieurs personnes parmi lesquelles le Directeur général de la Caisse autonome d’Amortissement.
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