Des terrains nus, des appartements et boutiques à louer, sont au centre d’une houleuse dispute entre les enfants d’une même famille. Pendant plus d’une demi-heure, le tribunal a examiné leur dossier le 11 mai 2022. C’est David, le fils ainé et chef de cette famille, qui a saisi cette juridiction. Au nom de l’ensemble de ses frères, il souhaite ouvrir la succession de Blaise, son père, un militaire retraité. Ce dernier est décédé il y a onze ans, laissant derrière lui une veuve et neuf enfants. Tout au long de sa vie sur terre, Blaise a accumulé des biens qui sont aujourd’hui au centre d’une grande convoitise entre ses enfants. Depuis son décès en 2010, sa progéniture ne s’accorde pas sur la gestion de son patrimoine. Certains enfants se disent écartés du patrimoine laissé par le défunt, tandis que d’autres en profitent et se déclarent héritiers privilégiés.
Cinq ans après le décès de l’homme en tenue, David, qui a été désigné comme son successeur, avait présidé le conseil de famille sans le consentement et la présence de tous ses autres frères et sœurs. Un procès-verbal de conseil de famille avait été dressé à l’occasion. Dans ce document qui a été présenté au tribunal, tous les enfants de Blaise ont été désignés cohéritiers de leur défunt père, et David a été désigné administrateur des biens successoraux. Le droit d’usufruit a été reconnu à Yvonne, l’unique veuve du défunt.
Dès l’entame des débats, le juge a compris qu’il y a des malentendus dans cette famille. Sur neuf orphelins, cinq seulement ont comparu devant le tribunal. Les quatre autres sont à l’étranger, aux dires de David, ils n’ont pas pu faire le déplacement. Ils ont néanmoins donné des procurations à leur ainé. Les autres frères présents à l’audience se sont, quant à eux, présentés à la barre en rangs dispersés. Au cours des débats, les masques sont tombés. Les préoccupations des uns et les témoignages des autres ont permis de constater que cette famille n’est pas en harmonie, comme certains de ses membres ont bien voulu le laisser croire.
Opposant
Miguel, le deuxième garçon qui se dit frustré par les pouvoirs et privilèges de son grand frère, a tout dévoilé en public. Il a relaté au tribunal tout ce qui se passe réellement dans leur famille. Selon lui, depuis le décès de leur père, David a accaparé tous les biens. Il se comporte comme l’héritier privilégié au détriment des autres enfants du disparu. «Notre père a laissé deux maisons. Il occupe une et maman habite dans l’autre, pendant que tous ses frères et sœurs sont en location. Pourtant, il est le plus favorisé de nous tous. Avec sa triple casquette de chef de famille, successeur et administrateur des biens, il ne rend compte à personne de sa gestion. C’est un dictateur et un chef de famille partial. Il est soutenu par notre mère, qui semble l’aimer plus que ses autres enfants», a-t-il déclaré. Miguel, qui est considéré par le reste de la famille comme un opposant, a poursuivi son témoignage en déclarant qu’il s’est proposé d’être l’administrateur des biens de son père pour une bonne transparence dans la gestion, mais son grand frère refuse de lâcher prise.
En réplique à toutes ces accusations, David a déclaré pour sa part que depuis 2010, date du décès de Blaise, c’est Yvonne, leur maman, qui gère les biens. Il dit qu’il s’est installé dans l’une des maisons avec sa famille selon la dernière volonté de son père, qui l’a désigné successeur et chef de famille avant sa mort. Pour lui, Miguel est obligé de respecter la tradition bamiléké dont ils sont issus, ainsi que ses pouvoirs. Cette version a été soutenue par Yvonne, leur mère, qui était présente à l’audience. Pour couper court, le tribunal a rendu sa décision séance tenante, en approuvant les résolutions prises lors du conseil de famille.