Le tableau était pathétique. Marina, une jeune dame de 30 ans environ, a été traduite en justice par Oscar, son ex-mari et père de ses enfants. Les amoureux d’hier se disputent la tutelle de leurs jumelles âgées de 14 ans. Ces dernières vivent présentement au Cameroun avec leur maman, qui a obtenu leur garde exclusive suite à une décision de justice. Oscar, leur papa, qui réside quant à lui à l’étranger, s’oppose à ce jugement et souhaite que le tribunal lui accorde la garde des filles. L’affaire a été débattue devant le Tribunal de premier degré (TPD) de Yaoundé la semaine dernière en l’absence de Oscar, qui s’est néanmoins fait représenter par son avocat. «Mon client, qui a toujours comparu, n’a pas pu faire le déplacement pour assister à cette énième audience à cause de la pandémie de corona virus», a déclaré son conseil.
C’est avec beaucoup d’assurance que l’avocat de Oscar a relaté au juge les raisons qui ont poussé son client à le saisir. L’homme en robe noire a déclaré au tribunal que Oscar et Marina se sont rencontrés à Yaoundé lorsqu’ils étaient encore plus jeunes. Ils sont tombés amoureux l’un de l’autres, et ont décidé d’un commun accord d’officialiser leur relation. Malgré les oppositions des membres de leurs deux familles, nos deux tourtereaux se sont entêtés et se sont engagés pour l’amour et la fidélité en 2010 devant un officier d’état civil. Entre voyages à l’étranger et sorties en amoureux, le jeune couple vivait le parfait amour. La naissance de leur deux fillettes est venue consolider leur union. «Ils formaient un beau couple. Ils étaient très amoureux et enviés par tous. Mon client était un époux dévoué à sa femme et un bon père pour ses enfants».
Mendicité
Les problèmes commencent deux ans après la célébration de leur mariage civil, lorsque Oscar, qui était au chômage au Cameroun, a décidé d’aller en aventure en Europe à la recherche d’une vie meilleure. Marine, son épouse, restée au pays, mourait de jalousie. Elle accusait son époux de lui être infidèle et les membres de sa belle-famille d’être ses complices. L’avocat relate que Marine s’est ensuite éloignée de sa belle-famille et refusait tout contact entre les filles et leur famille paternelle. En 2016, la dame avait introduit une requête en divorce devant le tribunal et en avait obtenu gain de cause. Dans ce même jugement, la garde des enfants du couple avait été confié à leur maman et Oscar avait, quant à lui, bénéficié du droit de visite. Aucune pension alimentaire n’avait été exigée à Oscar comme le souhaitait son épouse. «Les moyens qui ont été avancés pour obtenir cette décision sont faux. Le jugement a été rendu par défaut contre mon client alors qu’il n’avait jamais été mis au courant d’une telle procédure. Il n’avait été informé qu’au moment de la signification de la décision. Le jugement querellé le prive d’assumer ses responsabilités auprès de ses filles. Il mendie pour voir ses enfants et cela ne peut se faire qu’ en présence de leur mère», a confié l’avocat de Oscar.
Poursuivant son récit, l’homme en robe noire a déclaré que son client a néanmoins continué à assumer ses responsabilités même après la décision de divorce. Il versait une somme mensuelle de 300 mille francs par enfant pour leur pension alimentaire. «Mon client est issu d’une famille chrétienne. Il n’a plus envoyé l’argent lorsque la valise de vêtements de ses enfants lui a été renvoyée. Il ne bénéficie pas de son droit de visite restreint qui lui a été accordé par le tribunal. Depuis 6 ans, il ne voit pas ses enfants». Pour tous ces motifs, Oscar, par la voix de son avocat, souhaite que la décision de justice querellée soit annulée. Il sollicite également le divorce d’avec Marina pour incompatibilité d’humeur et réclame la garde de ses filles.
Double vie
Marina a, pour sa part, peint son ex époux en noir. Elle a déclaré au tribunal que son mariage avait basculé lorsque son homme s’est installé en Europe. «Il est devenu très distant et possessif. Il ne m’appelait plus et a même changé de numéro de téléphone. Plus tard, j’ai découvert que mon époux menait une double vie», a-t-elle déclarée. Pour sauver son mariage, Marina déclare avoir effectuée un voyage à l’étranger pour reconquérir le cœur de son homme. Mais, ce dernier l’a conditionné de lui trouver un emploi stable et bien réénuméré au Cameroun avant d’espérer revenir auprès d’elle et des enfants. Tous les efforts déployés par la dame pour respecter l’exigence de son époux sont restés vains, et Oscar avait décidé de s’installer définitivement en France.
Lasse d’attendre le retour de son mari, Marina avait sollicité et obtenu le divorce sur la base de son témoignage et des documents présentés devant la barre pour soutenir son action en justice. Le tribunal lui avait donné raison en l’absence de son mari qui n’avait jamais comparu malgré les multiples convocations. Le tribunal avait également confié la garde des filles à Marina. «J’agis dans l’intérêt des enfants qui sont aujourd’hui traumatisées. Ce sont des adolescentes et mon inquiétude repose sur leur éducation. Mes filles sont bien entretenues, bien élevées et occupent les premiers rangs en classe. Tout ce que je veux, c’est leur stabilité. Leur père menace de les enlever pour les emmener au canada».
Marina déclare en outre qu’elle ne lui avait rien réclamé lorsque le divorce avait été prononcé et ne souhaite recevoir aucun franc de lui. «Je lui ai renvoyé la valise de vêtements qu’il avait envoyés parce que ceux-ci n’était plus à la taille des enfants. Il ne connait même pas la taille de ses fillettes. Il les a vues pour la dernière fois en 2014. Il les a abandonnés quand elles n’avaient que 6 ans. Ses enfants ne le reconnaissent plus», a conclu Marina. «Peut-on accordé la garde des enfants mineures à un père qui ne les a pas vus depuis 8 ans?. Ce monsieur n’a aucun intérêt pour ces enfants. Nous avons découvert qu’il est en train de monter un dossier d’immigration pour le Canada. C’est sa nouvelle destination. Nous craignons qu’il enlève les enfants et qu’il les emmène là-bas, un pays où nos procédures judicaires ne sont pas valables», a renchéri l’avocat de la dame. Le verdict est attendu le mois prochain.