Depuis 5 ans, M. Diko Babba, un homme d’affaires, suit en vain les empreintes de ses 600 têtes de bœufs entre la localité de Ngambé-Tikar et celle de Banyo. Lesdites bêtes d’une valeur estimée à la somme de 390 millions de francs destinées à la vente, avaient été confiées à son partenaire d’affaires, M. Abdouraman. Sauf que ce dernier qui a disparu dans la nature n’a pas pu reverser la totalité des fonds issus de la vente des bœufs qui lui avaient été confiés. Certaines personnes proches d’Abdouraman, impliquées dans la commercialisation des bœufs en question; répondent des faits de complicité d’escroquerie devant le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif(CA). Le 1er juillet 2021, les supposés complices du mis en cause Abdouraman ont donné leur version sur les faits qui leur sont reprochés en l’absence du plaignant.
Premier à exposer dans ce procès, le magistrat du parquet a expliqué qu’en 2016, M. Diko Babba avait confié 600 têtes de bœufs à M. Abdouraman. Ce dernier avait la mission de les vendre et de reverser l’argent de vente à son partenaire d’affaires de longue date. Sauf qu’après la vente d’une partie du bétail, le prévenu ne remettra que 234 millions de francs avant de fondre dans la nature. Indigné, M. Diko avait ouvert une enquête qui lui avait révélé que le reste de ses bœufs se trouve à Ngambé-Tikar et d’autres à Banyo sous la surveillance de trois personnes notamment Goni Salihou, Aboubakar Iya et Moussa Kalamoulahi. Au moment d’aller récupérer ses biens, il avait rencontré l’opposition farouche de ces derniers. Néanmoins, au bout de plusieurs jours de bataille, il était parvenu à récupérer 154 bœufs avant de traduire les concernés en justice pour avoir aidé M Abdouram à détourner ses bêtes.
Complicité d’escroquerie
Ce 1er juillet 2021, les trois bergers ont rejeté les chefs d’accusation retenus contre eux. Ils disent ne rien connaître de la relation entre le plaignant M. Diko et le mis en cause Abdouraman. M. Goni Salihou, commerçant frère aîné des autres accusés, explique que sa famille est propriétaire d’un cheptel gardé dans un campement par son frère cadet Aboubakar. Il explique que son rôle se limite à ravitailler les bergers en vivres. C’est ainsi qu’il avait été surpris que les gendarmes l’informant de ce que les bœufs de M. Diko se retrouveraient dans leurs troupeaux. Il raconte avoir été intimidé par les hommes en tenue qui l’avaient obligé à les conduire au campement familial où ils avaient récupéré 109 bêtes.
Au cours d’un bref témoignage, M. Aboubakar Iya, le frère cadet de M. Goni, dit tout ignorer de cette affaire. Il soutient qu’il ne connait ni le plaignant, ni Abdouraman dont on prétend qu’il soit son complice. « Je sais que les gendarmes étaient passés au campement à deux reprises et avaient emporté 109 bœufs estampillés ASB et 45 autres qui leur avaient été remis par mon frère ainé Goni. », a-t-il déclaré.
M. Moussa Kalamoulahi, chauffeur et frère de Goni Salihou et Aboubakar Iya affirme pour sa part s’être retrouver dans cette affaire au moment où il avait été mandaté par M. Goni pour demander aux gendarmes d’attendre son retour de voyage avant de procéder à une quelconque saisie de bêtes. Il souligne que chaque berger est à mesure de reconnaitre son bétail à partir des estampilles qu’il porte.
Dans ses réquisitions, la représentante du parquet s’est appuyée sur un document dressé en 2018 par un huissier de justice dans lequel M. Goni s’était engagé à restituer 45 bœufs au plaignant, pour démontrer la culpabilité de ce dernier. Elle a, en outre, demandé que les trois mis en cause soient déclarés coupables des faits de complicité d’escroquerie.
L’avocat du plaignant a, pour sa part, suivi la représentante du parquet avant d’expliquer au tribunal que le principal partenaire de son client, M. Abdouraman, est bel et bien le frère des autres accusés qui le renient devant la barre. L’avocat des accusés quant à lui, clame l’innocence de ses clients. D’après lui, faute d’avoir mis la main sur Abdouraman, M. Diko a procédé à une fouille dans la contrée pour retrouver ses bœufs à tout prix. Il demande au tribunal que ses clients soient déclarés non coupables. La décision du juge est attendue le 6 août prochain.