La journée du 18 avril 2018 restera gravée dans la mémoire de M. Lakeu Watie Brice, vendeur ambulant de fruits au quartier Nkolbisson à Yaoundé. C’est ce jour qu’il avait été arrêté alors qu’il vaquait à ses activités habituelles. Le marchand ambulant est accusé d’avoir assassiné M. Mbarga Saturin, un gendarme. Le 4 février 2022, l’accusé qui médite sur son sort à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui, a donné sa version des faits devant le Tribunal de grande instance (TGI) du Mfoundi, en l’absence de la famille du gendarme.
Il ressort de la relation des faits de la représentante du parquet que dans la matinée du 4 avril 2018, le défunt, M. Mbarga Saturnin, avait été retrouvé grièvement blessé à l’abdomen au lieudit «Béatitudes», situé au quartier Nkolbisson à Yaoundé. Conduit à l’hôpital militaire, il n’avait pas tardé à rendre l’âme. L’enquête aussitôt ouverte avait permis d’appréhender Brice Lakeu Watie sur qui convergeaient les soupçons sur la mort du gendarme. Tout était parti d’une altercation née d’une dispute à propos du lieu sur lequel le vendeur s’installait en soirée, après ses navettes de la journée, à côté d’un dépôt de pain, pour poursuivre son commerce. Le disparu l’avait chassé de cet endroit prétextant que c’était sa propriété. Le ministère public indique qu’à l’issue de cet incident, l’accusé avait promis au gendarme une vengeance, selon les déclarations faites par les témoins à l’enquête préliminaire.
M. Lakeu Watie Brice, très posé dans sa prise de parole et courtois dans ses réponses, a rejeté les charges qui pèsent sur sa personne. Il a reconnu avoir été chassé du lieu qu’il fréquente constamment avec son chargement de fruits et a évoqué l’échange verbal qui l’avait opposé à Saturnin Mbarga sans s’étendre sur les détails de cette querelle. Il a cependant nié toute implication de sa part dans le décès brutal du gendarme. C’est deux semaines après l’altercation, indique l’accusé, qu’il avait été informé du décès de l’homme en tenue. «J’ignore le jour et le lieu précis ou le disparu avait été retrouvé blessé. J’ai été informé qu’il était mort deux semaines après notre prise de bec. Grande avait été ma surprise de voir les agents de la police de Nkolbisson m’interpeller le 18 avril 2018. Ils m’ont demandé de confier ma marchandise à une femme qui se trouvait à côté de l’endroit où je vendais. Puis, ils m’ont menotté avant de m’amener à leur poste», a expliqué le mis en cause. Il a ajouté avoir subi de violences physiques de la part des enquêteurs qui l’ont obligé à signer contre son gré le procès-verbal de son audition. Tout comme il ne reconnait pas avoir promis «un retour», c’est-à-dire une vengeance au gendarme comme l’a indiqué le magistrat du parquet. Il conclut son propos en signalant que depuis l’incident au centre du procès, il avait délocalisé son lieu de vente, un peu loin du site litigieux.
L’exposé de l’accusé n’a pas convaincu la représentante du parquet. «L’attitude de l’accusé laisse penser qu’il y a quelque chose qu’il cache», a déclaré le ministère public. Le procureur de la République soutient que les faits d’assassinat reprochés à l’accusé sont constants. Il a requis que ce dernier soit déclaré coupable des faits qui lui sont reprochés. Comme on pouvait s’y attendre, l’avocat de l’accusé a déclaré qu’il n’y a aucune preuve dans le dossier de procédure qui établit la responsabilité de son client dans l’assassinat du gendarme. De même qu’il n’y a aucun témoignage qui accable son client. Raison pour laquelle il a demandé l’acquittement de l’accusé. Le verdict du tribunal est attendu le 3 mars 2022.