De son siège en plein cœur de la ville de Yaoundé la Campost est une entreprise d’Etat qui propose un service postal, les transferts d’argent, d’épargne ainsi que les services de télécommunication. L’entreprise est victime d’une affaire de détournement de la somme de 10,5 millions de francs. Un détournement qu’elle impute à Joseph Aimé Fouda, ancien receveur à son agence de Batouri dans la région de l’Est, M. Assene Atemengue, universitaire et Jean Seme, agriculteur. Ecrouées à la prison centrale de Yaoundé depuis le 6 juin 2018, ces trois personnes ont été renvoyées devant le Tribunal de grande instance (TGI) du Mfoundi pour s’expliquer sur des faits de détournement de deniers publics en coaction. Le 30 novembre 2021, Joseph Aimé Fouda est passé aux aveux complets. Pendant son témoignage, Assene Atemengue a indiqué avoir restitué la somme que lui réclame la Campost et que cette dernière avait promis de renoncer aux poursuites judiciaires engagées à son encontre. Seme Jean nie les faits qui lui sont imputés alors que Fouda Jean est passé aux aveux. Ils ont déclaré n’avoir pas eu de doute sur la provenance des fonds litigieux car ils savaient que leur ami faisait dans la vente des terrains en plus d’être un receveur à la Campost
Pour sa défense, M. Atemengue Jean a confirmé avoir reçu la somme de 3 millions dans son compte logé à Campost sans connaitre la provenance de celle-ci. Selon cet accusé, M. Asseme (Seme ou Asseme ????) Jean, qui est son ami de longue date, l’avait contacté par voie téléphonique pour l’informer d’un dépôt dans son compte mais il n’avait pas précisé le montant exact et la provenance des fonds. L’universitaire a déclaré qu’il devait effectuer le retrait et restituer la somme litigieuse au propriétaire dès son arrivée à Yaoundé. Chose qu’il a faite quelques jours plus tard. Il souligne n’avoir pas perçu le moindre sou en guise de compensation par rapport au service rendu. Jean Atemengue raconte avoir été informé quelques semaines plus tard par un agent de la Campost qu’il fait l’objet d’une procédure judiciaire relative au détournement de deniers publics de la somme de 3millions de francs. Le détenu dit s’être rendu au commissariat d’Elig-Essono, suite à un conseil d’un avocat pour faire sa déposition. Quelques jours après sa déposition, il a été placé en garde à vue lorsqu’il répondait à la convocation du patron de cette unité de police.
MSeme Jean a, pour sa part, dit n’avoir pas reconnu la provenance des fonds qui lui ont été expédiés sous forme de mandat. Selon lui, il rendait un service à Fouda Joseph Aimé; qui est une connaissance d’enfance. Il explique que ce dernier avait contracté une dette auprès d’une association dans laquelle ils sont membres et pensait que la somme querellée était destinée au remboursement de la dette en question.
Dans ses réquisitions, le magistrat du parquet a balayé du revers de la main toutes ces déclarations et demandé au juge du TGI de déclarer les trois accusés coupables des faits qui leur sont reprochés.
L’avocat des accusés trouve, quant à lui, que les faits ne sont pas caractérisés pour Seme et Atemengue. L’homme en robe noire a évoqué les aveux du receveur pour justifier l’innocence de ses clients. Il a plaidé pour la relaxe de ces derniers. L’affaire a été mise en délibéré sur la culpabilité ou non des accusés le 21 décembre 2021.
De fait, en 2018, le forfait avait été découvert grâce aux opérations de dépôt des fonds dans des comptes fictifs d’une part et de compte d’usagers réguliers logés à la Campost de Yaoundé, d’autre part. L’architecte de ces transactions frauduleuses était M. Fouda Joseph Aimé qui opérait depuis la ville de Batouri où il travaillait. Parmi les transactions litigieuses, il y a la somme de 3 millions de francs déposée dans le compte de Jean Atemengue et 300 mille francs envoyés sous forme de mandat à M. Seme Jean. Les autres fonds querellés étaient virés dans des comptes fictifs crées au sein de l’entreprise par M. Fouda Joseph Aimé selon ses propres déclarations devant la barre. Au cours de l’exposé des faits au centre du procès, le ministère public a souligné que M. Seme Jean a été interpellé en mai 2018 la main dans le sac à la Campost Yaoundé lorsqu’il cherchait à retirer des sommes indues.