Par Jacques Kinene et Marie Bahané (Stagiaire)
La série noire incriminant les personnalités dans les affaires de sextape devant les tribunaux se poursuit. Après celle du célèbre commentateur sportif Martin Camus Mimb, dont le procès est en perspective à Douala, une autre qui embrase l’hôpital de district de Biyem-Assi depuis 2020, passe devant le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé, centre administratif. Elle oppose le médecin Ekoua Daniel, directeur de cette formation hospitalière à M. Owona Bernard, directeur de publication du journal «La Vitrine», Mme Zenabou Bibiete infirmière, superviseur du service des urgences, Mme Tsama, assistante psycho-sociale et Laure Bibiodji, aide-soignante, toutes en service à l’hôpital de Biyem-Assi. M. Ekoua Daniel reproche à ces quatre personnes d’avoir divulgué à travers les journaux et les réseaux sociaux des informations selon lesquelles, il entretient de relations sexuelles dans son bureau avec Mme Ngoutané Ladifatou, infirmière dans la même formation sanitaire.
Le jeudi 24 juin 2021, le directeur de l’hôpital de Biyem-Assi et Mme Ngoutané Ladifatou, les plaignants dans cette affaire, ont donné leur version des faits au centre de la procédure. En octobre 2019, deux semaines seulement après sa prise de fonction dans son nouveau poste d’affectation, le médecin raconte avoir été saisi dans son bureau par M. Owona Bernard au sujet des rumeurs qui circulaient sur un supposé détournement de fonds évalué à la somme de 60 millions de francs et un harcèlement sexuel qui fait rage au sein dudit hôpital. Il relate qu’un audit avait contredit les informations qui lui avaient été rapportées par son hôte. En réalité d’après lui, la somme de 74 millions francs déposée dans le compte de l’hôpital était intacte. Il dit avoir chassé le journaliste de son bureau. En réaction, ce dernier aurait alors promis de d’humilier le médecin prétestant qu’il entretenait des relations sexuelles dans son bureau avec ses collaboratrices. C’est ainsi que M. Owona lui aurait envoyé deux messages de chantage par son téléphone. Et quelques jours plus tard, précisément le 3 mars 2020, le journaliste, dit-il, avait publié un article diffamatoire dans son journal. Il explique que ces faits avaient été relayés dans la toile et par le journal «L’Anecdote» dans son édition du 15 mars 2021 sous le titre « Grincements de dents à l’hôpital de district de Biyem-Assi»
Une cabale
Le plaignant estime que les diverses publications faites sur les réseaux sociaux et dans le journal «L’Anecdote» se sont inspirées de l’article de Bernard Owona. «Il y a un lien certain avec l’article de 3 mars de La Vitrine et les autres articles qui ont suivies. Les expressions sont similaires» a déclaré M. Ekoua Daniel.
S’agissant des infirmières, le directeur de l’hôpital leur reproche d’avoir repris et étalé de manière péremptoire pendant une conversation dans un débit de boisson les propos diffamatoires publiés par le journaliste. Une conversation qui lui a été rapportée, dit-il, par un certain Etoga, un de ses collaborateurs. Le plaignant indique que les rumeurs relatives à cette affaire avait envahi l’hôpital au point où un conseil de discipline avait été convoqué. Pendant cette assise, Mme Tsama et Laure Bibiodji avaient nié les faits litigieux tandis que Mme Zenabou était passée aux aveux prétestant qu’il s’agissait d’une blague qu’elle faisait à sa collègue. Le médecin ajoute que c’est cette dernière qui avait affirmé qu’il (le médecin) a entretenu de rapports sexuels avec Mme Ngoutané Ladifatou dans son bureau.
Dans le rapport du conseil de discipline qui lui avait été adressé, le médecin raconte que des sanctions disciplinaires avaient été infligées aux infirmières, notamment le redéploiement de Mme Tsama dans une autre structure sanitaire. « Mais compte tenu de la gravité des faits, ma hiérarchie m’ayant adressé une demande d’explication et mon honneur et celui de Mme Ngoutané Ladifatou ayant été trainés dans la boue, j’avais décidé de saisir la justice» a confié M. Ekoua Daniel.
Poursuivant son témoignage, le médecin a nié les faits qui lui sont imputés. Il explique que l’hôpital dispose des caméras de surveillance mais aucune d’elles, selon lui, n’avait mis en évidence les accusations portées contre sa personne. Il poursuit en indiquant que le jour des prétendus faits, Mme Ngoutané Ladifatou était de repos. Ce qui a, d’ailleurs, surpris l’époux de cette dernière qui s’est rapproché de l’hôpital pour avoir davantage d’éclaircissements sur cette fâcheuse l’affaire. Le plaignant a conclu son propos en indiquant que cette cabale était une volonté manifeste de ses adversaires de nuire à sa personne.
Mme Ngoutané Ladifatou a, pour sa part, corroboré les propos de son patron. Elle ajoute avoir été abordé par Mme Zenabou dans la salle des urgences des infirmières au cours d’une garde. Cette dernière lui aurait tenu des propos choquants et diffamatoires selon lesquels les infirmières de l’hôpital de district de Biyem-Assi, entretiennent de relations sexuelles avec leur directeur. D’après Mme Ngoutané, sa collègue qui parlait d’elle, était revenue sur ses propos en les qualifiant d’une blague. «Le lendemain, j’avais constaté à ma grande surprise que les propos de cette dernière avaient déjà envahi l’hôpital et tous les collègues en parlaient», a-t-elle indiqué.
Par ailleurs, l’infirmière reproche au directeur de publication de La Vitrine d’avoir mentionné son nom dans les messages qu’il adressait au directeur de l’hôpital. Elle soutient, par ailleurs, que ses trois collègues ont contribué à nourrir la rumeur qui a porté atteinte à son honneur et à son foyer conjugal. Répondant à une question des avocats de la défense, elle déclare qu’à sa connaissance le personnel soignant féminin de l’hôpital de Biyem-Assi n’est pas victime de harcèlement sexuel comme le prétendent ses dénonciateurs. Elle a conclu en rejetant en bloc les accusations portées à son encontre. L’affaire revient le 8 juillet 2021 pour les témoignages des mis en cause qui promettent de faire un déballage devant la barre.