«Nous sommes d’accord pour que la deuxième épouse de notre défunt père perçoive la pension retraite régulièrement. Quant aux lots de terrains et les autres biens, c’est plutôt moi qui dois les administrer ». Ces déclarations sont de Urbain, un homme âgé de 34 ans environ et fils unique d’une fratrie de 3 enfants. Le jeune, et ses deux sœurs, Diana et Rita, accompagnés de Rachel, veuve de leur défunt père, se sont présentés devant le Tribunal de premier degré (TPD) de Yaoundé le 21 mars 2022. Ces membres d’une même famille souhaitent ouvrir la succession de Henri, leur père et époux. C’est Rachel, la veuve, qui a saisi la juridiction d’une requête en jugement d’hérédité. Seulement, au cours de cette audience, le juge en charge du dossier a remarqué que le dossier est mal conçu. En effet, dans l’acte de saisine, il est mentionné que la Veuve est l’unique administratrice des biens de la succession de son défunt époux et il n’y a aucune mention en faveur des enfants du défunt. Le juge a également constaté l’absence du certificat de décès de Henri dans le dossier de la procédure, une pièce importante à produire pour ce genre d’affaire. D’où le renvoi de l’affaire pour production du certificat du décès du disparu, la mise en la forme régulière du procès-verbal de conseil de famille ainsi que de la requête.
Avant le report de l’affaire, Urbain a expliqué au tribunal que son père est décédé en 2019 de suite d’une maladie. Il a rejoint ainsi sa première épouse, leur mère dans l’au-delà 11 ans après que celle-ci soit décédée. C’est dans son premier mariage que Henri, de regretté mémoire, a eu les trois enfants. Ces derniers sont tous mariés aujourd’hui et vivent chacun dans leur foyer. Henri semblait sombrer dans la solitude, lorsqu’il a décidé de prendre une seconde épouse. «En 2013, mon père a fait la connaissance de Rachel. Après deux ans de fréquentation, les deux amoureux ont officialisé leur union. C’était la grande joie de toute la famille. Mon père avait repris goût à la vie. Nous ses enfants, étions aussi heureux de voir que notre père avait une compagne et que désormais, il ne vivra plus seul», a expliqué Urbain.
Erreurs
A en croire les propos du fils ainé de la fratrie, Ma’a Rachel, comme l’appellent affectueusement les membres de la famille vivaient dans un climat paisible. Il y avait une parfaite entente entre Henri et son épouse. Seulement, ce deuxièmement mariage n’a pas porté de fruit. le couple n’avait pas eu la chance d’avoir des enfants. Lorsque que la maladie du chef de famille survient en 2019, Urbain témoigne que Rachel est toujours restée aux chevets de son père jusqu’à son dernier soupir.
A sa mort, Henri laisse derrière lui les enfants issus de son premier mariage, plusieurs lots de terrains, d’importante somme d’argent contenu dans un compte logé dans une banque. Le disparu était le dernier né de sa famille, précise Urbain. Après sa mort en 2019, un conseil de famille a été organisé par les membres et certains proches de la famille. Au cours de cette assise, il a été décidé de commun accord que les biens acquis avant le deuxième mariage de Henri et Rachel reviennent à ses trois enfants et ceux acquis à la période de leur vie commune appartiennent à la veuve. Convaincu, Rachel avait alors saisi le Tribunal de premier degré de Yaoundé en qualité « d’unique administratrice des biens » selon ce qui est stipulé dans le procès-verbal.
Arrivé à la phase de jugement, le tribunal a contesté les résolutions prise lors du conseil de famille. Le juge a de prime à bord été surpris de constater que Urbain, l’aîné de la famille, prenne la parole pour expliquer les faits au centre du procès alors que la procédure a été engagée par Rachel, qui se réclame «unique administratrice des biens de la succession». Après avoir expliqué brièvement la signification et le rôle de l’administrateur des biens aux membres de cette famille, le juge a aussitôt posé la question : « Etes-vous tous d’accord que votre marâtre administre et seule, les biens de votre défunt père comme semble indiquer ce procès-verbal ?». Urbain, Diana et Rita ont répondu en chœur « non ! ». « Nous voulons qu’elle, perçoive uniquement la pension retraite de notre père qui était son mari aussi. Le reste, nous les gardons pour nous selon ce qui a été décidé au conseil de famille», a conclu Urbain.
Toutefois, pour que le dossier de cette famille prospère, les ayant-droits de feu Henri devront adjoindre au dossier de procédure son certificat de décès régulariser, le procès-verbal du conseil de famille bien ficelé ainsi que la requête bien rédigée pour voir le dossier revenir sur la table du juge le 20 avril 2022, date la prochaine audience.