Mme Menyeng Meyoa Antoinette épouse Essomba, l’un des deux coaccusés de M. Amadou Vamoulké dans l’affaire dite du volet 2 de la Crtv (le premier ayant concerné feu M. Gervais Mendo Ze) a finalement achevé avec son audition devant le Tribunal criminel spécial le 7 mars dernier. Après avoir répondu aux questions du parquet et des avocats du ministère des Finances et de la Crtv, le 24 février 2022, son dernier passage dans le box des témoins s’est limité à rappeler ce qu’elle avait déjà déclaré dès le début de son audition, à savoir que l’ensemble des faits pour lesquels elle passe en jugement en coaction avec l’ancien DG de la Crtv avait déjà été examiné par le Conseil de discipline budgétaire et financière. Et cette instance l’avait totalement innocentée pour responsabilité non-établie.
Il est probable que cet exercice de redite auquel s’est consacrée cette accusée avec son avocat ait été provoqué par une observation faite par le représentant du ministère public à l’audience du 24 février. Le magistrat avait en effet demandé à l’accusée-témoin de dire au tribunal les faits pour lesquels elle passait en jugement. Cette dernière ayant répondu que ces faits sont couchés dans l’ordonnance de renvoi ayant saisi le tribunal, le magistrat avait pris le soin de relire l’accusation. Comme dernier acteur du procès à contre interroger l’accusée, cette attitude du ministère public n’avait pas manqué d’intriguer…
Ce 24 février 2022, le parquet avait par ailleurs clairement exprimé, une nouvelle fois, son option pour abréger désormais les débats. C’était l’occasion pour l’accusation et les avocats de la partie-civile de poser des questions à Mme Essomba, à la suite de la fin de son interrogatoire la semaine écoulée par les avocats de M. Vamoulké. Précaution rare pour être relevée, M. André Tchoussi, le représentant du ministère public, avait indiqué en ouverture de l’exercice que «la Crtv et le ministère des Finances vont poser deux questions chacun» au prétexte que l’audience démarrait avec une heure de retard… Finalement, les avocats du ministère des Finances n’avaient pas interrogé l’accusée-témoin. Mais, Maître Pufong, pour le compte de la Crtv, avait posé «trois questions», en s’assurant que cela «ne perturbe pas le timing du procès».
En répondant aux questions de son propre avocat au début de son audition, Mme Essomba avait affirmé à plusieurs reprises qu’elle n’intervenait quasiment pas dans le processus des dépenses à la Crtv Marketing and Communication Agency (Cmca), la régie commerciale interne de l’organisme public, dont elle était le directeur au moment des faits de l’accusation qui la concerne. L’avocat de la Crtv l’a interrogée «sur son implication à titre personnel dans ce processus des dépenses» et lui a demandé de «décrire de façon succincte et schématique le processus d’engagement de la dépense publique» à la Cmca. «Je n’avais aucune implication personnelle dans le processus d’engagement de la dépense», a encore réaffirmé le témoin, après avoir expliqué que «la Cmca, filiale de la Crtv, est une Sarl», qui n’obéit pas aux principes de la comptabilité publique, mais aux règles de l’Ohada.
Dernière question de Me Pufong : «Mme Essomba, est-ce que l’omnipotence du gérant statutaire, telle que vous l’avez décrite en matière des dépenses, vous a souvent amenée à exécutez des ordres dont vous n’étiez pas convaincu de la régularité ?». Après avoir expliqué que l’action de la Cmca était essentiellement consacrée au travail commercial et qu’elle a fonctionné selon les procédures en vigueur au moment de sa nomination, le témoin va déclarer : «Je n’ai pas vu des dépenses non-conformes au budget ou à la nature de nos activités. Lorsqu’il fallait par exemple acheter du papier, la procédure nécessitait trois factures proforma. L’unité des finances analysait. Le bon de commande était émis. Je n’étais pas assez regardante. Mais je regardais si la commande était conforme ou je demandais conseil».