Longtemps après sa mort, ses «femmes» se le disputent encore

Par Odette Melingui – odettemelingui2@gmail.com La bataille pour la succession de Timothée est ouverte devant le Tribunal de premier degré (TPD) de Yaoundé. Après avoir obtenu le jugement d’hérédité de ce dernier il y a près de six ans, Anne Marie, celle qui se fait passer pour l’unique veuve, a fait face à une farouche opposition de la part de Marguerite, sa coépouse et première femme du défunt. La scène s’est déroulée devant une salle d’audience bondée de monde la semaine dernière. En effet, Marguerite, 60 ans, a fait opposition à une décision de justice qui a ordonné, à son insu, l’ouverture de la succession de Timothée, son défunt mari et père de ses enfants. Les débats ont été ouverts dans cette procédure en présence de Anne Marie, une jeune dame d’environ 42 ans. Marguerite a expliqué au tribunal qu’il y a plusieurs années qu’elle et Timothée se sont mariés. A cette époque, elle était encore très jeune et innocente. De cet amour sont nés six enfants, aujourd’hui majeurs. La dame relate que son époux a occupé plusieurs postes de responsabilité au sein de l’administration camerounaise, sur place et à l’étranger, ce qui lui a permis d’accumuler plusieurs biens, composés entre autres des immeubles bâtis, des terrains nus, des hectares de palmeraie. Marguerite déclare en outre que son époux avait d’autres biens à l’extérieur du pays. Tout allait bien dans son ménage, jusqu’à ce qu’elle décide d’aller s’installer au Etats Unis d’Amérique (USA) chez l’un de ses enfants pour les raisons de santé. Y étant, elle a été informée que son époux vivait en concubinage avec plusieurs femmes. « Elles venaient et repartaient après un moment », a-t-elle précisé. «Madame veuve» De retour au pays, Marguerite raconte qu’elle a découvert que son époux avait vendu la majorité de leurs biens avec la complicité de Anne Marie, juriste de profession et sa maitresse de cette époque-là. Pendant les sept dernières années qu’elle dit avoir passées aux côtés de Timothée, bien que ne vivant plus sous le même toit, ce dernier lui avait montré un autre vissage. « Je ne sais pas ce que cette femme avait donné à mon mari. Il était envouté. Il ne mangeait plus mes repas et ne faisait que ce que sa maitresse lui demandait de faire. Il a vendu tous ce qu’on avait construit ensemble. Il préférait s’occuper des enfants de sa maitresse plutôt que des miens ». Après le décès de Timothée en 2013, la guerre a déclenché. Marguerite relate que le jour des obsèques, elle a remarqué que Anne Marie, tout de blanc vêtue, se faisait appeler «madame veuve». Elle avait d’ailleurs pris sa place au côté de la dépouille de son mari. Par respect pour l’homme qu’elle a aimé et épousé, Marguerite dit avoir décidé de ne pas faire d’histoire en public. Apres l’enterrement, la dame déclare que ses problèmes de santé se sont compliqués. Elle est repartie de toute urgence en Europe et a été contrainte d’y rester pendant cinq ans. Profitant de son absence, Anne Marie a saisi le tribunal et obtenu un jugement d’hérédité. Dans la décision de justice rendue, Anne Marie déclare être l’unique veuve du défunt. En cette qualité, elle a été désignée usufruitière et administratrice des biens de la succession de Timothée. Ses enfants, issus d’une précédente relation, ont été classés au rang de cohéritiers. « Le jour du deuil, elle n’a même pas pleuré. Elle calculait mes biens, la sueur de mon front. Pour n’avoir pas aligné mes enfants au rang d’héritiers de leur défunt père, ce jugement doit être rétracté », a-t-elle suggéré au tribunal. Faux mariage ? Marguerite déclare que, immobilisée sur son lit d’hôpital en Europe, elle a appris par l’intermédiaire d’une autre personne qu’Anne Marie avait accaparé ses biens, qu’elle dilapide avec ses amants et ses enfants. Cette dernière déclarerait à qui veut l’entendre qu’elle est l’unique veuve du défunt, et qu’elle est une veuve joyeuse. Pis, Marguerite soutient avoir découvert peu après que son mariage avec Timothée avait été dissout. Elle dit n’avoir jamais été informée d’une procédure allant dans ce sens. « Elle croyait que je devais rester clouée sur le lit d’hôpital jusqu’à ma mort et continué à occuper paisiblement ma place. Je suis là maintenant. Elle a pris la pension de mon mari pendant 6 ans sous la base d’un faux acte mariage. Je n’ai jamais divorcé de mon mari. Tous les documents qu’elle vous a présentés sont faux », a-t-elle dénoncé. De son coté, Anne Marie, femme d’expression anglaise, a relaté au tribunal qu’elle a épousé Timothée après son divorce avec Marguerite, sa première épouse, qui l’avait abandonné pour aller s’installer en Europe. La jeune dame soutient que l’ex-épouse de son mari avait d’ailleurs fait appel de cette décision, mais la Cour avait confirmé le jugement de divorce rendu par le TPI de Yaoundé. Elle a ensuite précisé qu’elle s’est occupée de son mari jusqu’à ce que la mort l’emporte. Pour ce qui est des enfants de Marguerite, Anne Marie soutient que leurs noms n’apparaissent pas dans le jugement d’hérédité de leur père parce qu’ils étaient déjà tous majeurs, le dernier étant âgé de plus de 40 ans. Pour soutenir ses déclarations, Anne Marie a présenté au juge les décisions de divorce rendues par le TPI de Yaoundé et de la cour d’Appel du Centre, son acte de mariage, ainsi que d’autres pièces. L’affaire a été renvoyée pour les observations de Marguerite sur les pièces ainsi présentées.

Longtemps après sa mort, ses «femmes» se le disputent encore

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