Par Marie Bahané (Stagiaire) – welaomari@gmail.com
La guerre des biens qui oppose Laure à son oncle Guillaume est loin de connaitre une fin heureuse. Le linge sale n’a pas pu se laver en famille, c’est désormais devant le Tribunal de Grande instance du Mfoundi (TGI) que les membres de cette famille ont décidé de régler leur différend. Pourtant, après leur premier combat devant le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé en 2019, Laure avait été rétablie dans ses droits. Elle avait été déclarée cohéritière de la succession de Paul, son défunt père. La jeune dame de 27 ans a de nouveau saisi la justice d’une plainte dirigée contre Guillaume pour faux dans un acte. Elle déclare qu’au moment d’ouvrir la succession de son père, son oncle avait fait opposition en brandissant au tribunal un jugement d’hérédité de Paul prétendument délivré 10 ans plus tôt. Guillaume avait, à cette époque-là, essayé de convaincre le juge que la décision du 06 octobre 2009 qu’il détenait faisait de lui l’unique héritier et administrateur des biens de son frère. Après une enquête menée par la plaignante dans les archives du greffe du TPI, elle a découvert que la décision querellée n’a pas de souche dans les registres de cette juridiction. Les deux parties ont été confrontées au cours de l’audience du 24 août 2021.
Accompagnée de son oncle maternel et de son époux, qui ont témoigné en sa faveur dans le cadre de cette affaire, Laure a expliqué au tribunal qu’elle est née du mariage entre Paul et Gaelle. Son papa est décédé en 2009 et sa mère en 2011 alors qu’elle était encore mineure. Les disparus ont laissé derrière eux un immeuble familial, plusieurs hectares de terrain et une importante somme d’argent logée dans un compte bancaire. Ses déboires commencent en 2017, lorsqu’elle a saisi le Tribunal de première instance de Yaoundé pour ouvrir la succession de son père. La dame relate que son oncle Guillaume a fait opposition à sa procédure en brandissant une décision de la même juridiction rendue le 06 octobre 2009. Ledit document le désigne comme étant l’unique héritier et administrateur des biens laissés par Paul. La plaignante, qui dit n’avoir jamais été au courant d’une telle décision de justice, a entrepris de mener une enquête dans les archives du greffe du TPI. C’est ainsi que Laure a découvert que le jugement d’hérédité obtenu par son oncle n’existe sur aucun registre du greffe.
Enfant reconnue
Poursuivant son témoignage, Laure a déclaré que son oncle a déjà dilapidé tous les biens que lui ont légués ses parents. Il a vendu certaines parcelles de terrain et vidé le compte bancaire avant de s’installer avec sa famille dans l’immeuble de son défunt père. «Depuis lors, je n’ai plus accès à ma propre maison. J’ai trouvé refuge dans les bras de mon mari avec qui j’ai déjà quatre enfants», confie-t-elle. Et bien qu’ayant été rétablie dans ses droits depuis 2019, Laure déclare qu’elle n’a toujours pas accès à son héritage.
Présent à l’audience, Guillaume a nié les accusations qui pèsent sur lui. Il a relaté que Laure n’est que la petite fille de son défunt frère et non sa fille biologique. «Mon frère a eu une seule fille, qui est la mère de la plaignante et qui ne comparaît pas. Elle est la seule personne qui a le droit de revendiquer l’héritage de son père», a-t-il déclaré. «Mais moi aussi j’ai été reconnue par mes grands-parents comme leur enfant», a objecté Laure.
Pour ce qui est du jugement querellé, l’accusé se défend en affirmant qu’il l’a obtenu en 2010 de Gaelle, la grand-mère de la plaignante, qui a tenu à ce que sa dernière volonté soit respectée. Lors de ses réquisitions, le magistrat du parquet a demandé la condamnation de Guillaume, tandis que son avocat a plaidé sa relaxe. Ce dernier a soutenu que son client a obtenu le document argué de faux entre les mains d’une autre personne, et qu’il n’est pas l’auteur du faux qui lui est reproché. La décision du juge sur la culpabilité ou non de Guillaume est attendue le 1er septembre prochain.