Marie Bahané – welaomari@gmail.com (Stagiaire)
Entre Cynthia, une femme en tenue et Franck, banquier, l’entente est loin d’être envisageable. Le couple n’a pas réussi à dissimuler leur désaccord devant la barre au Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif le 17 juin 2021. Lorsque leur affaire a été appelée, les amoureux d’hier ne se sont pas entendus sur la date de renvoie de leur procédure. En effet, le couple se retrouve à nouveau devant la justice à la demande de Franck, qui reproche à son épouse la non-exécution d’une décision de justice. Il soutient que cette dernière le prive de son droit de visite qui lui a été confié par le juge du Tribunal de premier degré (TPD) Yaoundé, suite à leur divorce prononcé en 2020. Les deux parties ont présenté leurs versions des faits à l’audience.
Franck a déclaré au tribunal que son mariage avec Cynthia a été célébré il y a quelques années sous la communauté des biens. De cette union, est née une fille, Blanche, âgée aujourd’hui de trois ans. Il souligne qu’avant de faire la connaissance de celle qu’il a épousé, elle avait déjà un enfant prénommé Xavier, qu’il a accueilli dans son domicile. Ils formaient alors une famille presqu’idéale aux dires du chef de famille. Franck déclare qu’il a pris sur ses épaules la charge d’octroyer une assurance maladie à chacun des membres de sa famille. Le pire a finalement remporté sur le meilleur, et les époux se sont séparés. Suite à ce divorce, le juge a rendu une décision de non conciliation. Cynthia a alors obtenu la garde de l’enfant et Franck avait le droit de visite pendant la moitié des congés de noël et de pâques, ainsi que pendant les grandes vacances.
Pleurs
Franck raconte que Cynthia a quitté le domicile conjugal et s’est installée dans un quartier qui lui est inconnu. Il relate que depuis son départ, il n’a plus jamais revu Blanche. Son ex épouse ne l’a jamais amenée chez lui pendant les périodes déterminées dans la décision du juge. Aux dernières nouvelles, il dit avoir découvert que Blanche se trouverait actuellement à Buea, chez sa grand-mère maternelle. Selon lui, cette zone d’insécurité n’est pas appropriée pour l’épanouissement de son enfant, qui est exposé à la mort vue la situation de crise sécuritaire qui sévit dans les deux régions anglophones du pays.
Cynthia a débuté son récit par des sanglots : « Calmez-vous madame, un officier supérieur de l’armée comme vous ne doit pas pleurer devant les difficultés », par ces mots, le juge venait de donner un coup de pouce à Cynthia qui était toute en sanglots, lorsqu’elle débutait sa défense. La dame, qui avait de la peine à faire sécher ses larmes, a due contenir ses émotions pour donner sa version des faits. Cynthia déclare ne pas reconnaître les chefs d’accusations qui pèsent sur sa personne. Elle a relaté qu’elle ne s’oppose pas au droit de visite de Franck et qu’elle trouve cela d’ailleurs bien. La mise en cause a précisé que le père de son enfant n’a jamais demandé à la voire. Poursuivant son témoignage, la dame en tenue a expliqué avoir été l’objet de chantage de la part de son compagnon et de mépris pendant leur vie commune. Lasse de cette vie, elle n’avait plus la force de supporter. C’est ainsi qu’elle a sollicité le divorce. Le tribunal a ordonné à Franck de lui donner mensuellement la somme de 30 mille francs représentant la pension alimentaire de leur enfant. La dame dit n’avoir emporté que ses vêtements et décidé de reconstruire sa vie, loin de cet homme qui l’a traumatisé.
Dans le cadre de sa profession, Cynthia déclare avoir été envoyée en mission hors du pays, et a préféré envoyer ses enfants chez sa mère, institutrice qui réside au centre-ville à Buea. Elle soutient avoir proposé à son ex époux d’envoyer les enfants chez sa mère, mais, ce dernier est resté muet. Cynthia souligne en outre qu’elle ignorait qu’il fallait informer le juge du changement de résidence de l’enfant. Elle a rassuré le tribunal de ce que les enfants sont en sécurité, bien logés et bien nourris. Elle relate également qu’elle est en contact permanent avec les membres de sa belle-famille, qui sont au courant de la situation, et connaissent la résidence de sa mère.
Cynthia a révélé enfin que le problème de Franck se trouve ailleurs. En effet, le couple avait acheté un terrain qui a été titré à leurs deux noms. Elle dit avoir été menacée par son ex, qui lui a demandé de renoncer à ce terrain. Face à son refus de signer les documents qui lui avaient été présentés en l’absence de son avocat, Franck avait alors décidé de lui nuire. Néanmoins, Cynthia est ouverte à une solution que lui proposera le tribunal afin de respecter la décision de justice. En attendant, l’affaire a été renvoyée au 1er juillet 2021 pour que le couple se concerte et trouve une solution à ce problème délicat, qui concerne l’avenir d’une enfant mineure.