Jean Jacques Evina Akono, le promoteur de la Société forestière de Bojongo (SFB), n’est pas un profane dans le domaine du bois et des matières premières en général. Il dit avoir acquis une expertise incontestable à travers un riche cursus universitaire et une longue expérience professionnelle nationale et internationale. Il passe en jugement devant le Tribunal criminel spécial (TCS) pour un détournement présumé de la somme de 333,6 millions de francs. Un supposé forfait réalisé, selon l’accusation, à travers la fraude sur le remboursement des crédits de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les exportations du bois.
Le 6 septembre dernier, M. Evina Akono a donné sa version des faits sur les récriminations mises à charge. Il explique qu’à son retour au Cameroun en 1995, il était le pionnier dans le domaine de la foresterie en à travers la création de sa société dénommée Cofa. Entre 1999 et 2000, il a racheté la Société forestière de Bojongo (SFB) sarl. En 2002, il reçoit le prix de la meilleure petite et moyenne entreprise (PME) dans le domaine de l’exploitation forestière et de conseil au sujet des modalités de paiement des taxes au Cameroun. Et la direction générale des impôts a également bénéficié, dit-il, de ses conseils dans la recherche des voies permettant l’amélioration de la collecte des impôts auprès des sociétés forestières.
En 2003, il a mis sur pied un projet de création d’une usine de transformation du bois dont le coût a été évalué à 1,8 milliard de francs. Cette usine, qui a fait la fierté du Cameroun, a produit 1500 mères cubes de bois transformés pour l’exportation en direction du monde et a permis la création de plus de 200 ruraux. Outre ce projet, il a également mis sur pied de nombreuses autres activités agro-pastorales et piscicoles pour pallier les difficultés rencontrées dans l’activité forestière.
300 millions de francs
S’agissant du présumé détournement qui lui est imputé, M. Evina Akono explique que c’est la société Patrice Bois qui retenait à la source la TVA et était chargée de la reverser dans les caisses de l’Etat. Si cela n’a pas été fait, dit-il, c’est avec la complicité des fonctionnaires des impôts. «Le bois qui est parti de l’usine vers Patrice Bois qui le vendait à l’étranger, a fait l’objet d’’un recouvrement partiel de la TVA. C’est la raison fondamentale de la querelle au centre du procès. Je n’ai pas récupéré tout l’argent que l’Etat me doit. J’attends près de 300 millions de francs de remboursement dans le cadre de la TVA à l’exportation du bois», a conclu l’accusé. Il n’est pas allé jusqu’au bout de son interrogatoire, son avocat ayant demandé le report de l’affaire le temps pour lui de rassembler tous les éléments de preuve au soutien des déclarations faites par son client. Cette phase est attendue le 21 septembre prochain.
Rappelons que selon le rapport de l’enquête judiciaire l’Agence nationale des investigations financières (Anif) avait détecté deux virements d’un montant total de 333,6 millions de francs effectués au profit de la SFB, le 25 juin 2010, sur ordre du Minfi relatifs au remboursement de crédit TVA sur les exportations. Ces virements ont atterri dans le compte bancaire de la SFB ouvert dans les livres de la Bicec. D’autres vérifications ont permis de constater que ladite entreprise a auparavant bénéficié d’un virement similaire d’un montant de 268,3 millions de francs cette fois pour les retenues TVA à la source. L’Anif a estimé que ces opérations sont truffées de nombreuses irrégularités et constituaient un détournement de fonds publics.