Par Jacques Kinene – jkine7@yahoo.fr
Les témoignages de Jean Paul Olemba et Afana Tsala devant le Tribunal de première instance de Yaoundé centre administratif n’ont pas dissipé le flou qui entoure l’affaire de détention illégale d’une arme à feu et des munitions pour laquelle ils sont poursuivis par le ministère public. Ecroués à la prison centrale de Yaoundé Kondengui depuis novembre 2021, les mis en cause, qui ont choisi de témoigner sous serment, ont donné leur version des faits au centre du procès le 24 janvier 2022. Ils ont clamé leur innocence en ignorant les faits qui leur sont reprochés.
M. Afana Tsala, le premier à prendre la parole, explique que Jean Paul Olemba est son ami d’enfance et frère du village, avant d’ajouter qu’il pratique la chasse des animaux dans les forêts de sa localité. Il raconte avoir pris rendez-vous au lieudit Total Ngousso à Yaoundé le 18 novembre 2021 avec ce dernier qui l’avait joint au téléphone en lui annonçant qu’il avait besoin d’une arme de chasse qu’il voulait acheter. Ne pouvant pas le satisfaire, il a fait venir un petit garçon qui a apporté un sac dont il dit ignoré le contenu. «C’est ainsi qu’il m’embarque sur la moto qu’il conduisait à destination d’Emana où des gendarmes vont surgir d’une voiture et nous appréhender en informant que la moto qui nous a transportés avait été volée. Je ne savais pas que c’était un piège que le commandant du poste de gendarmerie de Nkometou et ses éléments me tendaient», a déclaré M. Afana Tsala.
Il raconte avoir été tabassé et gardé à vue dans les cellules de cette unité de gendarmerie pendant trois semaines sans que sa famille sache où il se trouvait. Il déclare que, pendant sa garde à vue, son ami avait été relaxé pour des raisons inavouées. «Le commandant de cette unité de gendarmerie qui est une dame m’a informé que ce sont mes amis qui m’ont trahi. Elle a tenté de m’obliger d’avouer que je suis braqueur. Je ne sais pourquoi mon ami m’a fait arrêter. Face à ma résistance, elle a décidé de m’envoyer en prison», a noté le mis en cause. Il indique que, selon certaines indiscrétions, la moto avait été volée à la suite d’un braquage qui avait coûté la vie au propriétaire de l’engin.
Jean Paul Olemba a, pour sa part, corroboré les déclarations de son compagnon d’infortune en nuançant ses propos. Il précise qu’il travaille dans une boulangerie à Ntui, dans le Mbam et Kim, et que c’est sous la pression d’un certain Armand, un frère du village, et des gendarmes qu’il a conduit ces derniers au domicile de M. Afana Tsala. Et que c’est lui seul qui connaît le jeune garçon qui leur a livré les armes au centre du procès. «Armand m’a demandé si Afana Tsala détient une arme avec laquelle on peut braquer. Je lui ai répondu qu’il n’en avait pas, mais qu’il connaissait quelqu’un qui pouvait lui en fournir. J’ai finalement compris que c’était un scénario pour mettre la main sur Afana. Mais, quelques jours plus tard après l’arrestation de ce dernier, les gendarmes m’ont aussi appréhendé», a-t-il poursuivi.
Dans ses réquisitions, le représentant du parquet a contesté la version des faits donnée par les mis en cause. Selon lui, les concernés sont des braqueurs. Il explique que l’arrestation de ces derniers fait suite à une enquête menée par les forces de l’ordre qui s’appuyaient sur Armand, leur agent de renseignements, pour traquer les deux acolytes. «Ils se connaissent bien et le braquage est leur activité. Il n’y a qu’à voir la facilité avec laquelle ils se sont procurés l’arme à feu, le poignard et les munitions», a poursuivi le magistrat du parquet. Il conclut que Jean Paul Olemba et Afana Tsala disent des mensonges et doivent être déclarés coupables des faits de détention illégale d’arme et munitions pour lesquels, ils ont été renvoyés en jugement. Les mis en cause seront fixés sur leur sort le 14 février 2021.