Charles Ndongo alourdit les charges de Vamoulké au TCS

Par Emile Kitong – ekitong@gmail.com Après douze mois passés en prison à se tourner quasiment les pousses, Amadou Vamoulké, l’ancien Directeur général de la Cameroon Radio Television (Crtv), constate un regain spectaculaire de l’intérêt du tribunal criminel spécial (TCS) sur son cas. La semaine écoulée, le journaliste a été extrait à deux reprises de la prison centrale de Yaoundé – Kondengui où il est détenu. La première fois, le lundi 31 juillet 2017, il a pris part à l’ouverture de la phase de jugement du procès qui l’oppose à l’organisme public de radio et télévision pour un supposé détournement des fonds publics d’une somme d’environ 3,9 milliards de francs. Et la seconde fois, trois jours plus tard, le 3 août 2017, il a répondu à une convocation du corps spécialisé des officiers de police judiciaire du TCS où une nouvelle enquête est ouverte contre sa personne. Selon les sources judiciaires, Charles Ndongo, le successeur de M. Vamoulké à la Crtv, avait commandé un audit de la gestion financière de l’entreprise par son prédécesseur peu de temps après sa prise de fonction. Cet audit avait été confié au cabinet comptable BBI Advisory and Audit. C’est le rapport de l’audit en question, dont les conclusions sont encore inconnues par votre journal, qui servirait de support à une nouvelle enquête policière ordonnée par le procureur général près le TCS. L’enquête est menée par le colonel Atangana Fiacre, adjoint au chef de division du corps spécialisé des OPJ du TCS. Mais le rapport en question est dans les couloirs de la Justice depuis plusieurs semaines déjà, voire des mois, selon les sources de Kalara . C’est la «technique du rouleau compresseur» mise à jour pour broyer le justiciable Vamoulké qui aurait commandé son exploitation actuelle... La suite de l’enquête reste attendue. Notification des charges Cette nouvelle enquête est sans incident sur la précédente procédure judiciaire pour laquelle il est embastillé depuis le 29 juillet 2016. En effet, la phase de jugement du procès en question a démarré le lundi précédent, 31 juillet 2017. Cette première audience n’a pas mis long, d’autant que le représentant du ministère public est simplement venu solliciter le renvoi de l’affaire pour préparer la liste de ses témoins. Les trois accusés, dont l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, Polycarpe Abah Abah, et l’ancienne directrice de la Cameroon Marketing Agency (Cmca), l’agence publicitaire interne de la Crtv, étaient bien présents. Ils ont été soumis à la notification par le tribunal des charges qui pèsent sur eux. Il s’agit d’une phase rituelle du procès au cours de laquelle chacun des mis en cause est informé de l’objet précis des poursuites qui sont engagées contre lui. Le tribunal ne s’est pas contenté de lire les charges contenues dans l’ordonnance de renvoi, le rapport de l’enquête judiciaire qui circonscrit le cadre des poursuites judiciaires. Il a interrogé chacun des accusés sur le choix de défense qu’il avait opéré par rapport aux charges en question. Les juges ont demandé à M. Vamoulké et à ses coaccusés s’ils plaidaient coupable ou non. Ils ont tous déclaré plaider non-coupable. Une formalité qui a amené l’une des avocates de M. Abah Abah à sortir rapidement ses griffes. Elle a demandé au tribunal de prendre note que le ministère public était désormais forclos pour présenter la liste de ses témoins et les faire auditionner. L’article 414 du code de procédure pénale, a-t-elle rappelé, faisait obligation aux parties au procès de dresser et de faire parvenir aux autres protagonistes, cinq jours avant le début des débats, la liste de leurs témoins éventuels. L’avocate estime que les débats se sont déjà ouverts et que le ministère public était déchu de la capacité à faire intervenir des témoins. Ministère public forclos ? «De quoi a-t-on peur de l’autre côté ?» , a réagi M. Tchoussi André, l’avocat général qui officiait pour le compte du ministère public, avant de poursuivre : «Est-ce que le terme débat signifie autre chose que ce que nous savons tous ? Le ministère public notifiera sa liste des témoins avant l’ouverture des débats» , a-t-il enchainé. Mais son adversaire ne s’est point laisser-compter : «Vous avez ouvert les débats. Vous avez demandé aux accusés s’ils plaident coupable ou non coupable. Le ministère public est forclos» , a-t-elle indiqué au tribunal dont les membres n’ont pas réagi. L’avocate du ministre Abah Abah avait initialement indiqué qu’elle avait notifié sa liste des témoins de son client à toutes les autres parties le 26 juillet 2017, soit cinq jours plus tôt, pour être en règle le jour de l’audience. Le tribunal n’a pas tranché le débat naissant. Il a renvoyé la suite du procès au 16 août 2017. Rappelons que les poursuites judiciaires initiales contre M. Vamoulké étaient nées d’un audit de la gestion de la Crtv réalisé par le Contrôle supérieur de l’Etat pour la période 2005 à 2006. Encore en fonction à la tête de la Crtv, le journaliste avait été inculpé libre pour un supposé détournement des deniers publics relatif à des allégations de gonflement artificiel de l’enveloppe de la redevance audiovisuelle au détriment du trésor public. Il devait aussi répondre de la prise en charge reçue de la Crtv dans le cadre de ses vacances annuelles, puis d’un double paiement allégué de certains avantages de fonction. Un mois après son limogeage de la Crtv, il avait été placé en détention provisoire. Il séjourne depuis à la prison centrale de Kondengui.

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