Par Jacques Kinene – jkine7@yahoo.fr
Le passage de Jean Olivier Owona, présentateur de nombreuses émissions et figure bien connue de la Cameroon Radio Television (Crtv) devant le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif le 6 mai 2021, n’était pas une ballade de santé. Les questions pièges de la représentante du parquet et les témoignages accablants de ses adversaires visaient à convaincre le juge en charge du dossier de la culpabilité du journaliste. Ce dernier s’est défendu du mieux qu’il pouvait. Les responsables de l’Union des Eglises Evangéliques du Cameroun (UEEC ) paroisse du quartier Santa Barbara à Yaoundé reprochent à Jean Olivier Owona, leur voisin, d’avoir détruit les matériaux de construction achetés avec les fonds des fidèles.
Selon les témoignages faits le 6 mai 2021 par le secrétaire général de l’UEEC et deux autres témoins de l’accusation appartenant tous à cette église, il ressort que le litige entre cette confession religieuse et M. Owona Jean Olivier remonte en 2020 lorsque cette église en construisant son mur de soutènement a malencontreusement renversé un mur de la clôture du journaliste. Ce dernier avait alors porté plainte contre l’église auprès du Sous-préfet, du maire et à la gendarmerie de la localité. Au terme des pourparlers entre les parties au procès, il avait été demandé à l’église de reconstruire le mur détruit. C’est ainsi que les fidèles avaient réuni des fonds pour l’achat des parpaings, ciment, sable, fer et planches. Le Secrétaire général de l’UEEC dit avoir adressé deux correspondances à M. Owona, hostile à toute rencontre avec les responsables de l’église, pour l’informer du début des travaux. «Non seulement, nos correspondances sont restées lettres mortes, mais nous avons aussi été surpris de constater que Jean Oliver Owona en compagnie de quelques personnes, avait détruit dans la nuit du 4 décembre 2020, une partie des matériaux entreposés à côté de l’église ainsi que la fondation qui avait déjà été implantée pour la construction du mur querellé» a déclaré l’un des témoins de l’accusation.
Par ailleurs, les plaignants ont indiqué n’avoir pas vécu le forfait perpétré par le journaliste dans la nuit, ils affirment par contre, avoir trouvé ce dernier le lendemain en démolissant la fondation déjà érigée et transportant les débris du matériel qu’il avait détruit nuitamment vers une destination inconnue. Ils ont présenté au tribunal, les prises de vue qui confirment, d’après eux, les accusations portées contre le mis en cause. «L’église a effectué des dépenses pour l’achat des matériaux de construction qui n’ont finalement servi à rien, elle pleure son argent», a conclu l’un des plaignants.
Pour sa défense, Jean Olivier Owona a dit ne se reconnaître dans aucun des faits qui lui est imputé par ses voisins de l’UEEC. «En rentrant dans la nuit du 4 décembre 2020, j’ai été surpris de trouver que des personnes que j’ignorais avaient creusé la terre à l’entrée de mon domicile. Le lendemain dans les premières heures de la matinée avant mon départ au travail, j’ai remblayé le fossé pour libérer le passage, surtout pour mes enfants mineurs qui avaient été traumatisés par la terre rouge semblable à celle d’une tombe en présence des membres de cette église qui n’ont rien dit. Depuis lors, aucun responsable ne m’a approché » a déclaré l’employé de la Crtv avant d’indiquer avoir déposé au bord de la route les quelques parpaings qui encombraient sa cour. Le mis en cause a nié les faits de destruction, et dit n’avoir jamais reçu des lettres de cette église. Il a, en outre, demandé au tribunal de ne pas prendre en considération les photographies présentées par les plaignants étant donné qu’elles sont anonymes et ne portent aucune date.
Photographies muettes
Poursuivant son récit, Jean Olivier Owona, a expliqué avoir occupé le premier le terrain en empiétant une petite partie du terrain de cette église. Il raconte qu’il devait verser à l’église la somme de 450 000 francs au terme d’un arrangement amiable. « Je leur ai déjà versé 490 000 francs. Mais pendant des travaux qu’ils avaient entrepris en 2019, ils ont renversé mes deux murs et un forage de gaz naturel. J’ai renoncé, d’ailleurs à la procédure judiciaire que j’avais engagé contre l’église pour des raisons morales», a confié le journaliste. A la question du parquet de savoir pourquoi avoir remblayer la fondation et déplacer les parpaings sans recouvrir aux responsables de l’église ou aux autorités compétentes ? M. Owona a dit n’avoir pas eu à l’esprit de le faire. Il avait pour seule préoccupation de libérer le passage qui était barré, a-t-il conclu.
Le magistrat du parquet a, pour sa part, requis la culpabilité de Jean Olivier Owona en s’appuyant sur les déclarations des témoins de l’accusation, le constat d’huissier de justice qui confirment les destructions imputées au journaliste et le fait que ce dernier n’a présenté aucun témoin pour sa défense.
L’avocat des plaignants a corroboré les propos du ministère public en ajoutant que les problèmes opposant ses clients au mis en cause se sont retrouvés devant la justice parce que ce dernier rejetait toutes les propositions de négociations avec les membres de l’église. Il a demandé au tribunal de le déclarer coupable des faits de destruction.
Pour Me Beback Elisabeth, l’avocate de la défense, l’église a eu tort d’engager unilatéralement les travaux de reconstruction du mur de son client à son insu. «Si l’église était moralisatrice, si elle recherchait la paix, elle se serait rapprochée de M. Owona pour l’avertir du démarrage des travaux querellés. Mais elle a choisi d’en faire à sa tête sans requérir l’avis de mon client», a noté l’avocate. Elle a souligné que les photographies dont se prévalent leurs adversaires sont muettes avant d’ajouter que le mis en cause n’a rien détruit. L’avocate soutient en outre que l’église n’a rien perdu dans cette affaire étant donné que le mur qu’elle voulait construire appartenait à Jean Olivier Owona. Elle a plaidé pour que le juge déclare son client non coupable des faits qui lui sont reprochés. Le tribunal compte se prononcer sur la culpabilité ou pas du journaliste le 28 mai 2021.