Le torchon brûle entre Patrick Kana, représentant de l’association des amis résidants de Maryland (Carma) et Henri Bomba, ingénieur agronome spécialiste en production végétale. Incarcéré à la prison centrale de Yaoundé Kondengui depuis deux mois, il est poursuivi pour abus de confiance devant le Tribunal de première instance(TPI) de Yaoundé centre administratif.
D’après le représentant du parquet, en janvier 2018, M. Bomba Henri avait déterminé les membres de l’association Carma à lui remettre la somme de 5,2 millions de francs comme leur participation au financement d’un projet de production de 150 000 plants agricoles divers. Henri Bomba promettait en contrepartie à ses partenaires le partage à part égale des retombées de l’opération, soit 25 millions de francs que ces derniers devaient percevoir après 6 mois d’activités. Cet accord a été entériné par une convention de partenariat.
Seulement les délais prévus dans ladite convention se sont écoulés sans que le mis en cause honore ses engagements. Pis, il n’a pas restitué les fonds versés par Carma. Raison pour laquelle, le représentant de cette association a engagé une procédure judiciaire contre l’ingénieur agronome.
Le 1er février 2021, M. Bomba Henri a donné sa version des faits qui lui sont reprochés en l’absence du plaignant. Larmes aux yeux, le jeune ingénieur a expliqué qu’après sa formation en Tunisie, il est rentré au Cameroun et a créé en 2017 une entreprise spécialisée dans la production des plants agricoles qui employait déjà près de 300 jeunes camerounais. C’est dans le cadre de ses activités qu’il dit avoir conclu un marché avec M. Isidore Nguelé, commissaire de police, pour la réalisation des travaux sur 150 ha dans le Nyong-et-So’o, région du Centre, pour un coût total de 188 millions de francs. Les travaux consistaient à produire et planter 395,500 pieds de cacaoyers, bananiers plantains et autres espèces sur cet espace.
Victime des persécutions
Poursuivant son récit, M. Bomba raconte que c’est son avocat connaissant ses activités qui l’a mis en contact avec M. Kana Patrick, le représentant de Carma qui a donné un apport de 5,2 millions de francs pour la production 150 000 plants. La clause prévoyait que Carma reçoive 25 millions de francs de bénéfices à la fin de l’opération. Mais cela n’a pas été possible parce que, dit-il, le commissaire de police n’a toujours pas réglé la facture en dépit des sommations de payer de l’huissier de justice. «Pourtant, j’ai été obligé de recourir à un crédit bancaire le 17 mars 2017, pour réaliser entièrement ce marché qui a été réceptionné. J’ai fait constater les réalisations par un huissier de justice. Je compte avoir dépensé plus de 65 millions de francs dans cette affaire. Et jusqu’à ce jour, le commissaire n’a pas versé un seul radis. Ce dernier a plutôt multiplié les menaces de toutes sortes contre ma personne et mes employés », a confié l’agronome. Il ajoute que ses collaborateurs ont souvent été jetés dans les cellules du commissariat de Mbalmayo, pendant que d’autres ont perdu la vie sans avoir perçu leur rémunération. «Il me dit qu’il va payer cet argent quand il voudra». M. Bomba Henri a brandi une lettre qu’il a adressée au Sous-préfet de Akoeman, localité qui abrite la plantation au centre du litige pour lui faire part de ses déboires. Il affirme avoir respecté le contrat mais le blocage vient du commissaire.
Dans ses réquisitions, le représentant du parquet a dit que les clauses entre les parties étaient claires : l’association Carma devait investir 5,2 millions de francs pour la production de 150 000 plants pour gagner 25 millions de francs 6 mois après. Aujourd’hui, les plaignants n’ont ni argent ni plants a conclu le ministère public avant de demander au tribunal de déclarer le mis en cause coupable des faits d’escroquerie.
Pour sa part, l’avocat de M. Bomba Henri a marqué son étonnement par rapport à la position du représentant du parquet qui parle d’escroquerie alors que dans l’acte qui saisissait le tribunal, il était question d’abus de confiance. Il soutient que c’est plutôt son client la véritable victime dans cette affaire. Non seulement il croupit en prison à cause d’un plaignant qui refuse de comparaitre de peur d’être confondu devant la barre, mais après avoir contacté un prêt à la banque, le commissaire de police refuse de le payer un travail qui a été effectivement réalisé et réceptionné. « Mon client a bien rempli sa mission ce qui arrive ne doit lui être imputé», a déclaré l’avocat. Pour ce dernier, les faits d’abus de confiance ou d’escroquerie imputés à son client ne sont pas fondés. Raison pour laquelle, il demande au tribunal de déclarer son client non coupable des infractions retenues contre sa personne et de le renvoyer libre afin qu’il aille mettre son expertise au profit de la société. Le juge a renvoyé l’affaire au 1er mars prochain date à laquelle, il devra se prononcer sur la culpabilité ou non de M. Bomba Henri.