Le 28 janvier 2021, le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif a ouvert les débats dans l’affaire qui oppose le ministère public à Rosine Boyomo, une militante du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC). Mais l’audience a été consacrée sur les préliminaires portant sur l’admission ou pas des éléments de preuve présentés par le parquet, notamment un procès-verbal (PV) d’enquête préliminaire et des photographies, qui ont fortement été contestés par la défense. Rosine Boyomo, faut-il le rappeler, est poursuivie pour les infractions de rébellion, outrage à la moralité publique et défaut de carte nationale d’identité (CNI). Il est reproché à la militante du MRC d’avoir pris part à une manifestation publique interdite pendant laquelle ses camarades du parti et elle se seraient opposer et tenter d’empêcher le maintien du dispositif sécuritaire mis en place par les autorités compétentes au domicile du leader de leur formation politique au quartier Santa Barbara, à Yaoundé. Au moment de son interpellation, Rosine Boyomo était dépourvue de sa CNI. L’accusée, qui comparait libre, plaide non coupable des faits qui pèsent sur sa personne.
Pour l’avocat de Rosine Boyomo, le dossier de procédure est vide. Il a indiqué que le PV d’enquête préliminaire contient uniquement les déclarations de la mise en cause et ce document ne mentionne nulle part l’existence des captures d’écran. L’homme en robe noire évoque également l’absence d’un procès-verbal de prise de vue et soutient que les photographies qui ont été produites par l’accusation ont été imprimées à partir d’un écran et n’ont pas fait l’objet de reconnaissance par sa cliente. Pour tous ces manquements, la défense souhaite que tous les éléments de preuve produits par le parquet soient purement et simplement rejetés. «Le rassemblement des preuves n’a pas été loyale. Les photos qui ont été produites sont extraites du digital. Les faits ne se sont pas déroulés sur le net», a déclaré l’avocat.
Au terme des débats, le tribunal a admis toutes les autres pièces qui lui ont été présentées sauf la photographie prise sur le net. Alors que toutes les conditions étaient réunies pour que Rosine Boyomo présente enfin sa défense, son avocat a sollicité un report de la cause. L’affaire a été renvoyée au 25 février 2021.
En rappel, le 21 novembre 2020, une rue de Yaoundé a été le théâtre d’un spectacle peu ordinaire. Une vingtaine de femmes à moitié nue avaient entamé une marche en direction du domicile de Maurice Kamto, pour demander sa libération. La résidence du président du MRC avait été encerclée par les forces de l’ordre depuis le 21 septembre 2020 dans la nuit, à la veille du 22 septembre, date annoncée pour une marche pacifique à travers le territoire national pour exiger du pouvoir la résolution de la crise anglophone et la réforme du code électoral pour les élections plus justes. C’est au cours de cette manifestation que ces militantes du MRC avaient été interpellées par les éléments de la police avant d’avoir atteint leur destination. Brièvement détenues dans divers commissariats de la ville, elles ont été entendues avant d’être relâchées pour certaines.