M. Fouda Neme Salomon, chef de groupement (2ème degré) de Nkolbiwa, qui était incarcéré à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui depuis le 11 janvier 2022, a été remis en liberté jeudi, le 24 mars 2022. Inculpé de «coaction de vol aggravé et complicité de vol aggravé et de détention illégale d’une arme de 5e catégorie», le chef de groupement a bénéficié d’une main levée d’office du mandat de détention provisoire qui lui avait été décerné. Le capitaine magistrat Fakwi Antoine, juge d’instruction au Tribunal militaire de Yaoundé, a estimé que l’incarcération de ce chef traditionnel n’était plus nécessaire, bien que l’enquête le concernant ne soit pas encore bouclée.
Neveu du Pr Fouda Pierre Joseph, directeur de l’hôpital central de Yaoundé, le chef Fouda Neme avait été interpellé par le Groupement spécial des opérations (Gso) de la police, à la suite d’un vol perpétré à la résidence de campagne de son oncle dans leur village, Nkolbiwa III, localité située dans l’arrondissement de Ngondzap dans le Nyong Esso’o. Au petit matin du 2 novembre 2021 en effet, le domicile du professeur de médecine avait été visité. Et les malfrats étaient repartis avec un butin estimé à trois millions de francs en plus de bons de carburant d’une valeur 500 mille francs. Selon les premières déclarations du propriétaire des lieux. Une moisson que les suspects interpellés plus tard par des gendarmes situent à 70 millions de francs, l’équivalent de 150 mille euros, les devises qu’ils disent avoir emportées.
En fait, selon des sources familiales, l’affaire du cambriolage au domicile du Pr Fouda a fait l’objet de deux enquêtes de police. La première était conduite par la division régionale de la police judiciaire du Centre (Drpj) suite à une plainte contre inconnu du Pr Fouda. La deuxième était l’œuvre de la Légion de gendarmerie du Centre. Sur la base d’un renseignement, les gendarmes avaient interpellé de jeunes gens suspectés par leur comportement et leurs avoirs, qui ont fini par révéler qu’ils étaient des auteurs du cambriolage au domicile du directeur de l’Hôpital central. Et qu’ils avaient perpétré le coup de vol parce que certains membres du gang avaient décidé de se venger du Pr Fouda, qui les avait employés par le passé sans leur payer ce qui leur était dû. Ils sont restés constants dans leurs témoignages, assumant le cambriolage.
Chose curieuse, la Dprj du Centre a pris, dans ses filets, six autres personnes dont le chef Fouda Neme Salomon, comme auteurs du même cambriolage. Mais l’un des jeunes frères du chef, M. Ariel Fouda, témoigne que le Pr Fouda avait bénéficié des services d’une tradi-praticienne pour orienter ses suspicions vers son neveu et chef. Et qu’il avait bénéficié de sa proximité avec un M. Mbarga Nguelle, le patron de la police pour faire interpeller le chef. Un scénario que M. Ariel Fouda met sur le compte d’une stratégie de reconquête de la chefferie de groupement de Nkolbiwa dont le précédent titulaire, petit frère du professeur de médecine était le père de M, Fouda Neme Salomon.
Bien que le juge d’instruction ne se soit pas encore prononcé sur le fond des charges qui pèsent sur le chef, se contentant de dire que ce dernier a subi les interrogatoires nécessaires et a fait l’objet de toutes les confrontations possibles, la levée d’office du mandat d’incarcération du chef est un indice qui laisse croire que le Capitaine militaire Fackwi Antoine a déjà une idée arrêtée sur l’implication ou non du chef dans ce cambriolage. Mais il est plus sage d’attendre la fin de l’enquête pour être fixé.