Ecroué à la prison centrale de Yaoundé Kondengui depuis 2017, M. Bessala Jean Bosco, ancien gendarme à la sécurité présidentielle, répond des faits de faux et usage de faux devant le Tribunal de grande instance du Mfoundi. Il lui est reproché d’avoir contrefait la signature, le sceau et des actes établis par le président de la République Paul Biya et d’en avoir fait usage. L’affaire revenait à l’audience de cession spéciale du 29 septembre 2021 pour l’ouverture des débats.
Selon l’accusation, le 1er décembre 2017, le directeur de la sécurité présidentielle a mis à la disposition du service central de recherches judiciaires M. Bessala Jean Bosco, qui avait été surpris en possession de plusieurs documents, signature et cachet contrefaits ainsi que de décisions prétendument signées par le chef de l’Etat. Au cours de l’enquête ouverte par cette unité de gendarmerie, le mis en cause avait déclaré qu’il était en service à la présidence de la République et qu’il maîtrisait les rouages de cette institution. Le gendarme à la retraite avait donc profité de sa situation pour arnaquer de nombreuses personnalités à qui il promettait de faciliter la nomination à de hauts postes de responsabilité. Pour convaincre ses interlocuteurs Jean Bosco Bessala présentaient à ces derniers des prétendues décisions signées du président Paul Biya.
Dans son exposé le représentant du parquet a ajouté que l’accusé exigeait en contrepartie à ses supposées victimes, d’importantes sommes d’argent. Le magistrat du parquet a estimé que le fait d’avoir extorqué des fonds à des tiers, contrefait la signature et le cachet de l’Etat et les aveux de ce dernier à l’enquête préliminaire sont des éléments suffisants pour que l’accusé présente sa défense. Sauf que M. Bessala Jean Bosco qui semble contester certains aspects des déclarations faites par le ministère public dans son exposé des charges retenues contre sa personne, n’a pas pu donner sa version des faits. Et pour cause, ses avocats ont contesté le fait que le parquet parle des pièces admises au dossier de procédure alors même que celles-ci n’ont pas été discutées devant la barre. Ils estiment que le principe du contradictoire qui régit le procès pénal a été violé. Ils ont exigé que les pièces dont il est question soient soumises à leur examen pour qu’ils puissent efficacement assurer la défense de leur client. Le tribunal a accédé à leur demande en mettant à la disposition de ces derniers, les pièces du dossier pour qu’ils en prennent connaissance.
Réagissant aux propos des avocats de Jean Bosco Bessala, le magistrat du parquet a, pour sa part, expliqué qu’en matière criminelle, c’est le juge d’instruction qui saisit le tribunal à travers l’ordonnance de renvoi et non le ministère public. Dans ses conditions, le parquet n’avait aucune pièce à déposer au dossier de procédure. Le collège des juges en charge de l’affaire a décidé de calmer les esprits surchauffés en renvoyant la suite des débats au 22 octobre 2021, date de la prochaine audience.