Par Odette Melingui – odettemelingui2@gmail.com
Vêtu d’une gandoura verte bien repassée, Haman Oumarou, qui se présente comme un journaliste et promoteur d’un journal en ligne, était sapé comme s’il prenait part à un mariage. Il est pourtant en détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé kondengui depuis des mois, et comparait devant le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif où il a été renvoyé en jugement pour les faits d’escroquerie, de faux et usage de faux en écriture publique et authentique. C’est Arthur Mboumal Yao Babong, son frère cadet, et un certain Siddiki Fabbaou qui sont à l’origine de ses déboires judiciaires. L’homme est par ces deux personnes pour leur extorquer des fonds contre une fausse promesse de travail. Pour parvenir à son objectif, le mis en cause avait imité la signature et le cachet nominatif de M. Aboubakary Abdoulaye, le premier vice-président du Senat. Le 11 août 2021, les débats se sont tenus en l’absence de M. Siddiki Fabbaou.
Il ressort des débats que Haman Oumarou, qui, était attaché de presse au Senat auparavant, a pris sur lui de chercher un emploi à Arthur Mboumal Yao Babong, son frère cadet et à M. Siddiki Fabbaou moyennant des sommes d’argent. C’est ainsi qu’il a constitué le dossier de son petit frère, dans lequel il a introduit une lettre de recommandation prétendument signée par le premier vice-président du Senat, et y a apposé son cachet nominatif. C’est après avoir déposé ledit dossier à la Société National des Mines (Sonamines) qu’il a été appréhendé et conduit dans une unité de gendarmerie. Il médite désormais sur son sort à la prison centrale de Yaoundé Kondengui.
Aveux
Pour sa défense devant la barre, le mis en cause, qui a choisi de témoigner sous serment, a semblé se contredire pendant ses déclarations. Il a expliqué que son jeune frère, qui venait tout juste de terminer sa formation dans le secteur minier, l’a sollicité dans la recherche d’un emploi. Il dit avoir constitué un premier dossier, qu’il a remis à l’ancien ministre des Mines, qui, quelques mois plus tard, a été relevé de ses fonctions. Il a ensuite rencontré le secrétaire du ministre, qui lui a plutôt conseillé de déposer son dossier au Centre d’Appui et de Promotion des Activités Minières (Capam), puis à la Société National des Mines (Sonamines). Il avait alors besoin d’une lettre de recommandation signée du premier vice-président du sénat pour faciliter le recrutement de Arthur Mboumal Yao Babong dans cette entreprise publique nouvellement créée. Le mis en cause dit avoir pris part à la cérémonie d’ouverture de la session parlementaire du Sénat espérant rentrer en contact avec le M. Aboubakary Abdoulaye. En vain. Il a même déposé un dossier à sa résidence, mais n’a obtenu aucune réponse.
Déçus, mais déterminé à faire entrer son cadet dans l’entreprise publique, il a pris sur lui de fabriquer le cachet nominatif du premier vice-président du Sénat puis a falsifié sa signature. Arrivé au ministère des Mines, la secrétaire m’a fait comprendre que la Sonamines n’a pas encore de siège, et que l’entreprise ne recrute pas encore. Il a néanmoins insisté et déposé le dossier» a-t-il déclaré. Lorsque l’affaire a déclenché, Haman Oumarou dit avoir proposé au nouveau directeur de la Sonamines la quatrième de couverture de son magazine en ligne pour parler de la société afin de faire sa publicité, mais, ce dernier s’est opposé à sa proposition. Pour ce qui est des sommes d’argent perçues auprès des plaignants, l’accusé a déclaré avoir reçu 120 mille francs de Arthur Mbouma soit 20 mille francs pour l’obtention du cachet nominatif et 100 mille francs pour son carburant.
Lors de ses réquisitions, le représentant du ministère public a requis la culpabilité du mis en cause et a pris acte du désistement d’Arthur Mboumal Yao Babong pour la procédure qu’il avait engagée contre ce dernier. Pour le parquet, la lettre de recommandation falsifiée par Haman Oumarou était une forme de trafic d’influence en vue du recrutement de son frère. Le verdict est attendu le 8 septembre 2021