Par Marie Bahané (Stagiaire) welaomari@gmail.com
M. Bekolo Bekolo, un jeune ingénieur agronome est aux abois. Il ne sait plus à quoi ressemble sa cacaoyère créée à Akonolinga, juste après sa formation en 2015. Il a abandonné cette plantation suite à une altercation qui l’a opposé à son homonyme M. Bekolo Mbe Cyriac. Ce dernier accuse l’agronome et son géniteur M. Ngalle Biwole Jacques de trouble de jouissance et destruction de ses plants. Un jugement avait été rendu dans cette affaire en 2016 par le tribunal d’Akonolinga qui avait condamné le père et son fils à 2 ans de prison ferme et au paiement à M. Bekolo Cyriac de la somme de 40 millions de francs de dommage et intérêts. Mais, les condamnés, qui n’ont pas baissé les bras, ont fait appel de la décision devant la Cours d’appel du Centre qui a repris les débats au point zéro.
M. Bekolo Mbe Cyriac, a fait appel à sa mère comme témoin dans cette affaire. Il dit être le premier occupant du site querellé en 2015 après l’avoir acquis auprès d’un certain Paul Mbida suite à une cession. Ce dernier lui avait assuré de ce que le lopin de terre en question n’avait pas de titre foncier. Il souligne qu’à son arrivée dans les lieux, le site n’était qu’une forêt vierge qu’il a aussitôt défrichée avant d’y implanter un champ d’arbres fruitiers et de cacaoyers. Il raconte avoir vu les accusés Ngalle Biwole Jacques et Bekolo Bekolo s’introduire dans son champ pour arracher et couper des arbres. Il a produit le procès-verbal de constat effectué par la délégation d’agriculture de la localité comme pièce au soutien à l’accusation.
La version des faits du témoin a corroboré celle de M. Bekolo Mbe Cyriac. La mère du plaignant a déclaré qu’il s’agissait d’un malentendu portant sur deux sites voisins. Elle affirme que l’affaire au centre de ce procès a été débattue devant le chef du village. Ce dernier, après la tenue d’une palabre, avait désigné un notable pour restaurer les limites du terrain en question, mais que Jacques Ngalle Biwole et son fils ont toujours contesté la décision du chef du village.
Pour sa défense, M. Ngalle Biwole Jacques a déclaré avoir hérité de la parcelle litigieuse de son père. D’après lui, le terrain appartenait à son grand-père et c’est ce dernier qui y aurait planté les arbres fruitiers et les cacaoyers dont se réclame le plaignant. Il dit avoir été saisi par son fils qui avait terminé la formation d’ingénieur agronome. Ce dernier lui demandait un espace pour transplanter les pépinières de cacaoyers qu’il disposait. C’est ainsi qu’il déclare avoir montré le site querellé à son fils ainsi que les différentes délimitations. Il explique avoir été surpris plus tard qu’il faisait l’objet d’une plainte.
M. Bekolo Bekolo, qui plaide non coupable des faits de destruction qui lui sont reprochés, a déclaré avoir acquis la parcelle querellée de son père. Il soutient que ce dernier lui avait expliqué qu’elle appartenait à son grand-père. Il dit avoir saisi l’occasion pour y réaliser un projet d’agriculture qui le tenait à cœur la sortie de l’école de formation. Il a indiqué qu’il s’agissait de deux parcelles de terrain séparés par un cours d’eau qui servait de limite entre elles. M. Bekolo déclare que son homonyme avait traversé la rivière pour se retrouver dans sa parcelle pendant qu’ils défrichaient encore leur champ. Il raconte que le tribunal d’Akanolinga, avait été saisi de cette affaire en 2016 après que la mairie avait dressé un certificat d’abandon coutumier. Et à l’issue d’une décente sur le site querellé à la demande de M. Bekolo Mbe Cyriac, le tribunal les avait condamnés à 2 ans de prison et à verser la somme de 40 millions de dommage et intérêts à M. Bekolo Cyriac. « Je me suis retrouvé en prison perdant que mon champ est exploité désormais par M. Bekolo. Je ne repars plus au village, j’ai préféré rester à Yaoundé. Je vais refaire ma vie autrement », s’est lamenté le jeune ingénieur.
Le représentant du parquet a, quant à lui fondé ses réquisitions sur le procès-verbal du délégué d’agriculture et celui établi lors de la décente du tribunal sur le site querellé. S’agissant des faits de trouble de jouissance, il s’est remis à la sagesse des juges. Par contre, il a demandé à la Cour de déclarer les mis en cause, coupables des faits de destruction. L’avocat du plaignant s’est aligné derrière le magistrat du parquet. Tandis que l’avocat de la défense a plaidé plutôt pour la relaxe de ses clients car pour lui, les faits de destructions et de trouble de jouissance, qui leur sont imputés ne sont pas matérialisés. La Cour a mis l’affaire en délibérée pour le 23 août prochain.