Le mariage entre Tony et Jenny ne tient plus qu’à un fil. Les époux, qui ne vivent plus sous le même toit depuis deux ans, sont sur le point de mettre un terme à leur histoire d’amour. Le couple n’a pas eu d’enfant après neuf ans de mariage, à cause de l’instabilité supposée de l’homme, gendarme de profession. C’est Tony qui a saisi le tribunal de premier degré de Yaoundé d’une requête en divorce. Il accuse son épouse d’avoir déserté le domicile conjugal alors qu’il était en mission à l’Extrême Nord et soutient que son mariage a été une erreur. Présente à l’audience, Jenny, une femme visiblement abattue par les coups de la vie, a donné sa version des faits.
C’est en 2010 que Tony et Jenny se sont rencontrés pour la première fois dans leur congrégation religieuse. Après neuf mois de fréquentation, le couple s’est uni devant Dieu et les hommes. Le domicile conjugal a été établi à Yaoundé en raison des activités commerciales de la dame. Le chef de famille quant à lui, était affecté dans la région de l’Est. Le couple n’a véritablement jamais vécu ensemble. « Je rendais visite deux ou trois fois par an à mon épouse pendant les congés. Nous n’avons pas eu le temps de mieux nous connaître avant de nous marier. C’est ce qui est à l’origine de notre échec conjugal », a-t-il confié. Tony déclare en outre que pendant le temps qu’il passait avec sa femme, il a remarqué que cette dernière a des manquements. « Elle ne sait pas cuisiner les plats traditionnels. Tout ce qu’elle sait préparer, ce sont des friandises. En plus, ma femme ne connait pas tenir la maison. Chaque fois que j’arrivais à Yaoundé, je trouvais la maison en désordre ».
Méchanceté
Il y a deux ans que Jenny a définitivement déserté le domicile conjugal. Elle a profité de l’absence de son époux pour aller rejoindre sa famille. Malgré les multiples tentatives d’arrangement et les réunions de famille organisées par le gendarme, la dame refuse de rejoindre son foyer. A 45 ans, Tony, qui se dit jeune, veut refaire sa vie. Il a sollicité la liquidation des biens de la communauté et dit ne plus rien savoir de son amoureux d’hier.
Jenny a fondu en larme lorsqu’est arrivé son tour de parole. Elle a relaté au tribunal ce qu’elle qualifie de déboires conjugaux. Silencieuse tout au long du témoignage de son époux, la commerçante a entamé son récit en accusant Tony de méchant. « Mon mari est un menteur. C’est la personne la plus cruelle que je n’ai jamais vue de ma vie », a-t-elle confié. Jenny déclare que les raisons de leur rupture n’ont pas été évoquées par Tony lors de son récit. Ce dernier préfère une fois de plus l’humilier en public plutôt que d’assumer ses responsabilités. Selon elle, le problème principal de leur dispute est le fait qu’elle n’a pas donné d’enfant à son époux. Elle reproche d’ailleurs à ce dernier, de ne l’avoir jamais emmené voir un médecin, car, il est convaincu que le problème vient d’elle.
Loyer impayé
La dame soutient en outre que sa vie de couple n’a pas été un long fleuve tranquille. Entre violences verbales et infidélité de son époux, elle s’est réfugiée dans la prière pour ne pas succomber à la tentation du suicide. « Chaque fois que mon mari venait à Yaoundé, il partait dormir chez une autre femme, une de mes anciennes camarades de classe. Il me disait qu’il ne m’a jamais aimé, et qu’il va demander le divorce »
Pour ce qui est de son absence dans le foyer, Jenny relate que c’est parce que Tony avait accumulé deux ans de loyer impayé que le bailleur lui a demandé de libérer la maison. « Depuis que je suis mariée à cet homme, il ne m’a jamais donné la ration alimentaire, ni l’argent de poche. Il n’est pas attentionné et ne sais pas me complimenter. A ses yeux, je suis une mauvaise femme, l’erreur de sa vie », déclare-t-elle
Jenny, qui dit avoir obtenu déception et humiliation à la place du grand amour que lui avait promis Tony, se dit également prête à tourner cette page de sa vie. Elle ne s’oppose pas au divorce et souhaite que le tribunal prononce une décision aux tors exclusifs de son époux.