On n’a pas encore enregistré de satisfecit de la part des autorités publiques camerounaises depuis que la Justice française a vidé, en premier ressort, l’affaire qui opposait l’Etat du Cameroun à certains activistes camerounais en France, suite au saccage de l’Ambassade du Cameroun à Paris, le 26 janvier 2019. Et pourtant, le célèbre Calibri Calibro, moins connu par son vrai patronyme Abdoulaye Thiam, a a bel et bien écopé de 3 mois de prison avec sursis, sans inscription au casier judiciaire. Pareil pour un certain Robert Waffo Wanto, autre activiste qui a été frappé exactement de la même peine. Pour sa part, M. Nelson Asonsop Tchetchago, connu comme sous le petit nom de Maître Corbeau, le-frère de M. Anango, a reçu une note un peu plus salée que celle de ses compagnons. Il a été condamné à 4 mois de prison avec sursis, sans inscription au casier judiciaire.
Les trois activistes ont également écopé des sanctions pécuniaires. Chacun est appelé à payer une amende de 127 euros, soit près de 84 mille francs. Ils doivent par ailleurs verser, solidairement, des dommages et intérêts d’un montant de 4.500 euros, l’équivalent de 3 millions de francs au total. Toutes ces condamnations apparaissent sans doute dérisoires aux yeux des autorités publiques camerounaises, elles qui avaient visé rien moins que les infractions relevant de la sûreté de l’Etat et du terrorisme, c’est-à-dire des qualifications pénales pouvant aboutir à la peine de mort, dans le cadre des poursuites judiciaires menées au Cameroun au sujet des manifestations organisées le même 26 janvier 2019.
Les personnes arrêtées au Cameroun, rappelons-le, avaient fait l’objet de tortures et d’incarcération plus ou moins longues, avant d’être renvoyées devant les juridictions correctionnelles pour les uns, et criminelles pour les autres, sur une base que seuls les acteurs judiciaires peuvent expliquer. Les responsables du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) parmi lesquels Maurice Kamto, Me Ndocki, Alain Fogue et Célestin Ndjamen, ainsi que les alliés du président de cette formation politique lors de l’élection présidentielle de 2018, dont Christian Penda Ekoka, Albert Nzongang, Pau Eric Kingué, avaient pour leur part été renvoyés devant le tribunal militaire de Yaoundé pour terrorisme, insurrection armée, hostilité envers la patrie et incitation à la révolte.
Mais, ils n’avaient pas été jugés, le président de la République ayant ordonné l’arrêt des pour suites à leur égard et leur remise en liberté. Ils avaient beau dire qu’ils n’avaient pas des liens avec les activistes camerounais qui avaient saccagé les ambassades du Cameroun en France et en Allemagne. Le verdict que vient de rendre la justice française n’est pas loin d’être un autre révélateur de l’instrumentalisation de la justice camerounaise à des fins politiques, à travers un recours excessif à certaines lois spéciales afin de réprimer l’usage des libertés publiques au Cameroun. Est-ce la raison pour laquelle les autorités de la République ont le triomphe modeste.
Par Christophe Bobiokono