À qui appartiendra finalement cet immeuble tant convoité et qui fait pourtant le bonheur des locataires ? Le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif (CA) devra siffler la fin des hostilités entre deux sœurs consanguines. Alliées hier et ennemies d’aujourd’hui, Elodie et Rebecca sa sœur aînée ne s’entendent plus. Les deux filles de Roger se livrent une bataille pour l’occupation d’un immeuble, le seul souvenir qui reste de leur père décédé le même jour que sa femme et mère de Rebecca suite à un accident de la circulation. Les terrains et le compte bancaire ont été saisis par le frère de leur père. Après plusieurs années à l’étranger, Rebecca est revenue au Cameroun et veut vendre l’immeuble querellé. Elle fait face à la résistance d’Elodie, qui est contre ce projet. Ne pouvant pas laver le linge sale en famille, Elodie a saisi le tribunal d’une plainte dirigée contre sa sœur pour des faits d’agression et menaces. Des faits que Rebecca nie en bloc. Les deux parties ont confronté leurs arguments au cours d’une audience le 22 septembre 2021.
C’est une bagarre opposant les deux héritières un soir du 12 juillet 2019 qui est à l’origine des déboires judicaires de Rebecca. Au cours de cette altercation, Rébecca aurait versé un seau d’eau contenant du piment sur sa sœur cadette. En réalité, les deux filles ne se supportaient pas du vivant de leur père. Elodie raconte que sa sœur ne l’a jamais acceptée comme la fille légitime de leur père. Elle se rappelle des calvaires que sa sœur lui a fait vivre dans son enfance. « Elle me taxe d’enfant adultérin. Elle me traitait d’erreur de la vie d’un père. Depuis que j’ai rejoint le domicile de mon père en 2000, Rebecca n’a jamais montré un signe d’amour ni de fraternité. Elle disait à ses copines que je suis la fille de la ménagère. Elle s’est associée à eux pour me donner des coups avant de me balancer dans la rigole qui était à côté de notre maison », a-t-elle déclaré.
Enfant adultérin
Pour ce qui est de l’immeuble querellé, Elodie a déclaré qu’il ne représente pas grand-chose pour sa sœur, qui est installée en Europe depuis des lustres. «Cet immeuble est le patrimoine de notre famille. C’est le seul souvenir qui nous reste de nos parents. Les autres biens, mon oncle les a vendus. Elle vit à Mbeng, ça ne représente rien pour elle, mais moi, c’est toute ma vie.»
Pendant le témoignage de sa sœur, Rebecca, qui était bien assise sur le banc des accusés se contentait de secouer sa tête, comme pour dire ne pas se reconnaitre dans les accusations qui lui sont reprochées. Lorsqu’est arrivé le temps pour elle de se défendre, la « Mbenguiste » a déclaré qu’elle réclame ce qui lui revient de droit en tant qu’héritière de son père. Elle dit avoir proposé à sa sœur de vendre l’immeuble et de se partager la somme obtenue à partir de cette vente afin que chacune puisse investir de son côté. «Etant donné que nous sommes toute les deux mariées, chacune de nous peux faire bon usage de son argent. L’immeuble n’est ni habité par elle, ni par moi, il est en location, quelle est la différence entre ce que je propose et l’état de cette maison actuellement?», a-t-elle confié. Il faut attendre le 22 octobre prochain pour la suite des débats avec les réquisitions du ministère public.