Par Christophe Bobiokono – cbobio@gmail.com
M. Amadou Vamoulké a finalement renoncé à faire venir devant le tribunal les témoins qu’il avait identifiés pour sa défense, au lendemain de la fin de son propre oral face au collège des juges. Jugeant avec ses avocats, au regard de la densité de ses propres réponses et de la longueur du procès, que la convocation desdits témoins n’était plus nécessaire, il l’a fait savoir le 25 janvier dernier au tribunal, suscitant l’irritation quelque peu surprenante du parquet, dont le représentant au procès a pris la peine de relire la liste des 9 témoins de l’ancien DG en déclarant au tribunal qu’il s’apprêtait à les convoquer. Il a demandé au tribunal que ce fait soit acté, avant d’ajouter que «le tribunal fait son travail». Il ne suffit pas «d’aller brailler sur RFI», pour que ce ne soit pas le cas, a-t-il précisé, extériorisant sans le vouloir sa frustration devant la couverture médiatique internationale dont bénéficie l’affaire Vamoulké.
Concentré sur son sujet, le trio des juges a demandé au premier coaccusé de M. Amadou Vamoulké d’entrer dans le box des témoins, pour le début de son audition. Il s’agit de Mme Antoinette Menyeng Meyoa épouse Essomba. Elle était directrice de la Cameroon Marketing and Communication Agency (Cmca), la régie publicitaire interne de la Crtv, à l’époque des faits. Elle répond d’un détournement présumé de 212 millions de francs «en coaction» avec l’ancien DG de la Crtv.
Cette accusée avait été recrutée à la Crtv suite à un appel à candidatures lancé par l’ancien DG peu après sa nomination à la tête de l’entreprise publique. Professionnelle du marketing sortie de l’Essec (école de commerce) de Douala et enseignante d’université, elle avait été nommée à la tête de la Cmca par résolution du conseil d’administration de la Crtv prise le 14 novembre 2005. Elle a occupé cette fonction pendant sept ans, avant d’être remplacée. Sauf qu’elle sera interpellée en 2015 lorsque l’affaire Crtv démarre. Son inculpation et sa mise en détention provisoire à la prison centrale de Kondengui interviennent dans la foulée de l’interpellation de M. Gervais Mendo Ze (aujourd’hui disparu), le prédécesseur de M. Vamoulké comme DG de la Crtv.
Pas concernée par le volet 1 de l’affaire Crtv dont l’accusé vedette était M. Mendo Ze (le volet 2 étant celui qui concerne M. Vamoulké), pour avoir été recrutée de longs mois après le départ de ce dernier de l’entreprise, Mme Essomba a passé 18 mois de détention gratuite à la prison de Kondengui, avant d’être remise en liberté. C’est une épreuve difficile, et sans doute une injustice, qui ne doit pas l’avoir laissée indemne… Certaines sources, notamment un groupe d’employés de la Crtv notoirement hostile à M. Vamoulké, a longtemps entretenu la rumeur dans les milieux de la presse que c’est suites aux révélations de Mme Essomba que son ancien patron avait été rattrapé par la justice, même si la réalité du dossier judiciaire ne le prouve pas. Ce qui est sûr, c’est que l’ancienne directrice de la Crtv entretient des rapports froids avec son ancien patron depuis l’ouverture de leur procès commun…
Mme Essomba est restée sur cette ligne de distance, à tout le moins, dès ses premiers mots devant les juges. Elle en avait d’ailleurs déjà donné un avant-goût lorsqu’elle questionnait l’ancien DG au cours de la phase d’audition de ce dernier. Elle estime n’avoir aucun lien avec les faits sur lesquels se fondent les griefs retenus contre sa personne, en réfutant catégoriquement le fait d’avoir été présentée par certains acteurs du procès comme «directeur délégué de la Cmca». «En 2005 et 2006, précise-t-elle, j’assurais la fonction de directeur de la Cmca (confère sa décision de nomination). Je n’étais donc pas directeur délégué». Elle n’hésite pas à qualifier certains propos de ces acteurs (l’ancien adjoint du directeur de la Cmca et le DG de la Crtv notamment) de «déclarations mensongères, sans aucun fondement, et très loin de la vérité».
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