Par Marie Bahané (Stagiaire) welaomari@gmail.com
Les faits au centre de la procédure se déroulent en septembre 2009 au quartier Nlongkak à Yaoundé. M. Bohn Joachim Léopold, un officier de police connu sous le surnom de «Jacques Bauer» est renvoyé devant le Tribunal de grande instance du Mfoundi (TGI) suite à une plainte déposée contre lui par M. Ndongo Alain Hubert, son collègue et M. Eloundou Désiré, tenancier d’un débit de boissons situé non loin du poste de police de Nlongkak. Le policier est poursuivi pour tentative de meurtre, blessures simples et menaces sous conditions. L’accusé a présenté sa version des faits à l’audience du 4 juin 2021, soit plus de 10 ans après les faits, en l’absence des plaignants qui ne comparaissent pas.
Il ressort de l’ordonnance de renvoi (acte d’accusation) que le jour des faits, alors M. Eloundou Désiré fermait sa structure, aux environs de 22 heures, deux hommes (dont l’un en civil) lui ont demandé ainsi qu’à son épouse de les suivre. Face au refus de s’exécuter, il dit avoir été bastonné et traîné jusqu’au poste de police par M. Bohn Joachim Léopold. Il explique avoir perdu connaissance à la suite de cette altercation. Le «barman» avait indiqué que les sévices corporels dont il a été victime, lui ont valu une incapacité de travail temporel (ITT) de 35 jours, et lui ont couté une perte d’une valeur de 400.000 de francs, la somme de 80.000 représentant la recette du restaurant de son épouse et le vol de nombreux autres biens personnels. Il avait évalué le préjudice subi à la somme globale de 20.700.000 de francs. Il avait souligné que son neveu, M. Ndongo Alain Hubert s’était retrouvé dans l’affaire pour avoir voulu s’enquérir de la situation auprès de son collègue Joachim Léopold Bohn.
Pour sa part, M. Ndongo Hubert avait expliqué s’être rendu au poste de police de Nlongkak la nuit des faits après avoir reçu un coup de fil l’informant de ce que son tuteur s’y trouvait. «A mon arrivée au poste de poste de police , j’ai fondu en larmes en voyant mon oncle Eloundou et son épouse, baigner dans du sang. Son visage était gonflé» a déclaré Hubert Ndongo. Il dit avoir surpris l’accusé qui lui pointait l’arme et affichait un air farouche. C’est alors que M. Bohn Joachim Léopold a tiré le premier coup et n’a eu la vie sauve que grâce au bond qu’il a effectué vers l’extérieur du poste. Il ajoute que le deuxième coup de fusil ne l’atteindra pas aussi. Le plaignant conclut que les traumatismes qu’il a subi au cours de cet évènement lui ont causé une ITT de 8 jours.
Pour sa défense, à l’audience de ce 4 juin, M. Bohn Joachim était accompagné par deux de ses supérieurs hiérarchiques. Il a affirmé qu’il ne faisait que son travail. Il ne se reconnait pas auteur de toutes les violences dont il fait l’objet des poursuites judiciaires. Il a raconté avoir été saisi la nuit des faits par un certain Habib Ekanga qui s’est plaint d’être agressé par une femme en compagnie d’autres personnes. C’est ainsi qu’il dit avoir interpellé la dame en question qui n’était autre que l’épouse de M. Eloundou. Et c’est cette dernière qui a dénoncé son mari.
M. Bohn Joachim Léopold reconnait avoir conduit de force le couple Eloundou au poste de police suite à leur refus d’obtempérer. Il souligne avoir été dans l’exercice de ses fonctions qui lui permettaient de conduire, même par la force, les époux dans son unité. Léopold Bohn Joachim raconte que c’est lui qui, en premier lieu, a reçu un coup de poing de la part de M. Eloundou. Il relate que pendant qu’il se défendait d’une main et que l’autre tenait le plaignant par la ceinture, la foule est venue à son secours. L’officier de police souligne qu’au cours de cette confusion, M. Eloundou s’est fait mordre au doigt par un de ses frères qui croyait le venger.
S’agissant des griefs de tentative de meurtres qui pèsent sur sa personne, l’homme en tenue a évoqué la légitime défense pour sauver sa vie et celle de son collègue M. Mengue venu le secourir, ainsi que le poste de police envahi par des manifestants. Il dit avoir tiré deux coups de feu en l’air pour dissuader M. Ndongo Alain Hubert et cette foule de personnes. L’affaire revient le 2 juillet 2021 pour les plaidoiries et les réquisitions.