La commissaire du gouvernement (procureur de la République) a eu des mots dures envers l’adjudant Mentii Marc Eric Patrick qui donnait sa version des faits qui lui sont reprochés devant le Tribunal militaire de Yaoundé, le 14 janvier 2021. Elle a qualifié le gendarme d’orgueilleux avant de présenter les faits au centre de la procédure. La représentante du parquet indiquera que le mis en cause était en service à la brigade de recherches de du quartier Emombo à Yaoundé à l’époque des infractions pour lesquelles il est poursuivi.
Selon l’accusation, le 20 juillet 2015, Prosper Mvondo Assolo, avocat stagiaire au cabinet de Me Eloundou s’est rendu à la brigade de recherches pour assister à l’audition de son client Tsalla Jean Jacques. C’est alors que M. Mentii lui demande de soumettre son sac à la fouille avant d’accéder aux locaux de la brigade. M. Mvondo Assolo Prosper aurait refusé de se soumettre à l’injonction du gendarme déclarant qu’il ne pouvait pas se soumettre à une quelconque fouille en sa qualité d’avocat stagiaire. Des déclarations qui vont provoquer des éclats de voix entre les deux protagonistes. Les choses ne vont pas s’arrêter là. L’homme en tenue va donner des coups de poings et de pieds au ventre de son adversaire qui s’en est sorti avec une incapacité temporaire de travail de 25 jours.
La représentante du ministère public a soutenu qu’un témoin de l’accusation a affirmé que le mis en cause a donné des gifles, frappé des coups de pieds et traîné Me Mvondo hors de la brigade en le tenant par le col de sa chemise. Elle a déposé sur la table du juge deux pièces au soutien de l’accusation, notamment le procès-verbal de l’enquête préliminaire diligentée par la légion de gendarmerie du Centre, le certificat médico-légal et l’ordonnance de renvoi de l’information judiciaire.
Pour sa défense, le gendarme a expliqué que l’avocat s’est présenté à la brigade le matin et a trouvé que les portes étaient encore fermées. Il a dit lui avoir demandé d’attendre la passation de consignes entre les équipes de garde et celles qui les relevaient pour être reçu comme tout le monde. Ensuite, il lui a été exigé de soumettre son sac à la fouille. En dépit des explications qui lui avaient été données, le plaignant a persisté à vouloir accéder à l’unité de gendarmerie arguant qu’un sac d’un avocat ne peut être fouillé.
Or, soutient le gendarme, au moment la menace de la secte terroriste du Boko Haram sévissait, des consignes strictes de la hiérarchie militaire de interdisaient les attroupements et imposaient la fouille systématique des effets à l’entrée de toutes les unités des forces armées. «Je n’ai jamais porté main sur l’avocat stagiaire. Sa paire de lunettes est tombée quand il voulait accéder par la force à la brigade. Il est invraisemblable que ce dernier qui n’a pas eu un temps d’observation, se fasse délivrer un certificat médico-légal qui lui accorde une itt de 25 jours le même jour où il est reçu à l’hôpital », a déclaré l’adjudant Mentii Marc Eric Patrick. Il a également indiqué que l’enquêteur s’est opposé à ce qu’il y ait une confrontation et a omis pour des raisons inavouées de faire entendre ses camarades d’armes qui ont vécu la scène. Des témoignages qui auraient, d’après lui, contribué à la manifestation de la vérité.
Dans ses réquisitions, le ministère public a jugé que les déclarations du mis en cause ne peuvent prospérer, étant donné que les faits sont constants. «Il est indéniable que le gendarme a exercé des violences sur l’avocat. Depuis l’enquête préliminaire jusqu’au stade du jugement, l’adjudant n’a présenté aucun témoin de la brigade. Cette situation suscite des questions». Le commissaire a demandé au tribunal de déclarer le prévenu coupable de toutes infractions retenues contre sa personne. Le juge qui semble avoir été convaincu par les arguments de l’adjudant a conclu qu’une enquête mal menée peut fausser une procédure avant de renvoyer l’affaire au 11 mars 2021.