M. Madi Malloum Ousman Alias Ya Modu fournissait-il des vivres et des renseignements aux membres de la secte islamiste Boko Haram? C’est à cette question que le Tribunal militaire de Yaoundé (TMY) doit donner une réponse au terme de ce procès. Ecroué à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui depuis 6 ans, M. Madi Malloum Ousman résidait à Mora, département du Mayo-Sava dans la région de l’Extrême-Nord au moment de son arrestation. Il avait été renvoyé en jugement devant le TMY pour répondre des infractions de financement et blanchiment des produits d’actes de terrorisme et défaut de la carte nationale d’identité (CNI) présumées.
Au cours de l’exposé des faits au centre du procès, le commissaire du gouvernement a expliqué que M. Madi Malloum Ousmane Alias Ya Modu a été arrêté à Mora par les éléments de la Direction générale des Recherches extérieures (DGRE) le 16 septembre 2016. Au moment de son arrestation, l’accusé n’était pas en possession de sa carte nationale d’identité (CNI). Il est poursuivi parce qu’il fournissait des renseignements à la secte terroriste Boko Haram sur les positions des forces de défenses camerounaises dans l’Extrême-Nord. Selon le représentant du parquet M. Madi Malloum Ousman recevait des rémunérations en contrepartie des services qu’il rendait aux terroristes. Il est également reproché à ce dernier d’avoir ravitaillé en carburant et en produits alimentaires les membres de Boko Haram à des heures tardives de la nuit.
Le 1er septembre 2021, aidé par un interprète, M. Madi Malloum a donné sa version des faits après 6 ans de détention. Il a nié toutes les charges qui pèsent sur sa personne. L’homme a expliqué qu’il s’était rendu au commissariat de Mora pour refaire sa CNI qui avait expiré. Et c’est devant un kiosque du Pari mutuel urbain camerounais (PMUC) situé non loin de ce commissariat qu’il dit avoir été appréhendé par les agents de la DGRE qui avaient aussitôt bandé ses yeux avant de le conduire vers une destination inconnue. «Je ne dispose pas de documents de renseignements concernant la secte Boko Haram, encore moins des stocks de vivres et de carburant. Les récoltes obtenues à partir de mes travaux champêtres ne suffisent pas à nourrir toute ma famille constituée de trois femmes et 14 enfants», déclare l’accusé. L’affaire a été renvoyée au 6 octobre 2021 à la demande du commissaire du gouvernement pour préparer ses réquisitions.
Rappelons qu’après son arrestation en 2016 à Mora, M. Madi Malloum avait été transféré dans une unité des forces de défense à Salak, une localité de la même région avant d’être gardé à vue au Secrétariat d’Etat à la défense (SED) à Yaoudé. Il était ensuite transféré à la prison Centrale de Kondengui et renvoyé en jugement devant le TMY. Il déclare que sa CNI a été refaite mais pour qu’il rentre en possession de celle-ci, le commissaire a toujours exigé sa présence physique.