Ils ne sont pas de la même famille, mais se disent chacun propriétaire d’un terrain situé à Okola, dans le département de la Lekié, région du Centre. M. Essono Conrad et Michel Olinga, deux militaires en fonction, se livrent une bataille judicaire depuis 2019. Au centre de la querelle, un terrain de 200 m2. Les deux hommes s’accusent mutuellement des faits de trouble de jouissance, menace simple et destruction, blessures simples, injures, pratique de sorcellerie, violation de tombe, entre autres. L’affaire avait été débattue devant le Tribunal de première instance (TPI) de Monatelé, qui a rendu sa décision le 3 novembre 2020, dans laquelle Michel Olinga, initialement poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation, a été reconnu coupable uniquement des infractions de trouble de jouissance, menace simple et destruction. Non contant de ce jugement, l’homme en tenue a relevé appel. Le 4 avril dernier, les débats ont été réouverts dans cette affaire devant une collégialité de juge de la Cour d’appel du Centre et en présence des deux parties opposées au procès.
Premier à prendre la parole, M. Essomba Conrad a expliqué à la Cour que le terrain litigieux lui a été octroyé par le maire de la localité. «J’avais fait une demande à la marie et payer tous les droits. Le maire m’a aussitôt délivré une autorisation d’installation et le un permis d’exploitation. Le terrain était libre de tout occupant», a-t-il déclaré. Seulement, en 2019, lorsque le plaignant engage ses travaux de construction sur le site, il a fait face à la résistance de Michel Olinga, qui a détruit les fondations des boutiques que M. Essono avait déjà érigé et emporter son matériel de construction. «Ce jour-là, il est arrivé au chantier en tenue militaire accompagné de ses gros bras armés de machettes et gourdin à qui il donnait des ordres. Ils m’ont molesté et bastonné mes ouvriers. Il m’a ensuite interdit de mettre à nouveau les pieds sur ce terrain».
Règlement de litige
Après cette altercation, M. Essomba et Michel Olinga ont été convoqués par le sous-préfet d’Okola pour un règlement de litige. Il a dont été décidé que le terrain litigieux appartient au plaignant. Malgré cette décision, le mis en cause à continué à nuire son adversaire en construisant des fausses tombes à cet endroit.
Pour sa part, M. Olinga, qui nie les faits que lui reproche son collègue militaire, dit être en réalité la victime dans cette affaire. Il a expliqué à la Cour que le terrain objet du litige a été occupé par ses parents, ensuite par lui. Il y avait selon lui une cacaoyère et un caveau familial. En 2018, dit-il, il a construit un mur en bric sur le terrain pour matérialiser son occupation et ralentir les appétits de M. Essono, qui avait déjà des vues sur son bien. « En juillet 2019, alors que j’était dans mon lieu de service, j’ai été informé que M. Essono est entrain de profaner les tombes de mes parents. Lorsque je suis arrivé sur les lieux, il m’a molesté avec la complicité de ses ouvriers. Il a ensuite détruit mon mur et m’a versé un sceau de béton sur la tête. J’ai eu la vie sauve grâce à l’intervention des passants », a-t-il confié. Poursuivant son témoignage, le militaire déclare qu’il avait déjà versé des agrégats sur le site litigieux, ont été écrasés par un engin commandé par son adversaire. «Essono savait que ce site est un caveau familial. Ce terrain appartient à ma famille».
Cependant, M. Olinga ne reconnait pas avoir pris part à la réunion de règlement de litige organisée par le sous-préfet de Okola et déclare n’avoir pas eu connaissance qu’une autorisation d’installation avait été délivré à M. Essono. L’affaire a été renvoyée au 2 mai 2022 pour la suite des débats.