Par Odette Melingui – odettemelingui2@gmail.com
Au centre du litige, un terrain situé au centre-ville de Yaoundé. C’est le seul bien important que Georges, chauffeur de taxi, a laissé à ses enfants avant de mourir. Mireille, sa veuve, se bat depuis des années pour conserver ce patrimoine qui est très convoité par les membres de sa belle-famille. Sauf que le poids de son âge et surtout le manque des moyens financiers l’empêchent de poursuivre la bataille. Elle se dit donc obligée de céder la responsabilité à Elise, aujourd’hui majeure, la seule fille qu’elle a fait avec son défunt époux. Mireille, qui peine à se déplacer sur ses jambes, a saisi le Tribunal de premier degré (TPD) de Yaoundé pour solliciter le changement d’administrateur des biens de son mari. Elle s’est faite accompagner tout au long de cette procédure par sa fille, sans un autre témoin.
Georges et Mireille se sont mariés il y a plusieurs années sous le régime de la monogamie et la communauté des biens. De cette idylle est née une fille, prénommée Elise, aujourd’hui âgée de 21 ans. Le couple a acquis le terrain et envisageait de construire une maison. Le projet ne s’est pas concrétisé à cause du décès brusque de Georges. Après les obsèques de Georges, la famille s’est réunie dans le but d’ouvrir sa succession et un procès-verbal de conseil de famille a été dressé. Dans ce document, la qualité d’usufruitière a été reconnue à Mireille qui a également été désignée administratrice des biens de son mari. Elise, la fille du couple, qui n’était qu’une enfant à cette époque, a été désignée cohéritière. Les résolutions prises lors de ce conseil de famille ont été homologuées en 2008 par ce tribunal.
Tout se passait bien jusqu’au jour où la famille de Georges a commencé à convoiter le terrain laissé par le disparu. «Les frères de mon mari m’ont demandé de vendre le terrain et d’aller m’installer au village avec ma fille. J’ai refusé. Depuis lors, je suis abandonnée à moi-même. Ils menacent de me tuer et de récupérer le terrain. J’ai attendu que ma fille soit majeure pour saisir la justice et demander le changement d’administrateur. Je suis fatiguée de me battre. Je n’ai plus la force ni les moyens de continuer cette guerre, qu’elle prenne le relai», a-t-elle confié.
A la questionné du tribunal de savoir où sont ses témoins ? Mireille déclare :«Ils ne peuvent pas venir ici. Ils ont déjà essayé de vendre ce terrain en utilisant ma qualité d’administratrice des biens de mon mari. Je ne les ai pas informés de mon intention de changer mon rôle avec ma fille. Ainsi, ils seront butés s’ils s’hasardent encore à vouloir vendre le terrain sans le consentement de ma fille» L’affaire a été mise en délibérée pour le mois prochain.