Il fait recours à un test ADN avant de reconnaitre son enfant

Par Odette Melingui – odettemelingui2@gmail.com Vêtue d’un pantalon jeans bleu assorti d’un pullover jaune, Stéphanie, 22ans, s’est présentée devant le juge du Tribunal de premier degré (TPD) de Yaoundé à la demande de Roger, son ex fiancé. Elle est venue prêter main forte au père de son fils qui a saisi cette juridiction pour reconnaitre son enfant. Dès l’appel du dossier, le tribunal a relevé quelques irrégularités dans le dossier de procédure soumis à son appréciation. Notamment sur le nombre de témoins présents à l’audience et un document qui a suscité sa curiosité. En effet, Roger a fait comparaître deux témoins au lieu de trois comme l’avait demandé le juge lors de la dernière audience. En prenant connaissance du dossier, le tribunal a également constaté la présence d’un test ADN. « Pourquoi avoir annexé une expertise médicale dans ce dossier? C’est rare de voir un tel document dans le cadre d’une affaire de reconnaissance d’enfant sauf si le tribunal en fait la demande », a fait remarquer le juge. Pour éclairer le tribunal, Roger est revenu sur la genèse de son histoire d’amour avec Stéphanie. Les membres du jeune couple, qui se sont donnés en spectacle en public, se sont rencontrés en début d’année 2022. Ils sont très vite tombés amoureux l’un de l’autre. La dame était étudiante, tandis que son amant est fonctionnaire. Six mois après leur rencontre, Roger a fait la demande en mariage à sa dulcinée. Il est allé voir les parents de cette dernière pour matérialiser son intention de l’épouser. Les deux tourtereaux ont décidé de s’installer ensemble avant d’officialiser leur relation. Seulement, en décembre 2023, lors d’un diner en amoureux, ils ont mis fin à leur idylle. Mariage annulé Après leur séparation, Stéphanie est allée vivre chez ses parents. Un mois plus tard, elle a annoncé à son ex fiancé qu’elle attendait un enfant de lui. « Quand elle a quitté ma maison, je ne savais pas qu’elle était enceinte. La première échographie n’a rien révélé. C’est la deuxième qui a certifié qu’elle était enceinte. Au départ, je n’étais pas convaincu d’être l’auteur de sa grossesse. Pour assoir ma conviction, j’ai fait recours à la science en effectuant un test ADN après la naissance de l’enfant », a-t-il confié. Persuadé d’être le père de l’enfant, Roger a dont saisi le TPD de Yaoundé d’une requête en reconnaissance d’enfant. Il veut faire de Darren son fils légitime Les délais pour établir son acte de naissance devant l’officier d’état civil ayant été dépassés, le tribunal reste le seul recours de Roger pour revendiquer son droit de paternité. Interrogée à son tour, Stéphanie a pour sa part racontée au tribunal le climat qui a régné entre les deux familles après la rupture de ses fiançailles avec Roger. Il y a eu une grosse incertitude qui a plané au départ jusqu’à ce que la science confirme le lien de parenté qui existe entre le père et l’enfant dont la reconnaissance est sollicitée. Elle déclare qu’à l’annonce de sa grossesse, son ex conjoint a rejeté toutes responsabilités et a soupçonné quelqu’un d’autre d’être l’auteur de la grossesse. « Moi aussi je ne savais pas que j’étais enceinte quand nous nous sommes séparés. Pendant la grossesse, il y a eu des conflits entre les deux familles. C’est sa mère qui a effectué le test d’ADN pour se rassurer », a-t-elle déclaré. Chantage Pour convaincre le tribunal de ses allégations, Roger a fait comparaitre ses deux frères comme témoins. Ces derniers ont corroboré à quelques détails près les déclarations de leur aîné. Ils ont ajouté que leur famille a été surprise lorsque Stéphanie a annoncé sa grossesse un mois après l’annulation de leur mariage. « C’était devenu un sujet de chantage pour la dame. On ne comprenait pas comment à peine le mariage annulé, elle annonce qu’elle est enceinte. Raison pour laquelle nous avons effectué un test ADN », a déclaré l’un des frères de Roger. Curieusement, Stéphanie ne s’est pas faite accompagnée dans cette procédure. Elle explique qu’elle a été informée de la date d’audience la veille, et que ses parents, qui ne s’opposent pas à la démarche judiciaire de Roger, sont au courant qu’elle est venue témoigner en faveur de la reconnaissance de son enfant par son père. Pour le tribunal, Roger n’est toujours pas convaincu d’être le père de l’enfant qu’il souhaite reconnaitre. Au départ, soutient le juge, il n’était pas sûr d’être le père. Il a fait confiance à la médecine pour assoir sa conviction. Jusqu’à ce que l’enfant naisse. De plus, Roger ne voulait pas assumer ses responsabilités. « Pourquoi ne pas garder ce test ADN à la maison comme secret de famille? », a interrogé le juge avant d’ajouter « La présence de ce document dans le dossier de procédure prouve que vous ne voulez pas dissimuler vos doutes au tribunal. Même jusqu’à présent, vous n’êtes pas convaincu d’être le père de cet enfant si non, vous ne nous auriez pas raconté l’histoire de cette grossesse », a conclu le tribunal avant de renvoyer l’affaire pour enquête et réquisitions du ministère public.

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