Qui craint la manifestation de la vérité dans le procès Jean Marie Zambo Amougou pendant devant le Tribunal criminel spécial depuis 2017 ? En tout cas, Louis-Roger Manga, le directeur général (DG) de la Mission d’Aménagement et d’Entretien des terrains urbains et ruraux (Maetur), doit comparaître devant la juridiction le 25 octobre 2021. Déjà entendu dans le cadre de ce procès comme témoin de l’accusation, il le sera de nouveau cette fois comme témoin de la défense.
Pour cause ? M. Zambo Amougou, qui fut son conseiller technique à la Maetur, l’a cité comme témoin, tout comme Ahmadou Logon, l’ex-délégué régional de la Maetur pour le Centre. Leur comparution ne semble pas gagnée d’avance.
En fait, le 26 août dernier, alors que le tribunal venait d’entendre le premier témoin de M. Zambo Amougou, notamment Mme Takama Jeanine, notaire stagiaire (clerc), l’un de ses avocats, Me Emmanuel Ngouen, a exprimé au tribunal une inquiétude aux allures de dénonciation. «M. Ahmadou Logon qui aurait dû être entendu comme deuxième témoin reçoit d’énormes pressions du parquet général pour qu’il ne puisse pas comparaître», déclare-t-il précisant néanmoins que la défense ne renonce aucunement à faire entendre l’intéressé afin «qu’il puisse traverser la barrière de la peur». Me Abega, l’autre avocat de l’accusé, dira que leur «contradicteur a décidé de ne pas jouer franc jeu».
Menaces voilées
Réagissant aux allégations de la défense, le représentant du parquet les a qualifié de «graves» suggérant aux avocats de dévoiler l’identité de la personne incriminée. «Que le tribunal demande à Me Ngouen de donner le nom de celle ou de celui au parquet général qui a adressé ou proféré des menaces au cas où [le témoin] viendrait à témoigner en faveur de l’accusé.» «Les procès sont publics. Nous ne pouvons pas admettre des affirmations si graves. C’est nous qui avions adressé la citation à M. Ahmadou Logon qui l’a reçu en personne». Des clarifications taxées de «menaces voilées» par Me Ngouen.
Les parties ont aussi croisé le verbe sur l’admissibilité ou non des documents présentés par les avocats de M. Zambo Amougou comme éléments de preuves. En fait, c’était leur deuxième tentative de les faire admettre aux débats. Ils ont expliqué avoir obtenu les documents présentés dans le dossier de procédure constitué par le juge d’instruction lors de l’information judiciaire. Ces documents émanent de la Mateur elle-même. Le greffier en chef du TCS les a certifiés conformes. Ce qui atteste de leur authenticité. Ils soutiennent avoir sollicité le greffier parce que pendant les enquêtes les mêmes documents ont été introduits à la Maetur pour authentification, mais les responsables de l’organisme public traînent les pieds pour les certifier conforme.
Seulement, l’accusation ne l’a pas entendu de cette oreille. Elle a soutenu de son côté que seule l’autorité auteure d’un acte est habilitée à l’authentifier. Cet argumentaire a pesé lourd, le tribunal ayant rejeté toutes les pièces présentées par la défense «en la forme».
En rappel, M. Zambo Amougou, ancien cadre à la Maetur, par ailleurs, le président national de la Confédération syndicales des Travailleurs du Cameroun (Cstc), est en détention provisoire depuis 2018. Il passe en jugement aux côtés de l’instituteur Jean Marie Tsoungui, et du notaire à la retraite Pierre Firmin Adda, déclaré en fuite, pour la supposée coaction du détournement de 936 millions de francs. On fait, le reproche à M. Zambo Amougou d’avoir minoré le prix vente de plusieurs lots appartenant à la Maetur se trouvant au quartier Ngousso à Yaoundé.