Une affaire digne d’un film d’action a retenu l’attention du Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif le 19 mai dernier. Remi et Gilbert, deux frères utérins, se livrent une bataille sans merci devant la justice. Le frère cadet accuse son aîné de l’infraction de rétention sans droit de la chose d’autrui. Il lui reproche en réalité le fait d’avoir confisqué les actes de naissance de ses neveux, empêchant ainsi l’ouverture de la succession de M. Essono, son défunt père. Gilbert, le mis en cause, qui comparait libre, plaide non coupable. Les débats avaient déjà été ouverts dans cette procédure lors d’une audience précédente, et les deux parties au procès ont donné chacune sa version des faits. L’affaire revenait donc à cette date pour les réquisitions du ministère public et les plaidoiries de l’avocat de Remi.
Pour comprendre cette affaire, il est impératif de revoir la généalogie de cette famille. En effet, Anabelle était la mère biologique de Gilbert et Remi. Dans sa jeunesse, elle a eu deux enfants, parmi lesquels Gilbert, avant d’épouser M. Essono, le père de Remi. Avec ce dernier, elle a eu six enfants. Anabelle a été la première à décéder. Ses cinq enfants sur les six qu’elle avait eus avec son époux, l’ont aussi rejoint dans le monde des morts laissant des enfants encore en bas âge. Ainsi, Remi reste le seul enfant survivant issu du couple Essono et Anabelle. Par respect et sous la base de la confiance, Remi a remis les actes de naissance de ses neveux, à son frère consanguin Gilbert, pour qu’il puisse les garder en sécurité.
Confiance douteuse
Les frères étaient alors unis et se faisaient confiance mutuellement, jusqu’au lendemain du décès de M. Essono, lorsque Remi a voulu engager la procédure d’ouverture de la succession de son père. Après une assise familiale à laquelle avait assisté Gilbert, il a été décidé que Remi et ses neveux, qui viennent en représentation de leurs parents décédés, sont tous les cohéritiers de M. Essono. Le plaignant a également été désigné administrateur des biens successoraux. Avant d’introduire sa requête de jugement d’hérédité devant la justice, Remi avait voulu rassembler tous les documents utiles dans cette procédure. Malheureusement, il s’était heurté par une difficulté inattendue. En réalité, Gilbert, son grand frère, à qui il faisait totalement confiance et à qui il avait remis les actes de naissance querellés, refuse de les lui restituer. Ce qui bloque l’ouverture de la succession de M. Essono jusqu’à ce jour.
Les multiples conseils de famille organisés pour convaincre le mis en cause à restituer les documents allégués ont été vains. Remi dit avoir sommé son frère afin de lui remettre les dit actes, Gilbert s’entête toujours. Raison pour laquelle il a saisi la justice pour que le tribunal autorise la restitution des actes, objet du litige.
Chantage
Lors de son témoignage devant le tribunal, Gilbert, qui clame son innocence, a souhaité faire des déclarations sans prêter serment. Il a reconnu que son cadet lui a remis les actes querellés, mais soutient tout de même qu’il ne lui fait pas confiance, dès lors que la gestion des biens de son père lui revient. En effet, Gilbert a déclaré au tribunal qu’il aimerait entrer dans la succession de M. Essono, qui n’est pas son père biologique, en représentation de ses neveux dont il détient les actes.
Lors de ses réquisitions, le représentant du ministère public a demandé au tribunal de déclarer Gilbert coupable des faits qui lui sont reprochés «L’accusé a refusé de prêter serment pour empêcher le tribunal et nous même de lui poser les questions. Ce qui suppose qu’il cache beaucoup de choses. Mais, le témoignage du plaignant suffit pour qu’il soit retenu dans les liens de la prévention», a déclaré le parquet. En dehors des actes de naissance de ses neveux, il a également confisqué les actes bancaire de l’une de ses sœurs décédé, a ajouté l’avocat de Remi , lors de ses plaidoiries. Le verdict est attendu le 16 juin 2022.