Par Odette Melingui – odettemelingui2@gmail.com
Au centre du litige, une maison familiale située dans un quartier reculé de la ville de Yaoundé. La bataille oppose les enfants d’un même père mais de mères différentes. D’un côté, Rostand, le fils aîné de Gilbert issu d’un précédent mariage affirme que la case appartient à leur père, tandis que les enfants de Rita, la seconde épouse, déclarent être les seuls propriétaires des lieux. Le linge sale n’a pas pu se laver en famille, c’est désormais en public que les ayants-droit de Gilbert ont décidé de régler leur différend. C’est chacun qui tire la couverture de son côté et s’accusent mutuellement d’égoïsme.
Severin, le fils aîné de Rita, a saisi le juge du Tribunal de premier degré (TPD) de Yaoundé. Il veut ouvrir la succession de sa maman, décédée il y a deux ans. La défunte, fonctionnaire retraitée, a laissé beaucoup de biens, qui aiguises les appétits des uns et des autres. Elle était la seconde épouse de Gilbert, un ingénieur en génie civil et mère de trois enfants déjà majeurs. Avant d’épouser Rita, Gilbert était veuf et père d’un enfant, prénommé Rostand. Entre cet enfant et la défunte, il n’y a jamais eu de problème, jusqu’à la mort du chef de famille en 2013. «Il a commencé à dilapider les biens de papa sans le consentement de notre mère. Il disait à qui voulait l’entendre qu’il est le fils aîné et qu’il est désormais le chef de famille», a déclaré Severin.
Imposteur
Après le décès de Rita en 2019, ses enfants ont décidé d’ouvrir sa succession afin de désigner les véritables héritiers de ses biens. La famille s’est réunie, et un procès-verbal de conseil de famille a été dressé. Dans ce document qui a été présenté au tribunal, tous les enfants de la défunte ont été désignés cohéritiers, et l’administration des biens successoraux a été confiée à Severin. Parmi les biens appartenant à la défunte qui ont été répertoriés dans un procès-verbal, il y a la maison familiale. C’est ce bien qui divise Rostand et ses petits frères aujourd’hui. L’aîné de la famille s’oppose à cette résolution, qui, selon lui, ne tient pas compte de ses intérêts. Il a déclaré au tribunal que la case dans laquelle ils habitent tous appartient à leur père, et qu’il a le droit au même titre que ses autres frères d’en bénéficier. «J’ai vu mon père construire cette maison de ses propres mains. C’est sa maison. Comme je suis aussi son fils, je dois être inclus dans le jugement d’hérédité de sa seconde femme ou à défaut, ce bien doit être écarté du patrimoine de Rita en attendant l’ouverture de la succession de notre père», a-t-il déclaré.
En réplique, Severin a pour sa part déclaré que sa mère a acheté le terrain sur lequel est bâti leur domicile avant d’épouser leur papa. C’est après leur union que Gilbert et Rita ont réuni leurs économies et ont construit la maison querellée. Pour donner du poids à ses déclarations, Severin a présenté au tribunal l’abandon du droit coutumier et le certificat de vente qui portent le nom de jeune fille de sa maman. Pour lui, Rostand est un imposteur et un égoïste. Il affirme que ce dernier est au courant de l’existence des documents qu’il a présenté au juge du vivant de leur père. «Le terrain appartient à ma mère et non à notre père. Du vivant de ma mère, notre frère consanguin a voulu vendre cette maison et bénéficier tout seul du fruit de la vente. Cette maison n’est pas à vendre. Bien qu’il ne soit pas le fils de notre mère, il a l’autorisation d’y habiter à condition qu’il respect sa mémoire», a-t-il conclu son propos.
Parmi les témoins venus soutenir Severin dans cette procédure, le tribunal a remarqué la présence de ses oncles et tantes maternels. Insatisfait par la qualité des témoins, le juge a renvoyé l’affaire à une date ultérieure pour la comparution des oncles paternels des ayants-droit de Gilbert.