Véronique, la soixantaine sonnée, a vu son monde envahi par Apollinaire, un jeune homme à qui elle a offert son hospitalité en 1996 en le faisant partir du village pour venir vivre chez elle. En effet, la dame a saisi le tribunal de premier degré de Yaoundé d’une plainte dressée contre son ancien hôte qui se réclame fils légitime de son défunt époux. Apollinaire estime avoir droit à l’héritage légué par le défunt mari de sa tutrice au même titre qu’elle. L’affaire a été appelée le 7 juillet 2021.
De corps et voix tremblotants, Véronique avait de la peine à expliquer clairement la situation qu’elle vit actuellement. Elle affirme être sortie de l’hôpital, où elle y a passé deux semaines suite à un choc émotionnel dont elle a été victime suite à ce litige qui l’oppose à son «fils». Dès l’entame de son témoignage, la dame a été prise d’émotion et a sollicité un report d’audience. «Je ne suis pas à mesure de venir à bout de mon témoignage car je crain de m’évanouir» a-t-elle déclaré. Le juge a accédé à sa demande et a renvoyé l’affaire au 6 août 2021.
Cauchemar
Approchée à la sortie de la salle d’audience pour comprendre cette affaire, Véronique a expliqué au reporter de Kalara qu’elle est envoutée par Apollinaire. Selon elle, l’homme qu’elle a hébergé et nourri pendant 25 années, est devenu son pire cauchemar parce qu’elle est la proie et la principale cible du mis en cause qui réclame sa quote-part dans l’héritage que lui a laissé son défunt époux. Elle raconte que son fils est constamment au village et fréquente des marabouts, d’où son impression d’être envoutée par le jeune homme. Elle affirme que ce dernier aurait enterré une chèvre au village symbole de pratique occulte. Véronique déclare ensuite qu’elle fait des rêves dans lesquels elle est pourchassée par un homme dont elle ne voit pas le visage.
Véronique raconte que c’est en 1996 qu’elle a adopté Apollinaire quittant du village pour s’installer à Yaoundé dans la maison qu’elle occupait avec son défunt époux. Le jeune garçon est le fils d’une cousine à elle et n’avait alors que 10 ans à cette époque-là. Il faisait le bonheur du couple qui s’était marié depuis plusieurs années mais n’a pas eu d’enfant. Elle affirme avoir pris en charge la scolarisation d’Apollinaire jusqu’à l’obtention de son baccalauréat. Selon la dame, c’est une pratique habituelle de sa culture qui implique au couple n’ayant pas eu d’enfant d’adopter un ou de recueillir un ou plusieurs enfants chez eux pour que celui-ci ou ceux-ci stimulent et boostent leur chance d’en avoir. Malgré ce là, elle n’est pas parvenue à avoir un enfant issu de ses entrailles. Néanmoins, elle dit avoir continuer à aimer et s’occuper d’Apollinaire comme si c’était son propre fils.
Héritage
La plaignante relate avoir offert à l’enfant une atmosphère paisible en le mettant à l’abri de tous leurs problèmes de couple à chaque dispute. Elle souligne que malgré les intempéries que traversait son foyer, le couple est resté solide n’eut été la mort de son époux survenu en 2015 suite à une longue maladie qui, après l’avoir secoué pendant plusieurs années, a eu raison de lui. Elle révèle qu’après le décès de son époux, Apollinaire a changé de comportement. Ce dernier a commencé à rentrer saoul à la maison et à des heures tardives. En 2018, il a définitivement quitté le domicile pour s’installer ailleurs. Elle ne le reverra qu’en 2019, lorsque cette affaire déclenche.
Véronique déclare que son époux a laissé derrière lui une fortune composée de plusieurs lopins de terrains, maisons en location et une somme considérable dans son compte bancaire. C’est ce patrimoine qui est à l’origine des disputes aujourd’hui entre elle et son fils. Selon elle, Apollinaire a commencé à réclamer un droit à l’héritage et face à son refus, il aurait usé de manœuvre pour sceller le compte bancaire de son défunt époux. Elle explique par ailleurs que le mis en cause ne détient aucun document qui le rattache à sa famille et qui justifierait qu’elle partage les biens avec lui. Son acte de naissance est dressé au nom de ses parents biologiques et dit s’être opposée au partage de bien sollicité par Apollinaire. La veuve ajoute que c’est ainsi que son quotidien s’est transformé en cauchemar. La plaignante n’a pas manqué d’exprimer sa déception face à cet état de chose car surprise de voir que c’est principalement cet enfant à qui elle a ouvert les portes de sa maison qui est l’auteur de ses déboires. D’où le choc émotionnel qui l’a envoyé directement sur un lit d’hôpital pendant deux semaines.