Au terme des débats, le flou persiste toujours dans l’affaire de vol et recel aggravés mis à la charge de Christophe Mvomo, Martial Etogo Mbassi, Jean Paul Onana, Jean Claude Endongo et Claude Effombo Ebelle, le supposé receleur des porcs volés. Ce dernier a été écarté du procès. Incarcérés depuis plus d’un an à la prison centrale de Yaoundé Kondengui, les quatre autres ont été renvoyés en jugement devant le Tribunal de grande instance du Mfoundi pour répondre des faits de vol de porcs dans la ferme de M. Bessala située au quartier Nkolbissong à Yaoundé. Un vol qui semble venir mettre à nue d’autres vols perpétrés dans cette même porcherie et dans de nombreuses structures de ce genre dans la région du Centre.
Néamoins, l’accusation soutient que Christophe Mvomo et ses compagnons constituent un redoutable gang spécialisé dans le vol des porcs et animaux domestiques. Il ressort du récit de la représentante du parquet que le 20 novembre 2020 aux environs de 3 h du matin, Martial Etogo Mbassi et Christophe Mvomo ont été surpris à bord de deux véhicules contenant des porcs, qu’ils venaient de soustraire de la porcherie de M. Bessala. L’arrestation, de ces deux personnes avait permis d’appréhender les autres membres du gang. Alertées, d’autres supposées victimes des vols antérieurs s’étaient présentées à l’enquête préliminaire et à l’information judiciaire pour revendiquer des réparations.
Ces personnes, qui ont finalement renoncé à des poursuites judiciaires, avaient déclaré que du 1er au 17 novembre 2020, des malfrats s’étaient introduits dans leurs fermes et avaient emporté des porcs, canards, poulets et matériels divers. L’accusation poursuit en indiquant que la porcherie de M. Bessala était gardée mais que le vigile avait été ligoté par les bandits. Elle ajoute que les voleurs avaient le même mode opératoire dans tous les coups de vol décriés.
Ces accusations ont été réfutées par les accusés, qui ont chacun voulu tirer la couverture de son côté. C’était lors de leurs témoignages devant la barre du TGI du Mfoundi le 15 mars 2022. Christophe Mvomo, le premier à prendre la parole, a expliqué qu’il travaillait tantôt comme propriétaire d’un parc de bois, tantôt comme conducteur à la gare routière du quartier Mokolo à Yaoundé. C’est à cet endroit que Martial Etogo Mbassi, son coaccusé, l’aurait informé de ce que son patron, un certain Eboa, recherchait des clients pour ses porcs. Informé de cette aubaine, il dit avoir saisi son cousin Jean Paul Onana, un éleveur de porcs. Ensemble, ils se seraient rendus à la porcherie qui leur avait été indiquée par Eboa et Martial Etogo Mbassi. Mais l’affaire avait tourné au fiasco. Après avoir chargé les porcs dans les deux véhicules qu’ils avaient apprêtés pour la circonstance, ils avaient été neutralisés par les gendarmes qui avaient ouvert le feu sur Christophe Mvomo et Abara. « Je ne suis pas un voleur de porcs. Raison pour laquelle, j’ai demandé pardon à M. Bessala quand je me suis rendu compte que la porcherie lui appartenait. Le commandant de la brigade de gendarmerie de cette localité a mis tous les autres vols sur notre dos parce qu’on ne lui a pas donné l’argent qu’il nous avait demandé », a déclaré l’accusé.
Pour sa défense, Martial Etogo Mbassi indique que les déclarations de son coaccusé Christophe Mvomo sont des mensonges. Il raconte qu’il était un des trois employés de M. Bessala recrutés pour la construction des enclos de la porcherie victime du vol au centre du procès. Et que la nuit des faits, il avait été menacé et ligoté avec des fils de fer par M. Abara et Jean Paul Onana qui ont fait irruption à la porcherie. Dans sa rage, dit-il, M. Abara a découpé à la machette le chien de garde qui essayait de le mordre. «Ils m’ont enfermé dans une chambre en compagnie de mon collègue et son épouse. J’ai failli perdre ma vie dans cette affaire. Ils ont été trahis par le vigile qui habitait en face de la porcherie», a confié Martial Etogo Mbassi. Il nie toute participation au vol en question en expliquant que l’exploitation de son téléphone ne ressort aucun indice qui établit une quelconque connivence avec ses coaccusés.
Pour sa part, Jean Paul Onana, qui se présente comme un agriculteur et éleveur de porcs depuis son jeune âge, a dit que sa participation dans cette affaire se justifie par le fait qu’il voulait acheter des porcs mâles pour féconder ses femelles. M. Abara, grièvement blessé à la jambe et au bras par les balles des gendarmes, a quant à lui, dit qu’il avait été recruté dans cette affaire pour aider son patron Eboa à charger les porcs qu’il prétendait être les siens. Seul Jean Claude Endongo, semble être un cheveu dans la soupe dans ce dossier, selon sa version des faits. Son tort, soutient-il, est d’avoir confié son véhicule à Christophe Mvomo pour un usage commercial. Véhicule qui a été malheureusement mêlé dans le vol des porcs. Il déclare avoir rencontré pour la première fois ses coaccusés en prison.
Sauf que dans cette affaire, les débats laissent transparaître des curiosités, notamment, le fait que certains acteurs ont été écartés de la procédure judiciaire, alors que leurs témoignages auraient contribué à la manifestation de la vérité. Ensuite, aucun élément n’a été donné par l’accusation démontrant que les nombreux vols des porcs et des poulets nregistrés par le passé dans la porcherie de M. Bessala et ailleurs sont imputables aux accusés. L’affaire revient le 19 avril 2022 pour les réquisitions du parquet et les plaidoiries des avocats.